BRASSENS, Georges (22 octobre 1921-29 octobre 1981) Auteur, compositeur et interprète. Une moustache, une pipe, une guitare, un air d'une immense douceur, une voix frêle et des chansons franchement décapantes : lorsque Georges Brassens débute au cabaret parisien des Trois-Baudets, il ne fait pas l'unanimité. Né à Sète le 22 octobre 1921, son père est originaire de la région et sa mère napolitaine. Dans la famille court une tradition anarchisante et libertaire. Il aime la poésie, a le goût des mots et très vite commence à écrire des poèmes. Et monte à Paris. Il faut vivre, il est ouvrier chez Renault. Pendant la guerre, il s'essaie d'abord à l'écriture et publie ses poèmes à compte d'auteur puis les met en musique. Comment percer ? Quelques auditions, il est repéré par la chanteuse Patachou qui lui propose de passer aux Trois-Baudets. Et voilà " l'anarchiste qui fait peur aux bourgeois " devenu chanteur. Et surtout poète. Ses textes s'inscrivent dans une lignée qui, de Villon à Verlaine, évoque l'idée de la révolte devant les injustices, le droit de l'individu, le refus de l'ordre établi comme en témoignent La mauvaise réputation et l'Auvergnat. S'y ajoute de l'humour comme dans le célèbre Gorille. Très vite et malgré des débuts quelque peu difficiles, il impose son style tranquille, ses chansons à deux tons et trois accords et surtout des textes où chacun peut se retrouver. Toute une génération de Français, nés pendant la guerre, aime Brassens. De son premier passage à Bobino en 1953 jusqu'à la décennie soixante-dix, il sera une des vedettes de la chanson française. Même la vague yé-yé ne peut l'atteindre et bien au contraire, la plupart des chanteurs lui rendent hommage (Johnny Halliday, Eddy Mitchell) ou se réclament de lui (Serge Gainsbourg). Lui-même aide à la promotion de talents neufs : en 1972, il passe à l'Olympia et invite tour à tour en première partie deux inconnus qui ne le resteront pas longtemps : Maxime le Forestier et Yves Simon. Et cet anar, anticonformiste, briseur de tabous, s'est vu offrir en 1967 le grand prix de poésie de l'Académie française. Homme de fortes convictions dans ses textes comme dans sa vie, extrêmement fidèle en amitié (les Copains d'abord), il répond toujours présent lorsqu'on le sollicite pour une cause qu'il estime juste : ainsi en 1972 il participe avec Léo Ferré, Serge Reggiani et d'autres à un gala contre la peine de mort, comme autrefois il avait soutenu des militants contre la guerre d'Algérie. On le dit misanthrope, il n'est que timide ; on le dit sauvage, il n'aime rien tant que retrouver sa maison du Languedoc et son chat. En octobre 1981, il meurt d'un cancer, laissant cent cinquante chansons inoubliables.