Camus ET l'absurde
Publié le 03/08/2010
Extrait du document
«
I.
Le défi
« Vivre une expérience, un destin, c'est l'accepter pleinement.
Or on ne vivra pas ce destin, le sachant absurde, sion ne fait pas tout pour maintenir devant soi cet absurde mis à jour par la conscience...
Vivre, c'est faire vivre l'absurde.
Le faire vivre, c'est avant tout le regarder... L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte .
Elle est un confrontement perpétuel de l'homme et de sa propre obscurité.
Elle remet le monde en question à chacune de ses secondes...
Elle n'est pas aspiration, elle est sans espoir.
Cette révolte n'estque l'assurance d'un destin écrasant, moins la résignation qui devrait l'accompagner ».
C'est ainsi que Camus opposeà l'esprit du suicidé (qui, d'une certaine façon, consent à l'absurde) celui du condamné à mort qui est en mêmetemps conscience et refus de la mort (voir épilogue de L'Etranger ).
Selon lui c'est cette révolte qui confère à la vie son prix et sa grandeur , exalte l'intelligence et l'orgueil de l'homme aux prises avec une réalité qui le dépasse, et l'invite à tout épuiser et à s'épuiser , car il sait que « dans cette conscience et dans cette révolte au jour le jour, il témoigne de sa seule vérité qui est le défi ».
II.
La liberté
L'homme absurde laisse de côté le problème de « la liberté en soi » qui n'aurait de sens qu'en relation avec lacroyance en Dieu ; il ne peut éprouver que sa propre liberté d'esprit ou d'action.
Jusqu'à la rencontre de l'absurde, ilavait l'illusion d'être libre mais était esclave de l'habitude ou des préjugés qui ne donnaient à sa vie qu'un semblantde but et de valeur.
La découverte de l'absurde lui permet de tout voir d'un regard neuf : il est profondément libre à partir du moment où il connaît lucidement sa condition sans espoir et sans lendemain.
Il se sent alors délié des règles communes et apprend à vivre « sans appel ».
III.
La passion
Vivre dans un univers absurde consistera à multiplier avec passion les expériences lucides , pour « être en face du monde le plus souvent possible ».
Montaigne insistait sur la qualité des expériences qu'on accroît en y associant son âme ; Camus insiste sur leur quantité , car leur qualité découle de notre présence au monde en pleine conscience : « Sentir sa vie, sa révolte, sa liberté, et le plus possible, c'est vivre et le plus possible.
Là où la lucidité règne, l'échelle des valeurs devient inutile...
Le présent et la succession des présents devant uneâme sans cesse consciente, c'est l'idéal de l'homme absurde ».
« Tout est permis » s'écriait Ivan Karamazov.
Toutefois, Camus note que ce cri comporte plus d'amertume que de joie, car il n'y a plus de valeurs consacrées pour orienter notre choix ; « l'absurde, dit-il, ne délivre pas, il lie.
Iln'autorise pas tous les actes.
Tout est permis ne signifie pas que rien n'est défendu.
L'absurde rend seulement leur équivalence aux conséquences de ces actes.
Il ne recommande pas le crime, ce serait puéril, mais il restitue au remords son inutilité.
De même, si toutes les expériences sont indifférentes, celle du devoir est aussi légitime qu'uneautre.
» C'est justement dans le champ des possibles et avec ces limites que s'exerce la liberté de l'homme absurde: les conséquences de ses actes sont simplement ce qu'il faut payer et il y est prêt.
L'homme est sa propre fin et il est sa seule fin , mais parmi ses actes il en est qui servent ou desservent l'humanité, et c'est dans le sens de cet humanisme que va évoluer la pensée de Camus..
»
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