biographie - littérature.

biographie - littérature. 1 PRÉSENTATION biographie, récit écrit de la vie d'un personnage. Le terme désigne de nos jours un genre littéraire qui a pour objectif de mettre en lumière la vérité -- l'intimité, les contradictions et les ambiguïtés -- d'une personnalité réelle. Pour ce faire, l'auteur d'une biographie a recours à des sources et à des stratégies diverses, et use d'éclairages variés (citations de lettres, extraits de textes, citations de témoignages de contemporains). Le biographe doit fondre un certain nombre de faits biographiques -- naissance et mort, éducation, désirs, conflits, milieu, travail -- afin de réaliser un ouvrage doté idéalement de la même indépendance et de la même vitalité que toute oeuvre créatrice ; il a cependant à respecter une contrainte supplémentaire par rapport au récit de fiction, qui est de se conformer à la vérité de ce que fut la vie qu'il retrace. 2 PREMIÈRES BIOGRAPHIES Le modèle biographique remonte très loin dans l'histoire. Les souverains de l'ancienne Égypte, de l'Assyrie et de Babylone faisaient graver leurs hauts faits dans la pierre ou dans l'argile. L'Ancien Testament comporte de nombreux résumés de vies de patriarches et de prophètes, et les quatre Évangiles du Nouveau Testament peuvent être considérés comme des vies parallèles de Jésus. Les Mémorables, de Xénophon, qui contiennent un plaidoyer en faveur de Socrate, Vies parallèles, de Plutarque, et Vie des douze Césars, de Suétone, sont trois des exemples les plus célèbres d'écrits biographiques de la période antique. Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, dans la culture occidentale, la biographie fut le plus souvent commémorative, avec pour objectif d'édifier le lecteur et de tirer les conséquences didactiques de la vie répréhensible des tyrans, comme de la vie exemplaire des héros et des saints. Dès les premiers siècles de l'ère chrétienne, les principaux sujets de la biographie furent les saints, les martyrs et les pères de l'Église, dépeints moins comme des individus que comme les actants (c'est-à-dire les acteurs) d'un modèle archétypal de salut. Les hagiographies, ou vies de saints (vitae), relèvent de l'un des genres conventionnels de la littérature médiévale. C'est à partir du VIe siècle, avec les vies de saints mérovingiens écrites par Grégoire de Tours, que l'hagiographie devient un genre codifié, ayant recours au merveilleux pour mieux édifier et célébrant le pouvoir des saints comme la grandeur des miracles accomplis par eux. Obéissant avant tout à une volonté apologétique, les récits hagiographiques ne reculent pas devant le fabuleux : la question de l'exactitude historique des faits rapportés, cruciale pour la biographie moderne, y est secondaire. La Légende dorée, de Jacques de Voragine, est exemplaire à cet égard. Une des manifestations tardives de la littérature hagiographique est représentée par Le Livre des martyrs, écrit en latin par John Foxe et publié en 1563. À la même époque, en 1550 et en 1568, parurent les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes italiens, de Giorgio Vasari, qui y a retranscrit les vies d'artistes italiens, de Giotto à Michel-Ange. Cette oeuvre marqua l'introduction de l'esprit humaniste dans les beaux-arts comme dans l'interprétation des vies. Les premières biographies modernes, stimulées par le « nouveau savoir « d'Érasme et de Thomas More, furent l'Histoire de Richard III (v. 1513), de More lui-même -- qui servit de source à Shakespeare pour son Richard III --, la Vie du cardinal Wolsey, de George Cavendish, et la Vie de Thomas More, de William Roper. Importante oeuvre de transition d'Izaak Walton, la Vie de John Donne fut publiée pour la première fois en 1640 et remaniée au cours des vingt-cinq années qui suivirent, pour devenir une biographie déjà plus proche du modèle de la biographie moderne. 3 L'HISTOIRE MODERNE DE LA BIOGRAPHIE La publication, en 1791, de la Vie de Samuel Johnson, de James Boswell, fit de ce dernier le premier des grands biographes modernes, et ouvrit un âge d'or de la biographie qui dure encore de nos jours. On pourrait cependant attribuer ce titre à celui qui fait l'objet de cet ouvrage, Samuel Johnson lui-même, pour sa remarquable biographie de son ami le poète Richard Savage (1744). Des écrivains importants se sont consacrés à la rédaction de biographies : on doit, par exemple, à Voltaire une Histoire de Charles XII (1731) et à Chateaubriand une Vie de Rancé (1844), qui retrace la vie du réformateur de la Trappe. L'intérêt pour la biographie que manifestèrent les écrivains de la période romantique et leur goût pour certains aspects romancés sont particulièrement visibles dans l' Adolphe, de Benjamin Constant, biographie fictive et autobiographie effective, ainsi que dans Vie de Henry Brulard, de Stendhal, écrite en 1835-1836 et publiée bien plus tard, en 1890 ; cette oeuvre, effectivement autobiographique, se présente néanmoins comme la biographie d'un autre homme. Quant à la Vie de Jésus, de Renan (1863), il s'agit d'une biographie critique, et du premier exemple de texte appliquant une méthode exégétique scientifique. Cette somme érudite sur la vie en Judée à l'époque du Christ est de surcroît une oeuvre littéraire puissamment évocatoire. De fait, la qualité littéraire des oeuvres biographiques ne cessa de s'élever. « Une vie bien écrite est aussi rare qu'une vie bien employée «, disait Carlyle en 1827. Un siècle plus tard, c'est Lytton Strachey, auteur d'une vie de la reine Victoria (1921), qui décrivait la biographie comme « la plus délicate et la plus humaine de toutes les branches de l'art d'écrire «. Au début du XXe siècle, la lecture de Freud imprima un nouvel élan à l'exploration de la personnalité à travers les récits. À cette période apparut, dans le genre biographique, une diversification formelle des oeuvres, et l'on accorda une importance accrue à la critique biographique (avec notamment les travaux de Lanson sur Bossuet et Voltaire, ou ceux de Thibaudet sur Mallarmé, Valéry, Stendhal et Flaubert). De nos jours, il existe des biographies romancées, comme celles mises à la mode par André Maurois avec Ariel ou la Vie de Shelley (1923), Lélia ou la vie de Georges Sand (1952), Olympio ou la Vie de Victor Hugo (1954), ou encore Prométhée ou la Vie de Balzac (1965), qui sont des ouvrages dans lesquels la biographie va de pair avec la volonté de reconstituer une époque -- citons, par exemple, Benedetta Craveri, Madame du Deffand et son monde (1987). Ces biographies coexistent avec des biographies qui trouvent dans la psychanalyse un matériel conceptuel pour une approche de la personnalité, et dont la biographie consacrée à Flaubert par Sartre, l'Idiot de la famille (1971-1972), représente le modèle le plus achevé. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.