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C. VERTU POLITIQUE ET ENSEIGNEMENT LA VERTU POLITIQUE PEUT-ET.' .F. S'ENSEIGNER ? [SOCRATE] Beau

Publié le 22/10/2012

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socrate
C. VERTU POLITIQUE ET ENSEIGNEMENT LA VERTU POLITIQUE PEUT-ET.' .F. S'ENSEIGNER ? [SOCRATE] Beau savoir que le tien, Protagoras, si du moins tu le possèdes ; car à te dire le fond de ma pensée, je ne croyais pas que cela se pût enseigner et, d'autre part, je me sens incapable de mettre ta parole en doute. D'où m'est venue la conviction que cela ne s'enseigne pas, que ce n'est pas une chose que des hommes puissent procurer à d'autres hommes, il est juste que je te le dise. Je m'accorde avec les autres Grecs à voir dans les Athéniens des gens avisés. Or, à chaque réunion de l'Assemblée, je vois que lorsque l'État doit entreprendre des constructions, ce sont les architectes qui sont appelés en consultation, ceux de la construction navale, s'il s'agit de navires, et ainsi du reste, dans tous les cas où on estime qu'il s'agit de choses qui s'apprennent et qui s'enseignent ; et s'il arrive que quelqu'un d'autre, qui n'est pas considéré comme un professionnel, se mêle de donner son avis, quelle que soit sa valeur, sa richesse, sa noblesse, il n'en est pas mieux accueilli pour cela : on le moque, on fait du tapage jusqu'à ce que l'orateur cède au tumulte, ou qu'à l'injonction des prytanes, les gardes l'aient arraché à la tribune et expulsé. Telle est la réaction quand on estime que le sujet est d'ordre technique. Mais s'il faut délibérer sur une question qui concerne le gouvernement de l'État, alors n'importe qui se lève pour donner son avis : charpentier, forgeron, cordonnier, négociant ou marin, riche ou pauvre, noble ou roturier, et nul ne leur reproche, comme dans le cas précédent, de se mêler de donner conseil sans avoir jamais appris d'aucune source, ni avoir été l'élève de personne. C'est que, de toute évidence, on estime que cela ne s'enseigne pas. Bien plus, ce n'est pas seulement dans le domaine des affaires publiques qu'il en va ainsi : dans le privé, les plus habiles et les meilleurs citoyens d'entre nous sont incapables de transmettre aux autres l'excellence qu'ils ont en partage. Ainsi Périclès, le père des jeunes gens que voici, les a parfaitement éduqués en tout ce qui relève de l'enseignement des maîtres ; mais quant à ce à quoi il excelle pour son propre compte, en ce domaine il ne se charge pas plus lui-même de leur éducation qu'il n'en confie le soin à quelqu'un d'autre : ils paissent en liberté comme bétail sacré, leur rencontre de cette nature étant laissée au hasard. Veux-tu que je te cite Clinias, frère cadet d'Alcibiade ici présent ? le même Périclès, son tuteur, craignant qu'Alcibiade ne le pervertisse, l'en sépara et confia son éducation à Ariphron : avant six mois écoulés, ce dernier le lui rendit, ne sachant qu'en faire. Et je puis te citer nombre d'hommes de grande valeur personnelle qui n'ont jamais pu améliorer aucun de leurs proches ni aucun étranger. À voir cela, j'en suis venu à penser que la valeur ne s'enseigne pas ; mais à t'écouter parler, je suis ébranlé et, en songeant à l'étendue de ton expérience, à tout ce que tu as appris d'autrui et trouvé par toi-même, j'en viens à croire que tu as raison. Aussi, si tu es à même de nous démontrer plus clairement que la valeur peut s'enseigner, ne nous refuse pas cette démonstration. Protagoras, 319a-320c 2. QUE LA VERTU POLITIQUE S'ENSEIGNE ET S'ACQUIERT SELON LES RHÉTEURS ET LES SOPHISTES [PROTAGORAS] C'est à bon droit, je le prétends, que les Athéniens admettent tout homme à donner son avis sur la justice, parce que tout homme a part à cette vertu. Je vais essayer, au surplus, de te démontrer qu'ils estiment que ce n'est ni un don de la nature, ni un effet du hasard, mais que cette vertu s'enseigne et que ceux qui la possèdent l'ont acquise par l'exercice. Quand il s'agit des défauts que les hommes s'imputent entre eux comme naturels ou accidentels, personne ne s'irrite contre ceux qui en sont atteints ; on ne leur prodigue ni conseils, ni leçons, ni châtiments pour les en délivrer : on les plaint. Ainsi qui serait assez fou pour user de tels procédés à l'endroit des gens qui sont laids, petits ou débiles ? à mon avis, c'est que l'on sait qu'en ce domaine, les hommes tiennent leurs qualités et leurs défauts de la nature et du hasard. Mais quand il s'agit de qualités qu'on estime pouvoir être acquises par l'application, l'exercice et l'enseignement, si elles manquent à un homme qui a les défauts contraires, c'est alors que surviennent colères, châtiments et exhortations. Au nombre de ces défauts, on compte l'injustice, l'impiété et de façon générale tout ce qui est contraire à la vertu politique. Si sur ce point, personne n'épargne à personne colère et exhortation, c'est avec l'idée que cette vertu s'acquiert par l'exercice et l'enseignement. Si tu veux bien, Socrate, réfléchir à ce que signifie le fait de châtier les gens qui commettent des injustices, à lui seul il apprendra que les hommes regardent la vertu comme quelque chose qui s'acquiert. En effet nul ne châtie les gens injustes en considération et en raison du simple fait qu'ils ont été injustes, à moins de se venger déraisonnablement comme une bête. Celui
socrate

« 94 PLATON PAR LUI-MÊME qu'à l'injonction des prytanes, les gardes l'aient arraché à la tribune et expulsé.

Telle est la réaction quand on estime que le sujet est d'ordre technique.

Mais s'il faut délibérer sur une question qui concerne le gouvernement de l'État, alors n'importe qui se lève pour donner son avis : charpentier, forgeron, cordon­ nier, négociant ou marin, riche ou pauvre, noble ou roturier, et nul ne leur reproche, comme dans le cas précédent, de se mêler de donner conseil sans avoir jamais appris d'aucune source, ni avoir été l'élève de personne.

C'est que, de toute évidence, on estime que cela ne s'enseigne pas.

Bien plus, ce n'est pas seule­ ment dans le domaine des affaires publiques qu'il en va ainsi : dans le privé, les plus habiles et les meilleurs citoyens d'entre nous sont incapables de transmettre aux autres l'excellence qu'ils ont en partage.

Ainsi Périclès, le père des jeunes gens que voici, les a par­ faitement éduqués en tout ce qui relève de l'enseigne­ ment des maîtres ; mais quant à ce à quoi il excelle pour son propre compte, en ce domaine il ne se charge pas plus lui-même de leur éducation qu'il n'en confie le soin à quelqu'un d'autre : ils paissent en liberté comme bétail sacré, leur rencontre de cette nature étant laissée au hasard.

Veux-tu que je te cite Clinias, frère cadet d'Alcibiade ici présent? le même Périclès, son tuteur, craignant qu'Alcibiade ne le per­ vertisse, l'en sépara et confia son éducation à Ariphron : avant six mois écoulés, ce dernier le lui rendit, ne sachant qu'en faire.

Et je puis te citer nombre d'hommes de grande valeur personnelle qui n'ont jamais pu améliorer aucun de leurs proches ni aucun étranger.

À voir cela, j'en suis venu à penser que la valeur ne s'enseigne pas; mais à t'écouter parler, je suis ébranlé et, en songeant à l'étendue de ton expérience, à tout ce que tu as appris d'autrui et trouvé par toi-même, j'en viens à croire que tu as raison.

Aussi, si tu es à même de nous démontrer plus clairement que la valeur peut s'enseigner, ne nous refuse pas cette démonstration.

Protagoras, 319a-320c. »

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