Belle du seigneur commentaire stylistique
Publié le 14/01/2016
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Marilou THIRACHE L2 Lettres et Arts Devoir Maison : Étude stylistique complète Vous ferez l'étude stylistique complète et rédigée de ce texte, en vous montrant particulièrement attentif à la polyphonie. Ce texte est un extrait du chapitre 37 de l’œuvre Belle du Seigneur, roman écrit par Albert Cohen. C'est la première nuit d'amour de Solal et Ariane. Ce chapitre se trouve juste après la scène du bal en alternance avec le monologue d'Adrien dans le train. Cet extrait témoigne d'une certaine polyphonie.En effet on peut y voir trois points de vue superposés. Le premier paragraphe est consacré à la vision de Solal. Le second est le point de vue d'Ariane. Le dernier témoigne du point de vue du narrateur. La polyphonie discursive permet à l'auteur de communiquer au lecteur trois point de vue différents afin qu'il s'identifie, qu'il s'approprie la scène d'amour entre Solal et d'Ariane. En quoi la polyphonie de ce texte révèle-t-elle la complexité de l'amour naissant entre Ariane et Solal ? Dans un premier temps, nous allons étudier l'amour passionné entre Solal et Ariane. Dans un second temps, nous allons voir que cet amour est mis à l'épreuve. Pour finir, nous allons analyser la double vision de l'amour montrée dans cet extrait. I- Un amour passionné 1) Figures de style d'insistance et répétitions qui marquent la passion des deux personnages La polyphonie dans le discours de chaque personnage est fortement présente notamment par l'utilisation des figures de style d'insistance. Tout d'abord, nous trouvons de nombreuses anaphores : « O débuts » qui est une apostrophe lyrique à chaque début de paragraphe, « quitter, quitter ses yeux », « ta femme, ta femme à toi » « larmes de bonheur, larmes bues » « amour demandé, amour redit »« Langues téméraires, langues jamais rassasiées, langues se cherchant et se confondant » qui témoignent de l'amour fusionnel naissant entre Solal et Ariane. Les anaphores accentue le lyrisme de la scène d'amour entre les deux protagonistes. Nous pouvons remarquer également certaines anadiploses :« larmes, larmes sur ses joues qu'il baisait »,« maintenant et toujours, et toujours ce sera maintenant » , « donne, donne encore » qui montre la passion des deux personnages. Les anadiploses créent un rythme d'impatience, comme si cet amour avait besoin d'être prouvé, comme si cet amour ne devait jamais finir. 2) Formes en -ant qui montrent la passion montante Nous pouvons également voir une polyphonie dans la multiplicité des formes en -ant qui sont toutes des participes présents : « se connaissant », « se cherchant » ,« se confondant »,« se nourrissant » qui forme une sorte de gradation, qui montre l'amour grandissant entre les deux protagonistes. 3) Pronoms qui servent à montrer un tableau lyrique Il y a également une polyphonie des pronoms. Ceux-ci laissent entendre plusieurs personnages et voix.Les « Elle » , pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier se réfèrent à Ariane. Les « Il », pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier désignent Solal. L'utilisation des pronoms démonstratifs « ces yeux », « ces lèvres » désigne le physique de Solal qui est attrayant pour Ariane. Les pronoms possessifs « Ta femme, ta femme à toi » se réfèrent à Ariane. Elle affirme ici pleinement son amour pour Solal et le fait qu'elle lui appartient. Il y a le pronom personnel sujet de la deuxième personne du singulier« Tu m'aimes » qui se réfère à Solal, qui est assuré de l'amour que Ariane lui porte. Les pronoms personnels sujet de la première personne du singulier« je ne peux dire que ce misérable oui », « je n'ai jamais espérer aimer », « je t'aime » désigne les paroles d'Ariane. Ils montrent l'amour passionné qu'Ariane a toujours rêvé de connaître dans sa vie. L'utilisation de ces pronoms peignent un tableau lyrique de la scène d'amour entre Ariane et Solal. Un amour passionné et fusionnel naît ici. 4) Champ lexicaux qui prouve l'amour réciproque des deux protagonistes Deux champ lexicaux montrent ici la passion des deux personnages. D'abord le champ lexical de l'amour : « Oui, aimé je t'aime », « demande d'amour », « dangereuse d'amour ». Cet amour est marqué par des répétitions, des figures de styles d'insistances, des termes propres à l'amour ainsi qu'un rythme effréné du discours. Puis, il y a le champ lexical du baiser : « Langues en combat », « sucs des bouches », « baisers enfantins », « innocents baisers », le baiser étant rattaché à la passion amoureuse et à l'amour fusionnel. TRANSITION : La polyphonie des figures de style, la multiplicité des pronoms ainsi que les champs lexicaux confèrent à l'extrait une dimension lyrique et reflète bien l'amour passionné entre les deux protagonistes. Cependant, de nombreux procédés dans l'extrait nous prouve que cet amour fusionnel est fragile et dangereux. II- Un amour mis à l'épreuve 1) Discours rapportés qui marque une certaine confusion due à l'amour Il y a une polyphonie dans le discours, nous pouvons trouver un mélange entre discours libre et discours indirect libre. Les discours rapportés marquent une confusion : « Ta femme, ta femme à toi, lui disait-elle », « Mon archange, mon attrait mortel, lui disait-elle », « Mais je t'adore, pensait-il aussitôt. » ou encore « Oui, oui lui répondait-elle ».La confusion de ce discours traduit la confusion des personnages face à leur amour naissant. On peut remarquer que cet amour est fragile, qu'il ne tient que sur un fil et qu'il est confus et compliqué par le mélange confus des discours rapportés. 2) Phrases averbales qui montrent une forme de trouble provoqué par l'amour Nous pouvons remarque la présence de plusieurs phrases averbales : « O début, nuit des premiers baisers » qui est une apostrophe lyrique ou encore « Mon archange, mon attrait mortel » qui est une phrase averbale sans verbe conjugué composé en deux parties avec deux pronoms possessifs, deux substantifs et un adjectif qualificatif. Les phrases averbales sont des phrases atemporelles et impersonnelles. Elle ne s'adresse pas à une personne en particulier. Elle marquent une certaine distance et un certain trouble. Ici donc, l'amour est représenté par cette distance par la présence des phrases averbales. 3) Dégradation et répétitions qui prouvent que cet amour est fragile Nous pouvons relever la répétition des termes « archange » et « attrait mortel » décliné sous plusieurs formes grammaticales. D'abord « mon archange, mon attrait mortel » énoncé avec des pronoms personnels possessifs qui désigne Ariane et qui prouve que celle-ci appartient à cet instant totalement à Solal. On trouve une certaine relation de dépendance amoureuse. Puis, on trouve : « Archange et attrait mortel. » sous la forme d'une phrase averbale seulement composé de substantifs. C'est énoncé comme un fait, crée un effet d'immédiateté et d'impersonnalité. Enfin : « cet archange et cet attrait mortel » prononcé avec l'utilisation de pronoms personnels démonstratifs qui ne désigne plus personne. Nous avons également ici une forme d'impersonnalité. Il y a une sorte de dégradation. Nous pouvons noter également la répétition de : « Dis que tu m'aimes » qui montre l'amour naissant de Ariane pour Solal, elle a besoin d'être rassurée sur la nature de cet amour interdit et fragile. TRANSITION : Différents procédés dans cet extrait nous montrent que l'amour naissant entre Ariane et Solal est périssable. En plus de cela, deux visions de l'amour sont montrées de manière équivoque, nous avons d'abord une vision de l'amour passionné et fusionnel puis dans un second temps une vision de l'amour ridicule et pathétique, ce qui fragilise d'autant plus l'amour naissant des deux personnages. III- Une double vision de l'amour montré dans ce texte 1) Adjectifs qui montre à la fois une vision fusionnelle et ridicule de l'amour D'un côté nous avons des adjectifs qui témoignent de la passion amoureuse : « premiers baisers » qui est épithète lié antéposé à « baisers » ou encore « amour demandé » qui est attribut à « amour » et « amour redit » qui est attribut à « amour ». Tout ces adjectifs montre la fusion amoureuse, une vision lyrique de l'amour. D'un autre côté, il y a des adjectifs qui montrent une vision pathétique et ridicule de l'amour naissant entre Ariane et Solal : « imbécile délire », épithète lié antéposé à « délire », « absurdes et monotones demandes », épithète lié antéposé puis épithète détachée antéposé à « demandes », « merveilleuse monotonie » qui est une antithèse avec un adjectif épithète lié antéposé à « monotonie ». Ces adjectifs sont à connotations péjoratives et montre que une vision de l'amour ridicule, presque ironique. Nous avons donc ici une double vision de l'amour, deux voix de l'amour montré dans cet extrait. Il y a une vision polyphonique de l'amour à travers les différents discours que ce soit dans celui de Ariane, de Solal ou du narrateur. 2) Registre qui montre une double vision du texte : l'amour fusionnel et l'amour pathétique/comique Le registre majoritaire est le registre lyrique : « O débuts » à chaque début de paragraphe, à chaque fois que la voix change est une apostrophe lyrique. Le registre lyrique est marqué par le champ lexical de l'amour : « premiers baisers », « ta femme, ta femme à toi », « demandes d'amour », « je t'aime », « amour demandé, amour redit » ainsi que le champ lexical du baiser : « premiers baisers », « langues téméraires », « langues jamais rassasiées », « langues se cherchant et se confondant , « innocents baisers ». Le registre secondaire est le registre comique, à la limite du pathétique : « merveilleuse monotonie », « misérable oui », « elle ne savait pas ce qu'elle disait, souriante, mélodramatique, de mauvais goût », avec beaucoup de ridicule et de connotations péjoratives .Il y a également une épiphore qui témoigne de ce registre : « mais je n'oublie pas que cet archange et cet attrait mortel, c'est parce que j'ai trente-deux dents. Mais je t'adore pensait-il aussitôt, et louées soit mes trente-deux dents. » En effet ici Solal s'en rapporte à son physique et explique que si Ariane l'aime c'est parce qu'il est attrayant physiquement, parce qu'il a toute ses dents, on peut voir ici une forme de comique. Pour conclure, cet extrait révèle bien la complexité de l'amour naissant entre Ariane et Solal par a polyphonie. Tout d'abord, en montrant la passion de ce couple, puis sa fragilité et enfin son ridicule. Nous avons une certaine dégradation tout au long du texte. La polyphonie discursive nous permet d'avoir trois points de vue différent de la scène d'amour des protagonistes et cela nous fait accéder à sa complexité. En effet cette relation amoureuse est réelle et fusionnelle cependant elle reste fragile et dangereuse. En réalité, nous comprenons dans la suite de l’œuvre qu'Ariane tombe amoureuse de Solal seulement car il lui renvoie une image qui la valorise. A la fin du roman, Ariane et Solal s'enfuient ensemble mais finissent par vivre sans passion, dans l'ennui.
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