Boileau, Nicolas - littérature.
Publié le 28/04/2013
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Boileau, Nicolas - littérature. 1 PRÉSENTATION Boileau, Nicolas (1636-1711), homme de lettres français, à l'origine d'un Art poétique (1674) théorisant l'essentiel de l'esthétique classique. 2 L'APPEL DE LA POÉSIE Né à Paris, quinzième enfant d'une famille bourgeoise et orphelin de mère, Nicolas Boileau-Despréaux (ce dernier patronyme lui vient d'une terre appartenant à sa famille) est élevé par son père, greffier au Parlement. Il étudie la théologie puis le droit, et devient avocat en 1656. Issu d'une longue lignée de juristes, il ne se sent pourtant aucun goût pour la carrière juridique et, en 1657, à la mort de son père, décide de se consacrer pleinement à la poésie. Dès 1653 en effet, il a écrit des vers, et grâce à son frère, Gilles Boileau, critique protégé de Chapelain, il est introduit dans les cercles puristes de l'abbé Cotin ou de Furetière, où il fait ses premières armes en littérature. 3 PEINDRE SES PAIRS À LA MANIÈRE DES ANCIENS Il s'illustre d'abord dans le genre satirique : ses premières Satires (I à VII), composées de 1657 à 1665, sont publiées en 1666. Il y attaque les gens en vue dans la société de son temps -- souvent des auteurs, qu'il considère comme ses concurrents -- et s'attire par sa verve à la fois le succès et l'inimitié. Boileau publie en tout douze Satires, entre 1666 et 1705. Le Chapelain décoiffé (1665), parodie du Cid écrite avec Racine et Furetière, s'inscrit également dans cette veine d'inspiration satirique, en prenant pour cible le poète Chapelain, responsable du choix des auteurs pensionnés par le roi. 4 SUR LES PAS D'HORACE À partir de 1669, Boileau évolue, sans doute sous l'influence du cercle littéraire de Lamoignon. Il s'écarte de la satire et travaille à la composition d'un Art poétique inspiré d'Horace, qu'il tente, par admiration, d'égaler. Contrairement à une idée répandue, cette oeuvre -- importante -- ne fait pas de Boileau à proprement parler le chef de file et le censeur du classicisme : nettement plus jeune que Corneille, Molière ou La Fontaine et contemporain de Racine, il publie son Art poétique en 1674, un an après la mort de l'auteur du Misanthrope, six ans après la publication du premier recueil des Fables, et à un moment où Racine a déjà écrit la majorité de ses pièces. L'Art poétique n'est donc pas, pour les contemporains, un ouvrage normatif, puisqu'il n'a pu influencer que la création des auteurs du XVIIIe siècle. Cet ouvrage, le plus célèbre de Boileau, est en revanche une excellente description des principes mis en pratique par les écrivains classiques, même s'il est imparfait et présente de grandes lacunes quant à ses prédécesseurs, qu'il méjuge. Cet ouvrage comprend également quatre chants d'un poème héroïcomique et un jeu rhétorique, le Lutrin, la traduction d'un traité de rhétorique attribué à Longin, le Traité du sublime, ainsi que le recueil des Épîtres I à IV. Les autres Épîtres seront publiées entre 1677 et 1705. De facture variée, les Épîtres affirment et confirment l'esthétique de Boileau, prompte à traduire, dans un style rigoureux, les préoccupations et les travers de son époque. Trois d'entre elles célèbrent le roi Louis XIV, quatre traitent de la morale, quatre autres de la littérature et de l'esthétique, deux, enfin, sont des apologies personnelles. La dernière Épître, « Sur l'amour de Dieu « (1698), d'inspiration janséniste, attaquant les jésuites en leur reprochant leur casuistique, vaudra à Boileau quelque discrédit auprès de ses pairs. 5 LE TEMPS DE LA GLOIRE ET DES HONNEURS Ces années d'intense production littéraire sont couronnées par la reconnaissance officielle : en 1677, Boileau reçoit, avec Racine, la charge honorifique et très lucrative d'historiographe du roi puis, en 1684, il est élu à l'Académie française, polémiquant avec Perrault, pour le compte des Anciens dans la célèbre querelle qui oppose les Anciens et les Modernes dans le dernier quart du XVIIe siècle (voir querelle des Anciens et des Modernes). Opposé aux thèses des Modernes, qui prétendent que le siècle de Louis XIV est supérieur à celui d'Auguste en matière littéraire, Boileau défend âprement les écrivains de l'Antiquité, qu'il considère comme des modèles indépassables. Il donne à ce propos deux épigrammes injurieuses en réponse au poème de Perrault intitulé le Siècle de Louis le Grand (1687). Le génie de Boileau réside en effet dans son oeuvre de critique et de théoricien. Imitation de la nature humaine, l'art tend, selon la doctrine classique, à réaliser un idéal de vérité, qu'il ne peut atteindre que par la voie de la raison et par l'imitation des Anciens. Justesse, clarté et naturel de l'expression, pureté de la langue, économie des moyens sont les principales valeurs esthétiques du classicisme, qui accorde par ailleurs une part importante au travail dans la création littéraire (« vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage «, Art poétique, chant I), même si Boileau ne nie pas tout ce que la réussite littéraire doit à l'inspiration. En 1693, il compose l'Ode sur la prise de Namur, accompagnée d'un Discours sur l'Ode, qui développe sa doctrine de l'imitation ainsi que ses arguments pour affirmer la supériorité des Anciens. À ces textes s'ajoutent, en 1694, les Réflexions critiques sur Longin et la dixième Satire, « Contre les femmes «, où il accuse celles-ci de soutenir le parti des Modernes. Boileau et Perrault se réconcilient pourtant en 1694, grâce à l'entremise d'Antoine Arnauld. Boileau consacre ses ultimes interrogations à la religion, en particulier au jansénisme, avant de s'éteindre pieusement en 1711. 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