Incipit de Candide, Voltaire Le texte que nous allons étudier se trouve au début du conte philosophique Candide de Voltaire.

Incipit de Candide, Voltaire Le texte que nous allons étudier se trouve au début du conte philosophique Candide de Voltaire. Ce conte est paru en 1759, alors que son auteur a 65 ans, pour régler les comptes avec le philosophe Leibniz ou plutôt son disciple Wolf, dont l'avatar comique semble bien être le docteur Pangloss. L'incipit remplit sa fonction en nous présentant précisément la situation initiale. Des lors une question se pose : « Comment la critique de Voltaire est-elle mise en place dans ce premier chapitre ? » Nous commencerons par étudier en quoi cet incipit est le paradis des origines puis nous verrons ensuite en quoi il y a une violente satire de la noblesse. Pour finir, nous analyserons en quoi il s'agit 'une offensive contre l'optimisme. I) L'incipit du conte : le paradis des origines A) L'appartenance au conte merveilleux -Renseigne le lecteur sur la situation initiale, les lieux , l'époque, les personnages et les termes développes dans l’œuvre. -Fonction informative -Cadre spatio-temporel → conte merveilleux ? Lieu avec résonance gutturale : « Thunder ten tronck » ?formulation traditionnelle : « Il y avait en Vestphalie » ?Temps du récit : imparfait ? Présentation personnage par personnage B)Le rapprochement avec la Genèse -Termes mélioratifs : « meilleurs des mondes possibles », « bon et honnête », … -Château de Thunder ten tronck → Jardin d’Éden -Fruit défendu → Sensualité -Adam → Candide -Ève → Cunegonde -Enchaînement des verbes rapides → Renversement de la situation initiale Si le cadre traditionnel du conte est en partie respecté, il est pourtant dépassé par la satire que Voltaire fait de cet univers qui n'apparaît pas si merveilleux que cela. Satire de la société féodale :l'aristocratie ridiculisée. A) La famille du baron, des personnages grotesques -Description courte et précise des personnage soulignant un trait de caractère qui rend le personnage ridicule : exemple de la baronne - Présence de décalage : forte corpulence de la baronne et les termes associés « honneur et dignité » -Cunégonde : réduite à son apparence physique ?décrite comme un aliment : fraîche, grasse et appétissante... -Fils du baron : pas de description ? Insignifiant par son ridicule B) Le baron :impuissance et fatuité -Baron= Place importante ?Description par ses apparences et ce qu'il possède ?Moquerie de toute une classe sociale : « un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie » -Utilisation de l'article indéfini : montre la médiocrité, la pauvreté de son petit univers -1 référence = 1 remarque qui déprécie la présentation ? Domestiques=Cavaliers ? Vicaire du village\Simple curé de campagne = Grand aumônier -Puissance du baron repose sur le paraître et la fatuité du baron C)Coutumes Hypocrites -Mise en scène d 'une Baronnie de pacotille -Origine douteuse de Candide (fils naturel):il serait le fils de la sœur du baron →Quand même chasser par le baron -Traditions strictes et démodées de l'aristocratie ?Hérédité plus importante que les qualités humaines -Supériorité du baron sur ses sujets non légitime ?Ne protège pas ses sujets : Aristocratie parodiée → Baron ridicule et bouffon mettant en valeur l'absence de qualités associés à son rang Après avoir dressé un portrait qui prête à sourire tout en désignant clairement certaines coutumes et manières ridicules de l’aristocratie, Voltaire s’attaque à la philosophie qui d’épanouie entre imposture et dogmatisme III) Satire de la philosophie de l'optimisme A) Pangloss, l'incarnation du ridicule -Pangloss possède la charge satirique la plus grande -Description expéditive de Pangloss mais il s'agit d'un personnage important de l'incipit -Pangloss = Oracle de la maison ? vive critique du philosophe ? Description en 2 temps : - par son raisonnement - par sa façon d'appliquer ses préceptes -Personnage d'une grande suffisance ? multitude matières enseignées :« la métaphysico-théologo-cosmolonigologie » ?se vante d’être spécialiste en matières complexes ?Nigologie :Néologisme crée à partir de nigaud, montre la bêtise profonde de Pangloss et son attitude. -Pour Voltaire, la métaphysique donne lieu à des réflexions trop abstraites qui entraînent l’obscurité de la pensée B) Pangloss, l'incarnation de l'imposture intellectuelle -Champs lexical philosophique : utilisé a des fins détournées (ex : il n'y a point d'effet sans cause) ? crée une distance comique et ironique -Accentuation du ridicule ?par le biais du discours direct ?marqueurs de raisonnement(« par conséquent, car tout étant... ») ?vocabulaire de démonstration(« prouvait, il est démontré... ») ? références hyperboliques (« le meilleurs des mondes possibles, le plus beaux de... ») → Discours ridicule ?Absurdité du raisonnement : il est pris à l'envers (« les nez ont été faits pour porter des lunettes... ») → Science de Pangloss au service du mensonge ?Vocabulaire pompeux ?Raisonnement faussement logique → Philosophie de Pangloss : flatterie utilisée à des fins opportunistes -le personnage de Pangloss donnant « une leçon de physique expérimentale a la femme de chambre » : Détruit toute forme de crédibilité C) Candide, archétype du naïf -Candide pêche par excès de naïveté -Emploi du superlatif :(« l'esprit le plus simple ») Candide porte bien son nom, c'est un garçon d'une trop grande simplicité, sa naïveté lui fait frôler la bêtise. -Emploi de l'outil de coordination « et » : (« Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère ») montre le caractère benêt de Candide. -Naïveté qui s'applique à tous ce qui l'entoure : montrer par 2 verbes associes a 2 adverbes(« écoutait attentivement et croyait innocemment ») -Fausse rigueur philosophique de Pangloss qui déteint sur Candide -Raisonnement creux (en 4 points) montre comment l'univers de Candide se réduit au très étroit univers de vie et de pensées que l'incipit donne à voir. On assiste, dans cet incipit, à la présentation d'un monde clos, hiérarchisé, aristocratique et surtout d'illusions (toute la description se fait à l'imparfait à tout est figé et rien ne trouble la quiétude). La cour n'est en fait qu'une illusion, une illusion du pouvoir, de la richesse, de la connaissance… Candide vit donc au sein d'un monde d'illusions dont il est victime. Il croit à ce qu'il voit car il ne connaît que ce monde. un microcosme qui n'est qu'incohérence.Ce monde va changer à la suite d'une péripétie dont Cunégonde sera la cause (le baiser). Voltaire caricature en quelques sortes le départ de Candide en le montrant chassé du paradis terrestre comme Adam mais ici, la tentatrice n'est plus Eve mais Cunégonde. Un paradis où tout le monde s'efforce de mentir et croire à autre chose que la réalité.Candide n’est qu’au début de son apprentissage, il est encore bien loin de l'idéal voltairien et sera amené au gré des péripéties à remettre en question la philosophie de l’optimisme.