Brecht, Mère courage et ses enfants (extrait).
Publié le 07/05/2013
Extrait du document
«
Je ne suis pas pareille à toutes les autres.
(Pas une simple fille de ferme ! J’ai de l’allure et des talents, j’ai de l’ambition !)
Je ne mangeais pas de tout, j’avais ma délicatesse,
Je prétendais marcher la tête haute.
(Tout ou rien.
Le premier venu, jamais.
Comme on fait son lit on se couche.
Personne ne me fera la loi).
Le pinson dans la cour
Siffle : cause toujours !
Avant que l’année soit écoulée
Tu marcheras avec la clique
Tu joueras sur ton petit clairon,
Mets-toi dans le ton.
Une deux, tout le monde dans le rang !
L’homme propose, Dieu dispose…
Tout ça c’est du flan !
Avant qu’une année se soit écoulée
J’ai appris à boire dans tous les verres.
(Deux enfants sur les bras, au prix qu’est le pain, et tous les frais qu’on a !)
Quand ils m’ont laissée, après m’avoir éduquée,
Je ne marchais plus, je rampais sur la terre.
(Faut prendre les gens comme ils sont.
La main gauche ignore ce que fait la main droite.
On ne passe pas par le trou d’une aiguille)
Le pinson dans la cour
Siffle : cause toujours !
L’année n’est pas encore passée
La voilà qui marche avec la clique,
Elle joue déjà de son petit clairon,
Elle se met dans le ton.
Une deux, tout le monde dans le rang !
L’homme propose, Dieu dispose…
Tout ça c’est du flan !
J’en ai vu beaucoup monter à l’assaut du ciel,
Nulle étoile n’est assez belle, n’est assez loin.
(Travaillez, prenez de la peine.
Quand on veut on peut.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières)
Ils ont tant cherché, tant remué le ciel et la terre,
Qu’à la fin ils ne pouvaient plus remuer leur propre main.
(Selon ta bourse, gouverne ta bouche)
Le pinson dans la cour
Siffle : cause toujours !
Avant que l’année soit écoulée
Les voilà qui marchent avec la clique
Ils jouent sur leur petit clairon,
Ils se mettent dans le ton.
Une deux, tout le monde dans le rang !
L’homme propose, Dieu dispose…
Tout ça c’est du flan !
COURAGE , au jeune soldat. — Si vraiment tu lui en veux à mort, si ta colère est vraiment grande, reste ici, sabre au clair.
Car ta cause est juste, il faut le reconnaître.
Mais si ta colère est courte, va-t’en, ça vaut mieux.
LE JEUNE SOLDAT .
— Je t’emmerde !
Il s’en va titubant, son camarade le suit.
LE SECRETAIRE , passe la tête par l’ouverture de la tente. — Le commandant est là.
Vous pouvez présenter votre plainte, maintenant.
COURAGE .
— J’ai changé d’avis.
Je ne porterai pas plainte.
Elle sort..
»
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