brésilienne, littérature.
Publié le 06/05/2013
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symboliste João da Cruz e Sousa, place le thème de la négritude et la douleur qui l’accompagne au cœur de sa problématique.
Il est le représentant majeur du courant symboliste au Brésil (les recueils Missal et Broquéis, parus en 1893, sont les seules
œuvres éditées de son vivant).
3. 3 Théâtre
La production dramaturgique apparaît tardivement au Brésil.
Au XIXe siècle, Gonçalves de Magalhães (1811-1882), d’inspiration romantique, signe la première tragédie brésilienne, Antônio José ou le poète et l’Inquisition (1839).
La comédie est au
goût du jour, et l’auteur emblématique en est Martins Pena (1815-1848), auteur de dizaines de pièces qui attaquent le pouvoir sous ses diverses incarnations : politique, religieux, financier… Si quelques poètes et romanciers s’essaient ensuite à
l’écriture théâtrale, comme Machado de Assis, leur production reste mineure.
La deuxième moitié du siècle est marquée par l’introduction de genres très en vogue en Europe, comme le music-hall, le french cancan, l’opérette… Figure majeure du
théâtre brésilien de la fin du XIXe siècle, le dramaturge Artur Azevedo (1855-1908) signe de nombreuses comédies, vaudevilles, revues et farces.
4 LE XX E SIÈCLE : L’INDÉPENDANCE INTELLECTUELLE
4. 1 1922 : le modernisme
Le courant dominant du XXe siècle est le modernisme, dont l’extraordinaire développement marque le désir d’une littérature originale, affranchie des modèles littéraires européens, et qui puiserait ses thèmes et son expression dans la tradition
nationale.
La Semaine d’art moderne de São Paulo en février 1922 est l’acte fondateur du modernisme : organisé au Théâtre municipal, l’évènement réunit des peintres (Anita Malfatti, Di Calvacanti), des sculpteurs (Victor Brecheret), des
compositeurs (Heitor Villa-Lobos), et des écrivains et poètes, notamment Oswald de Andrade, Mario de Andrade, Guilherme de Almeida… Sifflées par le public, les œuvres vues, lues ou entendues, comme le poème Paulicéia desvairada (São Paulo
halluciné) de Mário de Andrade, sont en elles-mêmes des manifestes.
Le modèle théorique, développé notamment par Oswald de Andrade, est celui de l’anthropophagie culturelle, qui prône la déconstruction des cultures étrangères par l’assimilation
de leurs idées, de leurs valeurs, pour en faire émerger une vision et une représentation du monde originales : l’affirmation d’Oswald de Andrade, « Tupi or not tupi, that is the question », synthétise cette problématique de l’identité.
Avec Oswald de
Andrade et Carlos Drummond de Andrade, Mário de Andrade est l’un des principaux acteurs du modernisme.
Dans ses recueils de poésie ou son roman Macunaíma (1928), il donne à ce mouvement son art poétique : sujets inspirés du folklore
brésilien, rénovation de l’expression poétique par l’introduction de la langue parlée, redéfinition de l’indigénisme, dédain des valeurs bourgeoises, etc.
L’œuvre de Carlos Drummond de Andrade, artisan majeur du modernisme, exerce sur les
générations suivantes une influence considérable, notamment sa poésie.
Jorge de Lima appartient lui aussi, par ses premières œuvres, à la génération moderniste.
Sa carrière, parnassienne à ses débuts, prend un tour plus social et révolutionnaire par la suite.
Manuel Bandeira, auteur de Libertinage (1930), est également
un des représentants du modernisme, et a signé des recueils de poésie.
La poétesse Cecilia Meireles (1901-1964), d’abord influencée par le symbolisme, puis par le modernisme ( O espirito vitorioso , 1929), emprunte une voie plus personnelle à partir
du milieu des années 1930 : Viagem (1939), Vaga música (1942), Mar absoluto (1945)… Son chef-d’œuvre, Romanceiro da inconfidência (1953), est un long poème lyrico-épique mêlant ses souvenirs d’enfance à des évocations de l’histoire du Minas
Gerais.
Considérée comme l’une des voix majeures de la poésie brésilienne, elle a su exprimer des thèmes universels comme l’angoisse du temps et la poésie comme forme de résistance.
À la même époque, Murilo Mendes (1901-1975), marqué
d’abord par le modernisme, puis par sa conversion au catholicisme, laisse une œuvre à l’inspiration métaphysique et au style apocalyptique ( Tempo e eternidade, 1935 ; Poesia Liberdade, 1947 ; Tempo Espanhol, 1959).
4. 2 L’explosion du roman
Au cours du XXe siècle, les romanciers brésiliens continuent d’explorer la société brésilienne : le mouvement régionaliste a vocation à formuler une fiction identitaire qui vaut pour tout le pays, à travers l’analyse de la vie rurale, notamment du
Nordeste, comme dans l’ Enfant de la plantation (1932) de José Lins do Rêgo, ou l’Année 1915 (O quinze, 1930) de Rachel de Queiroz (1910-2003), ou par l’évocation de la vie urbaine, comme dans les œuvres de Erico Veríssimo (1905-1975) : la
grande fresque romanesque le Temps et le vent (O tempo e o vento, parue en trois volumes de 1949 à 1961) dépeint, dans un souffle lyrique, la constitution de l’identité nationale brésilienne à travers le regard des habitants du Sud brésilien.
Les
premiers romans de Jorge Amado dépeignent et dénoncent, quant à eux, dans une perspective réaliste socialiste, l’exploitation des travailleurs ruraux et des classes populaires ( Cacao , 1933 ; les Terres du bout du monde, 1942) ; cependant, le
lyrisme, qui n’est pas absent de ses premiers récits, l’emporte dans ses œuvres ultérieures, sans que disparaisse la critique sociale ( Gabriela, girofle et cannelle , 1958 ; Dona Flor et ses deux maris , 1966).
João Guimarães Rosa, auteur de Diadorim
(1956) et Sagarana (1946), perpétue la tradition naturaliste et régionaliste ; fortement influencé par William Faulkner, il écrit dans un style idiosyncratique nouveau.
Gracilio Ramos (1892-1953), romancier métaphysique à la production limitée, est
l’une des voix majeures du roman moderne brésilien dont les récits sont ancrés dans le Nordeste, sans toutefois sacrifier à l’exotisme.
Cette terre sèche, dure, brutale (le sertão ), sert de cadre à une réflexion sur l’homme, à la manière d’une étude en
milieu naturel ( Angoisse, 1936 ; Sécheresse, 1938).
4. 3 Théâtre
Au début du siècle, le théâtre reste largement dominé par le boulevard et les revues, mais connaît une courte période d’effervescence au début des années 1920, sous l’influence du modernisme ; Oswald de Andrade signe ainsi o Rei da vela (le Roi de
la chandelle, 1937), Gastão Tojeiro, Onde canta o sabiá (Là où chante le sabiá, 1921).
Le renouveau intervient par le biais de groupes amateurs, comme le Théâtre universitaire (Rio de Janeiro), puis le Théâtre des étudiants du Brésil, créé en 1938,
ou Os Comediantes (São Paulo), qui mettent en scène de grands textes internationaux.
Le Teatro Brasileiro de Comedia (TBC), créé en 1948, est également axé sur la création de textes étrangers, sous la direction de metteurs en scène européens.
L’évolution du théâtre dans les années 1950 s’inscrit en réaction à cet européanisme, avec notamment Nelson Rodrigues et Ariano Suassuna.
4. 4 La littérature de cordel
Parallèlement à la littérature « officielle » coexiste une production littéraire en vers, par et pour le peuple.
Apparue à la fin du XIXe siècle, la littérature de cordel (de corde ) tient son nom de la manière dont elle est présentée et vendue : constitué de
feuillets assemblés en mauvais papier, la couverture ornée d’une xylogravure, le livret est suspendu sur une corde dans les marchés et les foires ; le marchand, bien souvent ambulant, en est également le déclamateur, et parfois l’auteur.
Les récits en
vers sont les héritiers d’une tradition orale où l’actualité est retranscrite avec dérision, offrant ainsi à ses auditeurs une interprétation du réel ludique et poétique.
Certains personnages mythiques sont récurrents, comme la figure du vaqueiro (le cow-
boy brésilien), du cangaceiro (le brigand de grand chemin) ou des figures régionales ; l’héritage médiéval, dû à la lointaine origine ibérique du genre (les romanceros du XVe et XVIe siècles), avec des cycles autour de Charlemagne ou de Robert le.
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