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Dans ce texte, Aristote évoque un problème classique: les méchants sont-ils nécessairement malheureux?

Publié le 26/01/2020

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Dans ce texte, Aristote évoque un problème classique: les méchants sont-ils nécessairement malheureux? Sa réponse constitue la thèse de cet extrait de l’Ethique à Nicomaque: le méchant recherche la compagnie d’autrui, car il veut oublier ses mauvaises actions. En effet, une fois seul, ses mauvaises actions lui reviennent et il est pris de regrets. Son âme est tiraillée entre l’envie de ressentir du plaisir par de mauvaises actions, et la volonté d’être bon, et lorsqu’ils cèdent à la tentation, ils sont pris de regrets et sont malheureux. Ce texte peut être découpé en trois parties: de la ligne 1 à la ligne 6, l’auteur explique le désir des méchants à rechercher la compagnie des autres en précisant qu’ils cherchent non pas à se faire des amis mais à s’oublier, puis de la ligne 6 à la ligne 14, il détaille le paradoxe intérieur de ces méchants: lorsqu’ils s’abstiennent de faire le mal,une partie de leur âme est heureuse, mais l’autre souffre de se voir refuser le plaisir, mais lorsqu’ils font le mal, cette même partie est heureuse mais l’autre regrette de ne pas faire le bien. Enfin, de la ligne 14 à la dernière ligne, il conclut en résumant sa thèse et en ajoutant que le méchant est alors le plus malheureux d’entre tous car il n’est aimé ni de lui-même ni des autres, et qu’il faut alors éviter d’être méchant pour ressentir le même malheur. Le méchant est celui qui fait le mal, par opposition au gentil. Il est en désaccord avec le monde qui l’entoure mais aussi et surtout avec lui-même. Aristote explique qu’il recherche ‘la société d’autres personnes’, ce qui laisse à penser qu’il cherche d’autres gens avec qui il a quelque chose en commun et peut partager des idées, des expériences, ou encore des sentiments, car s’il y a communauté il y a forcément amitié (selon l’auteur); cependant, comme il est méchant, s’il se montre sous son vrai jour, il ne pourra alors trouver que la société d’autres méchants, or il semble que ce n’est pas là ce qu’il désire. Il doit alors porter un masque, se faire passer pour autre qu’il n’est vraiment, faire semblant d’être gentil. De plus, il cherche non pas à employer quelques heures à rechercher les autres, mais bien à ‘passer ses journées’ avec eux. Ce n’est pas simplement une façon d’occuper un peu de temps libre ici et là, mais bien un attachement sur le long-terme; il veut absolument être entouré, comme s’il était dépendant. On devine alors que le méchant cherche avant tout une présence quelconque, mais bien une présence: l’affection qu’il porte à l’autre ou ses qualités spécifiques ne semblent pas importer car il veut juste être avec quelqu’un, et cela peut être n’importe qui. C’est un exemple de relation tout à fait unilatérale: dans une amitié normale, les deux parties se doivent de contribuer à la relation à parts égales pour la voir grandir, mais dans cette situation l’autre personne semble exister au seul titre de distraire le méchant. De plus, l’amitié nécessite de la vertu et de l’honnêteté, or le méchant ne l’est pas car il prétend être autre, il porte un masque. C’est une relation non viable et malsaine.  Aristote rappelle cependant en utilisant le mot ‘mais’ que le méchant n’est pas comme les autres. En effet, on pourrait supposer qu’il n’y a rien de malsain à vouloir passer beaucoup de temps avec les autres si on est une personne normale, mais il fait une distinction claire entre le méchant et le gentil. Il précise directement que le méchant se ‘[fuit] [lui]-même’. On comprend alors que le méchant ne supporte effectivement pas la solitude car alors il ne prétend plus; le masque tombe et il se voit tel qu’il est vraiment. Les idées noires le saisissent et ‘seul avec [lui]-même’, il repense à tout ce qu’il a fait et est chargé de regrets et surtout il va vouloir ressentir du plaisir à nouveau et recommencer. Il paraît paradoxal de se dire que le méchant regrette ses mauvaises actions mais prévoit qu’il en commettra de nouvelles. Il apparaît alors que le méchant ne peut pas contrôler son vice et que la méchanceté serait dans sa nature. Le méchant souffre alors d’être méchant, et Aristote continue sa thèse en expliquant les raison de son mal-être.  Aristote explique ensuite dans cette deuxième partie pourquoi le méchants est malheureux.  Le méchant n’a ‘aucun sentiment d’affection pour [lui-même]’: il ne s’aime pas et ne semble pas être aimé par les autres quand il se montre sous son vrai jour. En effet, la nature humaine recommande de chercher le souverain bien, le bonheur, donc il semble logique de ne pas aimer un méchant car cela irait à l’encontre de notre nature. Aristote argumente ‘par suite’ que le méchant ne ressent rien, qu’il est ‘étranger’ à ses ‘joies’ et à ses ‘peines’; il a perdu cette capacité toute humaine de ressentir des émotions fortes. C’est comme si son corps et son âme étaient divisés et servaient différents buts; il est alors impossible d’arriver à un consensus dans cette situation et le méchant est sujet d’un constant conflit d’intérêt.  Il est étranger à sa propre nature humaine et cela le rend malheureux.  Aristote explique la cause de leur souffrance en utilisant le mot ‘car’. Il semblerait que l’âme du méchant, qui est censée mettre son corps en mouvement est divisée en factions, en groupes cherchant à faire sécession avec la règle commune. Selon Aristote, l’âme est tripartite: l’âme nutritive (qui couvre les besoins primaires), l’âme sensitive (qui couvre le plaisir et le déplaisir), et l’âme intellective, propre à l’homme (qui couvre le code moral). Ces trois parties coexistent en harmonie et se contrôlent les unes les autres grâce à la raison qui hiérarchise les besoins et désirs. Or les factions cherchent à renverser cet équilibre, et cela cause son malheur. Le méchant est incapable de contrôler ses désirs, car l’âme sensitive est trop puissante et il est tiraillé entre elle et l’âme intellective. Le bonheur est alors impossible car le méchant est en désaccord constant avec lui-même. Quand le méchant finit par céder à la tentation il regrette immédiatement et voudrait n’avoir jamais accompli ce qu’il a fait, mais le mal est fait. Il sait qu’il a manqué de résistance et de volonté en échouant à contrôler ses désirs: il a un caractère faible. Il sait également que cette faiblesse de caractère va lui faire vouloir ressentir du plaisir à nouveau et le fera recommencer. Le plaisir qu’il ressent sur le moment semble être dévastateur, et le méchant en oublie les conséquences. Cependant, une fois l’euphorie passée, il réalise qu’il est en contradiction avec lui-même et le fait qu’il en soit conscient ajoute à son malheur: c’est pour cela qu’Aristote écrit que ‘les hommes vicieux sont chargés de regrets’. Le vice est ce qui possède un défaut (ici c’est la méchanceté), par opposition à la vertu. Le méchant est vicieux mais chargé de regrets car il n’a pas voulu ce vice, cependant il veut ce que sa nature lui recommande: le souverain bien. Au final, il ne peut pas échapper à ce vice car sa nature de méchant est comme un cheval fou, dévastant tout sur son passage. Dans la troisième et dernière partie du texte, Aristote montre que le méchant est le plus malheureux de tous et conseille le lecteur pour qu’il en tire des leçons.  Tout d’abord, il faut préciser qu’il fait la différence entre le méchant et le ‘pervers’. Le pervers est celui dont l’âme est dépravée, qui prend du plaisir à faire le mal. Le pervers se sait mauvais et incapable d’être aimé par qui que ce soit, et surtout pas par lui même, car le plaisir qu’il éprouve à faire le mal l’empêche d’aimer. C’est la différence fondamentale entre le méchant et le pervers: chez le méchant, faire le mal apparaît comme conséquence de l’action tandis que chez le pervers le mal est à la fois cause et conséquence. Le pervers est plus ou moins en harmonie avec lui-même, mais le méchant n’est en harmonie avec personne, et il est malheureux car il sait qu’il s’auto-dégrade en faisant le mal. Au final, il est non seulement en proie au regrets mais en plus se voit sans cesse bafouer son propre code moral, et l’on voit donc pourquoi il ne peut jamais éprouver aucun plaisir. Aristote introduit la fonction moralisatrice du texte en disant ‘nous devons’: il implique le lecteur et lui rappelle ce qu’il doit faire afin de ne pas faire l’expérience de cette souffrance. Le méchant est ‘le comble de la misère morale’ car il est constamment en contradiction avec sa propre nature, et Aristote fait l’hypothèse -en utilisant la conjonction de subordination ‘si’- que si tout le monde était comme le méchant, la société serait alors sans éthique et tout à fait invivable, car les hommes s’empêcheraient les uns les autres de mener une vie raisonnable pour trouver le bonheur grâce à la vertu. Il avance alors qu’il faut cultiver sa vertu par l’honnêteté et surtout l’utiliser pour ne pas finir comme le méchant qui semble être le pire état de l’humanité. Bien agir permet donc de se donner des raisons de s’aimer soi-même et donc de posséder le souverain bien.  S’aimer soi-même mène certes au bonheur, mais selon Aristote cela ne suffit pas. L’utilisation de la vertu permet également d’avoir quelque chose d’aimable et donc de se faire de vrais amis sans avoir besoin de porter un masque comme le méchant le fait, et plus que tout nous pouvons faire face à nos défauts et utiliser notre vertu afin d’effectuer un travail sur soi qui permet de les vaincre, ce que le méchant ne fait apparemment pas. Il semble au contraire se chercher des excuses et utiliser sa nature de méchant comme prétexte pour ne pas effectuer ce travail qui pourrait être salvateur, et reste coincé dans ce cercle vicieux qui le rendra toujours malheureux.  Le bonheur est donc l’accord avec soi-même, or le méchant n’est pas en accord avec lui-même et cherche à l’oublier en se distrayant avec d’autres personnes. Il en devient presque dépendant car il est conscient de sa méchanceté et sait qu’il est en désaccord avec sa propre nature, et dès qu’il est seul il est envahi de regrets. Les regrets semblent être le ‘comble de la misère morale’, et l’on comprend que le méchant ne pourra jamais être heureux s’il n’effectue pas la travail sur lui-même que nous devrions tous faire, à savoir cultiver sa vertu et vivre raisonnablement, en accord avec nous-même.
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« que la société d'autres méchants, or il semble que ce n'est pas là ce qu'il désire.

Il doit alors porter un masque, se faire passer pour autre qu'il n'est vraiment, faire semblant d'être gentil.

De plus, il cherche non pas à employer quelques heures à rechercher les autres, mais bien à 'passer ses journées' avec eux.

Ce n'est pas simplement une façon d'occuper un peu de temps libre ici et là, mais bien un attachement sur le long-terme; il veut absolument être entouré, comme s'il était dépendant.

On devine alors que le méchant cherche avant tout une présence quelconque, mais bien une présence: l'affection qu'il porte à l'autre ou ses qualités spécifiques ne semblent pas importer car il veut juste être avec quelqu'un, et cela peut être n'importe qui.

C'est un exemple de relation tout à fait unilatérale: dans une amitié normale, les deux parties se doivent de contribuer à la relation à parts égales pour la voir grandir, mais dans cette situation l'autre personne semble exister au seul titre de distraire le méchant.

De plus, l'amitié nécessite de la vertu et de l'honnêteté, or le méchant ne l'est pas car il prétend être autre, il porte un masque. C'est une relation non viable et malsaine.  Aristote rappelle cependant en utilisant le mot 'mais' que le méchant n'est pas comme les autres.

En effet, on pourrait supposer qu'il n'y a rien de malsain à vouloir passer beaucoup de temps avec les autres si on est une personne normale, mais il fait une distinction claire entre le méchant et le gentil.

Il précise directement que le méchant se '[fuit] [lui]-même'.

On comprend alors que le méchant ne supporte effectivement pas la solitude car alors il ne prétend plus; le masque tombe et il se voit tel qu'il est vraiment.

Les idées noires le saisissent et 'seul avec [lui]-même', il repense à tout ce qu'il a fait et est chargé de regrets et surtout il va vouloir ressentir du plaisir à nouveau et recommencer.

Il paraît paradoxal de se dire que le méchant regrette ses mauvaises actions mais prévoit qu'il en commettra de nouvelles.

Il apparaît alors que le méchant ne peut pas contrôler son vice et que la méchanceté serait dans sa nature.

Le méchant souffre alors d'être méchant, et Aristote continue sa thèse en expliquant les raison de son mal-être.  Aristote explique ensuite dans cette deuxième partie pourquoi le méchants est malheureux.  Le méchant n'a 'aucun sentiment d'affection pour [lui-même]': il ne s'aime pas et ne semble pas être aimé. »

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