Candide chapitre 16 de voltaire
Publié le 16/04/2014
Extrait du document
«
deux pauvres créatures ; si j'ai commis un péché en tuant un inquisiteur et un jésuite, je l'ai bien réparé en
sauvant la vie à deux filles.
Ce sont peut-être deux demoiselles de condition, et cette aventure nous peut
procurer de très grands avantages dans le pays.
»
Il allait continuer, mais sa langue devint percluse quand il vit ces deux filles embrasser tendrement les deux
singes, fondre en larmes sur leurs corps et remplir l'air des cris les plus douloureux.
« Je ne m'attendais pas à
tant de bonté d'âme », dit-il enfin à Cacambo ; lequel lui répliqua : « Vous avez fait là un beau chef-d'oeuvre,
mon maître ; vous avez tué les deux amants de ces demoiselles.
- Leurs amants ! serait-il possible ? vous vous moquez de moi, Cacambo ; le moyen de vous croire ?
- Mon cher maître, reprit Cacambo, vous êtes toujours étonné de tout ; pourquoi trouvez-vous si étrange que
dans quelques pays il y ait des singes qui obtiennent les bonnes grâces des dames ? Ils sont des quarts
d'hommes, comme je suis un quart d'Espagnol.
- Hélas ! reprit Candide, je me souviens d'avoir entendu dire à maître Pangloss qu'autrefois pareils accidents
étaient arrivés, et que ces mélanges avaient produit des égipans, des faunes, des satyres ; que plusieurs
grands personnages de l'antiquité en avaient vu ; mais je prenais cela pour des fables.
- Vous devez être convaincu à présent, dit Cacambo, que c'est une vérité, et vous voyez comment en usent les
personnes qui n'ont pas reçu une certaine éducation ; tout ce que je crains, c'est que ces dames ne nous
fassent quelque méchante affaire.
»
Ces réflexions solides engagèrent Candide à quitter la prairie et à s'enfoncer dans un bois.
Il y soupa avec
Cacambo ; et tous deux, après avoir maudit l'inquisiteur de Portugal, le gouverneur de Buenos-Ayres et le
baron, s'endormirent sur de la mousse.
À leur réveil, ils sentirent qu'ils ne pouvaient remuer ; la raison en était
que pendant la nuit les Oreillons, habitants du pays, à qui les deux dames les avaient dénoncés, les avaient
garrottés avec des cordes d'écorce d'arbre.
Ils étaient entourés d'une cinquantaine d'Oreillons tout nus, armés
de flèches, de massues et de haches de caillou : les uns faisaient bouillir une grande chaudière ; les autres
préparaient des broches, et tous criaient : « C'est un jésuite, c'est un jésuite ! nous serons vengés, et nous.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Chapitre 19 de Candide de Voltaire : De quel manière Voltaire dénonce-t-il l’esclavage ?
- Chapitre 19 de Candide de Voltaire (commentaire)
- Lecture analytique : Chapitre 6 de Candide, Voltaire
- Commentaire chapitre 3 de Candide de Voltaire
- FICHE ANALYTIQUE CHAPITRE I DE CANDIDE OU L'OPTIMISME DE VOLTAIRE