campagnes, histoire des 1 PRÉSENTATION campagnes, histoire des, histoire de l'espace rural, par opposition à l'histoire des villes.
Publié le 15/04/2013
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seigneurie apparaît comme le pouvoir local par excellence, mettant en place le système de la vassalité.
Le seigneur capte le banum, ou ban, pouvoir royal à l’origine ; il exerce également la justice et peut donc condamner ou arbitrer des conflits ; il prélève des taxes diverses sur le commerce et met en valeur la réserve seigneuriale enpartie grâce à de multiples corvées (charroi, labours) ; il perçoit les banalités qui découlent du monopole qu’il détient sur certaines activités (moulin, four, pressoir).
La terrene peut se transmettre sans le paiement d’une taxe (lods et vente) qui permet de compenser la baisse de la valeur réelle du cens.
Enfin, le paysan est soumis au champart,impôt en nature correspondant à une part de sa récolte.
En principe, le paysan est attaché à sa terre et à son seigneur, mais cette contrainte s’affaiblit à la suite de l’immense saignée que représente pour l’Europe occidentale laGrande Peste de 1348.
De nombreuses régions sont alors à conquérir et à défricher.
Les maîtres des lieux offrent des conditions très favorables à l’implantation denouveaux venus, constituant une main-d'œuvre indispensable à la mise en valeur du sol.
Profitant de la conjoncture, les paysans peuvent faire jouer une concurrence quiles avantage désormais.
Certains partent, d’autres négocient l’obtention de chartes de franchises, dont la diffusion commence au XIIe siècle.
Elles prennent des formes diverses selon les lieux et les pays : statuti italiens, fueros espagnols, Weistümer allemands.
Il s’agit d’une transcription écrite de la coutume, qui permet d’abolir — au moins en principe — l’arbitraire seigneurial, et d’atténuer les clauses les plus dures des relations entre le seigneur et ses dépendants.
D’une façon générale, ces chartespermettent d’améliorer la condition paysanne même si elles ont un prix, facteur d’endettement.
3.3 Vivre au village
Les villages modernes naissent vers le Xe siècle, se structurant autour de l’église et du château.
Il ne s’agit pas uniquement de rechercher une protection, car le seigneur impose parfois par la contrainte le regroupement des maisons autour de sa demeure.
La maison n’est que rarement construite pour durer ; le bois et le torchis ne sont pasdes matériaux qui résistent au feu, pas plus qu’à l’usure du temps ; une maison dure en moyenne quarante ans.
Elle se colle aux autres maisons du village, souvent defaçon anarchique, à l’abri du château.
Les pièces sont sombres, pour ne pas laisser pénétrer le froid et meublées de façon spartiate : le lit, très large pour abriter toute lafamille, est en bois ; le matelas est souvent en paille, les draps sont rares, on se couvre avec des fourrures, on dort nu.
L’espace est compté ; aussi, la table est-elle dresséepour le repas, puis tréteaux et planche sont remisés après avoir mangé.
L’alimentation est également sommaire, dominée par les céréales et pauvre en protides.
La vie paysanne est scandée par le rythme des saisons, ainsi que le montrent les calendriers médiévaux.
Les mois de l’année apparaissent dominés par une activitéspécifique.
En décembre, on tue le cochon, en mars on bêche et laboure, en juillet et août on moissonne et sépare le grain de l’ivraie sur l’aire, en novembre on laboure etsème le blé d’hiver.
Les croyances des hommes sont difficiles à cerner, mais le village de Montaillou atteste de croyances développées au début du XIVe siècle, comme le souligne l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie.
Les villageois connaissent et vénèrent la Vierge, mais ils apprécient surtout les saints protecteurs.
Pour la protection de la maison, on conserveen ses murs des fragments d’ongles et de cheveux du chef de famille défunt.
Mécontentant l’Inquisition, les croyances sont en fait composées d’un mélange de scepticisme,de vieux rites païens et de christianisme.
4 LES CAMPAGNES D'ANCIEN RÉGIME : PERMANENCES ET NOUVEAUTÉS
4.1 Une conjoncture difficile, des progrès lents et mesurés
La peste médiévale ne s’est pas éteinte avec la découverte des Amériques par Christophe Colomb (1492).
Elle persiste et cause de multiples ravages ponctuels.
À ce fléauendémique, qui touche l’Europe une dernière fois en 1720, s’ajoutent les crises fréquentes que produisent les difficultés climatiques et, localement, les troubles liés auxconflits militaires.
Ainsi, un été « pourri » provoque une baisse des rendements et des difficultés de stockage, ayant des répercussions immédiates sur le prix des grains etdu pain.
Dans un premier temps, la crise provoque l’endettement des plus pauvres.
Mais si celle-ci dure, l’endettement s’aggrave à un point tel que la disette, parfois lafamine, s’installe.
Fragilisés, les organismes résistent mal aux maladies.
À cette mortalité, s’ajoute un déficit des naissances, dû à l’infertilité temporaire des femmes, malalimentées, et au recul des mariages.
Ce type de crises, très fréquentes au XVIIe siècle, se produit suffisamment régulièrement pour interrompre la croissance démographique de l’Occident.
S’il est vrai que le XVIe siècle a connu une croissance agricole réelle, elle ne s’explique pas par des innovations mais par l’extension du domaine cultivé, reconquis sur les friches abandonnées par un XVe siècle mal remis de la Grande Peste.
Cependant, cette extension concurrence dangereusement l’élevage, et la société européenne entre à nouveau dans le cercle vicieux d’une agriculture incapable de maintenir un troupeau suffisant pour enrichir les terres de ses déjections.
Il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir l’agriculture s’émanciper de ses vieux cadres rigides, augmenter ses rendements et développer une spécialisation à vocation commerciale, plus rentable et plusinnovante que la polyculture de subsistance.
Ainsi, à cette époque, la Provence se spécialise-t-elle en partie dans la vigne et l’arboriculture, sans souffrir de la baisse de laproduction céréalière, grâce aux importations de grain.
Ailleurs, les progrès proviennent de la diffusion des cultures fourragères, qui permettent l’abandon de la jachère.
4.2 Force de l’unité villageoise
La paroisse, la seigneurie et la communauté d’habitants sont les trois institutions qui résument et encadrent les habitants du village.
D’un point de vue identitaire etterritorial, c’est la paroisse, entité religieuse à l’origine des communes modernes, qui représente le village.
La communauté d’habitants est une institution chargée de gérerles affaires collectives, un peu à l’image de la mairie contemporaine ; elle est composée de la « plus saine partie des habitants », c’est-à-dire les chefs de famille, hommeou veuve, réunis en assemblée.
Un vote de cette assemblée désigne le représentant de la communauté, appelé « syndic », « consul » ou « capitoul » selon les régions.
Leberger communal est également élu, tout comme le garde messier.
La communauté est enfin chargée de l’élection de collecteurs des impôts qui répartissent entre feux (oufoyers) les sommes à prélever pour la taille, définie globalement pour l’ensemble de la communauté.
Cette tâche est sans doute la plus délicate, car elle impliqueressentiments, services rendus, négociations.
Les jeunes manifestent aussi leur présence et leur appartenance à la communauté en tentant d’empêcher les mariages hors normes : ceux des veuves et des veufs, ceuxdes villageois qui se marient hors du village.
Ils manifestent leur mécontentement par le charivari, manifestation bruyante et violente qui ne s’arrête qu’après l’obtentiond’une réparation en nature ou en argent.
Les habitants protègent de fait le territoire villageois contre les étrangers, comme le font les bergers aux marges du village.
Lasociété rurale n’étant pas encore profondément touchée par le processus urbain de civilisation des mœurs, elle règle donc ses conflits dans la violence.
4.3 Contre-Réforme
La grande affaire religieuse de l’Ancien Régime, la naissance et l’affirmation de la Réforme, touche plus les villes que les campagnes.
Cela n’empêche pas l’Église catholiquede mener la Contre-Réforme jusque dans les terres rurales, afin de remettre de l’ordre dans les croyances, toujours menacées par la superstition, et d’imposer le respect dela chose sacrée.
La qualité de l’encadrement clérical, marqué par l’absentéisme et le concubinage, n’est alors, il est vrai, pas suffisante pour faire des paroissiens des catholiques fervents.Pourtant, le religieux imprègne avec force la vie entière des habitants des campagnes : le baptême est mené promptement, car on craint les limbes en cas de mortprécoce ; la messe est un moment incontournable de la vie paroissiale auquel peu échappent ; enfin, les fêtes chrétiennes encadrent le temps paysan.
Mais l’hérésie semélange sans peine à l’orthodoxie, dans des campagnes où le curé est bien souvent incapable de cerner, lui-même, la différence entre l’une et l’autre.
Souhaitant reconquérir le terrain perdu, l’Église commandite alors de vigoureuses campagnes de missions dans les villages, menées dans les campagnes bretonnes commedans les terres des Amériques.
Au fil des décennies, le travail de fond entrepris par l’Église porte ses fruits : aux curés résidents, dorénavant formés et prédicateurs,.
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