Extrait de l’Acte 1, scène 2, de Ma liberté Marguerite 12 ans entreprend une correspondance avec Nima, dans le cadre d’un projet pédagogique avec son collège.
Publié le 28/01/2018
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Extrait de l’Acte 1, scène 2, de Ma liberté Marguerite 12 ans entreprend une correspondance avec Nima, dans le cadre d’un projet pédagogique avec son collège. Ses parents lui ayant interdit cette correspondance, tous les matins Marguerite se levait tôt pour récupérer les lettres. Dans son courrier Nima lui confiait son gout pour la lecture, qui lui était interdite dans son pays à cause des conditions politiques. Dans sa chambre Marguerite, assise sur son lit, pose la lettre de Nima à côté d’elle et pousse un long soupire. Marguerite- Je ne comprends pas la réaction de papa et maman. Je suis assez grande pour entreprendre cette correspondance. Soi-disant que sa pourrait me « choquer », plutôt dire qu’ils sont fermés à l’ouverture de mon esprit. C’est vrai il devrait se réjouir, pour une fois que je lis. Je déteste ça en temps normal. Je me pose toujours la question de pourquoi je devrais lire. Lire fait perdre son temps, et son argent. Acheté un livre coute chère, en quelque sorte je vais faire des économies à papa et maman, il devrait me remercier plutôt que me disputer. Mais d’un autre côté pourquoi ne pas lire ? Nima m’a confié qu’elle adore la lecture car celle-ci lui apporte un moment de bonheur, dans sa ville détruite. Je peux la comprendre, la lecture peut permettre de voyager. Prenons Petit pays par exemple, grâce aux descriptions de l’auteur, je pouvais m’évader de ma chambre pour sentir le soleil du Burundi chauffer sur ma peau. Cette lecture m’a permis aussi de voir la réalité en face, la liberté ne tient qu’à un fil. Je ne comprends pas pourquoi mes parents m’interdissent cette correspondance et acceptent que je lise des livres comme celui-ci, qui sont beaucoup plus choquants. Lire c’est aussi développer son esprit, un peu comme une liberté. Dans Le Meilleure des mondes, la lecture est interdite car elle pourrait remettre en cause la société fondée, où l’homme n’est plus qu’une machine programmée. La lecture permet de se poser des questions et d’avoir un regard critique. Le meilleur des mondes m’a fait observer une population soumisse et Britannicus de voir la naissance d’un tyran. Ces livres m’ont appris à me méfier des gens ayant le pouvoir, de voir dans certains des manipulateurs, qui ne cherchent pas la paix mais le pouvoir. Si dans la guerre que Nima vit, les livres sont brulés, c’est pour que la population croît des tyrans sans se poser de questions, pour qu’elle soit soumise à un dirigeant. J’admire le combat que Nima entreprend pour sauver ses pages d’encres si précieuses. Elle se bat à sa façon contre une dictature, pour la liberté ! (Marguerite entend du bruit devant sa porte. Elle se lève et colle son oreille contre celle-ci, avant de s’asseoir dos à elle.) J’aimerais tellement expliquer à papa et maman que ces lettres m’apportent beaucoup…beaucoup plus qu’un livre. Ces lettres me donnent soif de lectures. Je me rends compte que lire est une chance. Certains ne peuvent pas lire, car la lecture coute chère et est parfois interdite, mais aussi car certaines personnes ne savent pas lire. Ne pas lire est aussi un choix, sans lire on ne se remet pas en question et la vie est plus simple, on a plus de temps pour sortir et bouger, voir du monde. Mais ne pas lire c’est aussi ne pas être déçus par un personnage, comme je l’ai été de Jeanne dans Une Vie, qui ne prend pas sa vie en main, ou ne pas être déçus par la fin du livre. Pour moi la fin du Blé en herbe a été trop courte, trop peu détaillée. Ne pas lire c’est aussi ne pas s’ennuyer, comme je le suis dans Britannicus. Lire c’est choisir de ne pas prendre la facilité, c’est une sorte de défis. La lecture n’est pas forcément une contrainte, c’est aussi un choix. Le choix de se remettre en question. Ma décision est prise, il faut que je lise plus afin d’ouvrir mon esprit. La lecture est un bien rare qu’il faut conserver et transmettre. Lire permet de faire vivre l’histoire, apporte du vocabulaire et de l’imagination. Sans la lecture qui serions-nous ? C’est pour cela que je vais envoyer tous mes livres lus à Nima, pour qu’elle aussi bénéficie de ses trésors. Pour qu’elle puisse continuer à faire vivre la liberté dans son pays, qu’elle continue à se questionner sur le passé mais aussi sur l’avenir. Avec cette lecture Nima pourra garder un regard critique, et lorsqu’elle en sera capable, elle pourra se battre pour ces idées, dénoncer ce qu’il ne va pas dans son pays, comme Maupassant à dénoncer la condition de la femme dans son livre Une Vie. Et si elle le veut je participerais à sa cause ! Il ne reste qu’un problème à régler… comment envoyer les livres Nima sans que papa et maman se doute de quelque chose ? (Marguerite entend des bruits approchés de sa porte. Elle se précipite sur son lit et va cacher la lettre de Nima)
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