Le travail dévalorise-t-il l'homme?
Publié le 14/03/2016
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Le travail dévalorise-t-il l'homme? Les hommes s'accorderaient plus au moins selon l'idée que le travail présente une dimension essentielle de la nature humaine. Il est ce qui permet à l'homme de subvenir à ses besoins vitaux dans un premier temps mais, dans un deuxième temps, ce qui pourrait également l'éloigner de ses nécessités vitales. Les hommes cherchent dorénavant l'ouverture et le développement d'autres possibilités de l'existence humaine et c'est en cela que l'homme devient à proprement humain, en dépassant la vie animale. Le travail désigne l'effort physique ou intellectuel qui doit être accompli pour faire quelque chose ou obtenir un résultat recherché. L'idée de « valoriser » désigne le fait de mettre en avant certains avantages ou capacités que présenterait une chose et donc l'idée contraire de « dévaloriser » serait de diminuer ou de dévaluer une chose. Si le travail dévalorisait l'homme cela signifierait qu'il enlèverait à ce dernier tout ce qui permet de le mettre en avant ou sa possibilité de s'élever parmi les hommes. Mais alors quel serait l'intérêt des hommes de travailler si sa réalisation serait la cause de leur dévaluation ? L'idée selon laquelle le travail dévaloriserait l'homme présenterait un certain paradoxe : pourquoi les hommes, depuis toujours, chercheraient encore à travailler si cela les dévaloriserait ? Il doit bien exister une raison pour laquelle les hommes continuent à placer le travail au centre de leur vie. Peut-être qu'alors le travail, par sa réalisation, permet aux hommes de se valoriser d'un point de vue moral, éthique ou même physique. Le travail ne serait donc pas ce qui permet aux hommes d'aller au delà de ses limites mais en ce sens ne serait-ce donc pas cela qui provoque une certaine domination de la nature ou d'autrui et donc ce qui le dévalorise ? Nous verrons dans un premier temps que le travail permet à l'homme de dépasser ses limites et en cela de lui obtenir une certaine reconnaissance. Dans un second temps, que le travail pourrait être à l'origine de certaines injustices et présenterait des problèmes selon nos valeurs morales et donc ce qui dévaloriserait l'homme et enfin nous verrons quel est donc l'intérêt des hommes à travailler. Le travail permet aux hommes de s'élever au dessus de toutes les espèces animales car il cherche à toujours maximiser ses chances de vivre avec un certain contrôle de la nature et cela permet d'améliorer ses conditions d'existence. L'homme, avec le progrès technique des temps modernes, maîtrise son environnement naturel pour maximiser ses chances de vivre dans un milieu sain. Or, la recherche et le progrès technique sont le fruit d'années de recherche et donc de travail. Aujourd'hui, grâce au progrès de la médecine par exemple nous sommes capables de soigner des maladies qui étaient autrefois incurables. La médecine, donc, qui est un travail, a permis la valorisation de l'homme, non pas dans son intérêt personnel mais collectif. De plus, le progrès dans le domaine de l'astrophysique a permis à l'homme de voyager dans l'espace et par exemple d'aller sur la Lune, cela a donc permis à l'homme de découvrir le monde qui l’entoure et cela n'aurait pas été possible sans le travail des hommes. Le travail n'est cependant pas une transformation de la nature. Il est une transformation intelligente de la nature. Auguste Compte citait \"C'est une modification utile du milieu extérieur opéré par l'homme\". Son sens ou sa signification, c'est son utilité pour l'homme. Le travail possède donc le pouvoir d'humaniser la nature et de la mettre au service de l'homme. Le travail façonne, en quelque sorte, une nouvelle nature. Kant affirme que l'homme n'a de devoirs qu'envers l'homme. Il énonce l'idée selon laquelle il est légitime que la nature devienne la propriété de l'homme car elle était au départ « trop économe ». La nature a voulu que l’homme soit autonome, c’est-à-dire qu’il soit pour lui-même la seule source des moyens de son existence et de son bonheur afin qu’il soit porté à l’estime de soi et à la morale. Le travail présente donc un aspect valorisant pour l'homme dans la mesure où cela lui permet de maîtriser le monde qui l'entoure et de se préserver pour assurer sa longévité. Cependant, le travail ne valorise pas l'homme qu'en ce sens, il permet aux hommes de trouver un but à leur existence, de se faire une place dans la société et d'obtenir une certaine reconnaissance. Par exemple, pour Hegel, l'homme ne devient humain lorsqu'il obtient la reconnaissance des autres hommes. L'homme veut être reconnu en tant qu'homme en prouvant aux autres que la vie des besoins n'est rien et qu'il s'élève au dessus de cela. Il cherchera donc à s'élever au dessus des autres et à être reconnu à travers son travail, en apportant quelque chose à la société. Cela permet à l'homme la réalisation de soi même. Cependant cette idée de reconnaissance dépendra de chacun et de ses valeurs morales, certains obtiendront la reconnaissance qu'ils souhaitaient en découvrant quelque chose qui peut changer la vie des hommes ou certains obtiendront cette reconnaissance lorsqu'ils seront à la tête d'une entreprise par exemple. Mais ce qui nous lie c'est cette idée de vouloir donner un but à notre vie et d'être reconnu. Le travail permet donc de valoriser l'homme dans le sens où cela lui permet d'aller au delà de ses limites et de contribuer au bien être de son monde, on parle donc ici de l'aspect collectif mais il présente également un aspect individuel, dans le sens où le travail permet la réalisation de soi même. Mais les hommes ne se perdraient-ils pas à vouloir sans cesse aller plus loin, à dépasser les limites de la nature, ne se perdraient-ils pas dans les valeurs morales? Le travail pourrait être à l'origine des injustices et des préjugés, la volonté de dépasser les limites de la nature à l'origine de la destruction de ce monde, de les rendre dépendant des technologies qu'ils ont crée. Nous pourrions penser que le travail est à l'origine de nombreuses injustices ou problèmes présents aujourd'hui dans le monde dans la mesure où certaines personnes, particulièrement dans le milieu ouvrier, sont mis au service des puissants. Marx, économiste, présentait certaines idées communes avec Hegel mais différait sur certains points. Pour lui, l'Homme se différencie de l'animal par son travail, ce qui lui permet de trouver sa place dans la société. La société, qu'elle soit celle présente au temps de l'esclavage, féodale au moyen-âge ou encore capitaliste de nos jours présente toujours une lutte des classes opposant ceux qui détiennent les moyens financiers par exemple et ceux qui doivent travailler physiquement comme les ouvriers. Dans une société capitalise, par exemple, l'opposition se fait entre les bourgeois et les prolétaires car la bourgeoisie exploite les ouvriers en les extorquant et c'est ainsi qu'une entreprise réalise du profit. De ce fait, les hommes sont dévalorisés en étant réduits à un moyen de production. Le travail est donc aliénation, c'est-à-dire asservissement ou la frustration d'un individu suite à des contraintes extérieures et donc ici par les bourgeois. Selon Marx, le travail dans une société capitaliste dévalorise donc les hommes même s'il est au départ l'essence de l'homme, ce qui le distingue d'un animal. De plus, Hannah Arendt affirme que pour les grecs, à l'époque de la Grèce antique, le travail était objet de mépris dans la mesure où il rendait les hommes dépendants et sujets aux commandement d'autrui. La pensée antique considérait que le travail était ce qui était commun aux animaux et à l'homme et donc non à proprement humain. Ce n'est donc pas parce que le travail était réalisé par les esclaves qu'il était méprisable mais parce qu'il était considéré comme aliénant et c'est en cela que les grecs justifiaient l'esclavage. Les Grecs pensaient donc que le travail ne pouvait nullement valoriser l'homme car c'est ce qui le réduisait encore à l'état d'animal. Si nous prenons aussi l’exemple d'une entreprise lambda, il existe une hiérarchisation et certains posséderont plus de responsabilités et auront un poste plus haut placé quant à d'autres ils seront au service de leurs supérieurs, cela ne les dévaloriserait donc pas? De plus, nous pouvons aussi remarquer que le travail peut être dénué parfois de valeurs morales. Chacun d'entre nous cherchons à aller toujours plus loin et à dépasser nos limites pour obtenir, comme on l'a vu, la reconnaissance. Mais en cherchant à tout prix à s'élever parmi les autres, ne perdons pas parfois ce qui nous poussait premièrement à travailler et à contribuer à la réussite de notre monde? Par exemple, les ingénieurs qui ont travaillé pour la création de la bombe atomique, leur but premier était de révolutionner la science et de permettre une avancée considérable dans le domaine du nucléaire, comment ont-ils réagi à la vue de son utilisation? Les hommes, à toujours vouloir à aller au delà leurs limites dans le domaine du travail, ne se perdraient-ils pas dans leur soif de réussite et de reconnaissance? L'idée selon laquelle le travail dévaloriserait l'homme reposerait donc en cela, à trop vouloir contrôler la nature et améliorer la technique, cela ne les rendraient-ils pas dépendants de leur création et donc à l’origine de leur dévalorisation? Pour que le travail valorise les hommes il faudrait donc ne pas perdre de vue leur éthique et leurs idées morales au risque de tomber alors dans la dévalorisation. Aujourd’hui, l’apparition des technologies nucléaires est donc susceptible de menacer l’homme dans son intégrité, son identité et cela amène donc à se poser de nombreuses questions. Si le travail serait ce qui dévalorise l'homme, quel serait dont l'intérêt des hommes à travailler? Nietzsche tente d'expliquer pourquoi les hommes sont attachés au travail. Il énonce que la glorification du travail est fondée sur une arrière-pensée qui est la peur de tout ce qui est individuel et qu'il s'agit d'un désir social d'assurer avant tout la sécurité. Pour lui, le travail épuise les hommes et empêche le développement de la raison et des désirs, c'est donc en cela qu'il constitue la meilleure des polices. Cela explique donc pourquoi, depuis toujours, le travail a toujours été au centre de la vie des hommes car c'est ce qui permet de faire régner une certaine sécurité mais cela suffirait-il à accepter que c'est ce qui nous dévalorise? Pourrions-nous accepter d'être dévalorisé simplement pour être obtenir la sécurité? A la question «pourquoi devons nous travailler?» nous répondrions sans doute tous « Pour gagner notre vie », « pour faire quelque chose de notre vie » ou alors « parce que nous n'avons pas le choix », en fin compte, ne travaillons nous simplement parce que nous n'avons pas le choix? Peut-être alors que l'idée de dévalorisation repose en cela, car l'idée faite selon laquelle nous devons travailler, nous empêche alors de vivre comme on le souhaite. Et cela nous prive de notre liberté or les hommes sont sans cesse en quête de liberté. Pour que le travail valorise les hommes il faut qu'il soit moral, c'est-à-dire dire qu'ils respectent certaines valeurs comme ne pas mettre en danger ou porter préjudice à autrui. Le travail doit mettre en valeur notre nature et notre volonté d'apporter notre aide et nos idées à la société, sinon le risque est de créer un hiatus entre nos valeurs et notre volonté de reconnaissance. La reconnaissance ne peut s'accomplir que par le travail et le travail nous apparaît alors comme nécessaire. Cependant, si le travail permet la reconnaissance, celle-ci est menacée par la subjectivité, lorsque je travaille, le fruit de mon action est sans cesse jugé par autrui or autrui, ce n'est pas moi. Comment savoir si mon travail plaira à autrui et de ce fait, comment savoir si la reconnaissance sera au rendez-vous? Dés lors que la subjectivité présente ne garantit rien de cela. La question se présente alors encore une fois, quel est l'intérêt réel des hommes à travailler, travailler n'est ce pas seulement suivre les idées reçues selon laquelle pour être quelqu'un de bien nous nous devons de travailler? Ou alors est ce réellement la volonté d'obtenir une certaine reconnaissance? Ce qui dévaloriserait l'homme serait alors peut être les idées préconçues que nous avons, ce que nous pensons sans y avoir réellement réfléchi, peut-être que la dévalorisation des hommes reposerait dans l'idée que nous nous faisons du travail et ce que nous en faisons par la suite et non par le travail en lui-même. En conclusion, nous avons pu remarquer que pour que le travail valorise les hommes il faudrait qu'il soit moral et que tous les hommes soient sur un pied d'égalité. Certains philosophes pensaient que le travail plaçait les hommes à leur état d'animal mais certains pensaient qu'il était nécessaire pour obtenir la reconnaissance cherchée dans nos vies. Nous en venons donc à la conclusion que pour que le travail valorise un homme, il faut qu'il soit fait de manière voulue en respectant nos objectifs premiers et le sens que nous voulons donner à nos actions. La dévalorisation repose peut-être dans la manière dont nous percevons le travail de nos jours : être au sommet et maximiser les chances de réussite, peut-être donc que la dévalorisation est la conséquence d'une société dénuée de certaines valeurs.
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