belge, littérature.
Publié le 06/05/2013
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2. 4 Période romantique
C’est avec la création du royaume de Belgique, en 1830, qu’une véritable littérature nationale va se former et prendre conscience d’elle-même.
La dimension européenne du mouvement romantique permet aux auteurs belges de puiser leur inspiration
dans la prodigieuse abondance des œuvres romantiques allemandes, françaises et anglaises.
Mais, ce cosmopolitisme ne les empêche pas de se forger un fort sentiment national, qu’ils veulent d’ailleurs très présent dans leurs œuvres.
Le goût du romantisme pour le passé (et, en particulier, pour le passé médiéval), encouragé par le souci d’ancrer le nouvel État belge dans une histoire nationale solide et cohérente, favorise la vogue des drames et des romans historiques, comme
c’est également le cas en France, en Allemagne et en Angleterre.
Ainsi, Henri Moke (1803-1862) publie un roman historique inspiré par Walter Scott, les Gueux de la mer (1827).
Il est suivi dans cette veine par Jules de Saint-Genois, Philippe
Lesbroussart, et surtout par Félix Bogaert (1805-1851), dont l’inspiration doit autant à Chateaubriand ( Mère et martyre, 1839) qu’à Walter Scott ( El Maestro del campo.
Gand en 1567, 1833).
Les poètes lyriques de cette génération oscillent entre une inspiration française et anglo-saxonne : André Van Hasselt (1806-1874) utilise la métrique allemande dans ses Poésies (1852), alors que ses Quatre Incarnations du Christ (1867) doivent
davantage à Vigny et à Hugo.
Les autres grands noms de la poésie belge de langue française sont Théodore Weustenraad (1805-1849), poète au souffle puissant, et, dans une sensibilité toute différente voire antithétique, Eugène Dubois, auteur d’une
œuvre profondément romantique.
Citons encore Octave Pirmez (1832-1883), auteur d’une poésie mystique et sophistiquée.
2. 5 Le réalisme belge
À la vogue des récits historiques et nationaux de la période romantique, il faut sans doute encore rattacher le romancier Charles De Coster.
Cet aristocrate bruxellois compose plusieurs recueils de récits folkloriques et de contes avant d’écrire, en
1867, la Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs. En mettant en scène un personnage légendaire, Till Eulenspiegel, fort populaire en Flandre (comme d’ailleurs en
Allemagne et aux Pays-Bas) et en le situant au XVIe siècle, au cœur des persécutions religieuses et de la révolte des gueux contre Philippe II et les Pays-Bas espagnols, De Coster réalise là une œuvre très personnelle, où il jongle avec l’humour
burlesque, alliant le tragique et le grotesque, le récit historique à la Walter Scott et la farce rabelaisienne.
L’influence de De Coster sur l’essor de la littérature belge à la fin du siècle est importante.
Cet essor est, par ailleurs, soutenu dès les années
1870, et plus encore dans les années 1880, par le développement considérable de la presse et des techniques de l’imprimerie.
Dans ces circonstances, le courant naturaliste parvient donc sans grand peine, en ces mêmes années, à se diffuser dans
tout le pays.
Parmi les principaux représentants de ce mouvement littéraire, Camille Lemonnier, romancier et critique d’art, généralement considéré comme le « maréchal des lettres belges », dépeint, en un style tantôt épique ( les Charniers, 1881), tantôt simple
et direct ( le Vent dans les moulins, 1901), mais toujours avec le même réalisme cru, la vie rurale et urbaine, annonçant d’une certaine manière le courant régionaliste du début du XXe siècle.
Dans la lignée de Lemonnier, on peut citer Georges
Eekhoud, poète, romancier et critique littéraire, auteur de romans âpres et réalistes ( Kermesses, 1884 ; la Nouvelle Carthage, 1888), parfois même audacieux pour l’époque — Escal-Vigor (1899), qui traite de l’homosexualité, lui attire de nombreuses
attaques —, dans lesquels il s’attache à décrire les êtres frustes du monde rural et les marginaux de la société industrialisée.
2. 6 La poésie de la génération de 1880
C’est sous l’impulsion de la revue Jeune Belgique, fondée par Max Waller (1860-1889) en 1881, que la poésie connaît une véritable renaissance.
Aux côtés de Waller, Georges Rodenbach, Iwan Gilkin et Albert Giraud (1860-1929) se font les
promoteurs d’une poésie qui vise à libérer l’art de toute considération morale.
À la même période, Albert Mockel (1866-1945) crée la revue la Wallonie (1886), à laquelle participent les symbolistes français.
Mockel est notamment l’auteur d’une œuvre
critique sur le symbolisme, Propos de littérature, et d’un recueil poétique, Clartés (1902), évocation sensible du monde naturel.
Autour de lui, Charles Van Lerberghe (1861-1907), auteur de Entre-visions (1897) et de la Chanson d’Ève (1904), Max Elskamp, Maurice Maeterlinck et Émile Verhaeren sont les principaux représentants du symbolisme belge.
D’abord naturaliste,
Émile Verhaeren s’oriente progressivement vers la poésie mystique ( les Moines, 1886), avant de traverser une grave crise spirituelle, qui lui inspire des vers particulièrement désespérés, comme les Soirs (1887) ou les Débâcles (1888).
2. 7 Le théâtre symboliste
Maurice Maeterlinck, après un recueil poétique, les Serres chaudes (1889), aborde rapidement le théâtre avec la Princesse Maleine (1889) et surtout avec Pelléas et Mélisande (1892), tragédie métaphysique où la poésie se substitue à l’action sans rien
lui faire perdre de son impact dramatique.
Devenu le porte-parole du théâtre symboliste, Maeterlinck se tourne ensuite vers la réflexion et l’essai.
Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1911.
Dans le genre dramatique toujours, Fernand Crommelynck connaît un important succès parisien avec le Cocu magnifique (1920).
Ses œuvres, le Sculpteur de masques (1908), Tripes d’or (1925) ou Chaud et Froid ou l’Idée de monsieur Dom (1934),
mêlent l’outrance et le lyrisme dans une langue qui doit beaucoup à Jarry comme à Pirandello.
Michel de Ghelderode peut être considéré comme le troisième grand dramaturge des lettres belges.
Son œuvre abondante, à la fois comique et sinistre, se
situe à la croisée d’influences aussi diverses que Shakespeare, Maeterlinck, Jarry ou encore l’expressionnisme allemand.
C’est entre 1925 et 1931, peu de temps après la sortie de son premier ouvrage imprimé (le recueil de nouvelles intitulé l’Histoire
comique de Klizer Karel, 1923), que sont successivement créées ses grandes pièces : la Mort du docteur Faust (écrite en 1925, jouée en 1928), Barabbas (1928), Magie rouge (1931), ...
Il doit pourtant attendre la création de Hop signor ! (1935) pour
voir son talent reconnu.
2. 8 Le roman de l’entre-deux-guerres
Héritier du naturalisme, le récit régionaliste se développe dans les premières années du siècle, et plus encore à partir des années vingt, en particulier avec Jean Tousseul (1890-1944), auteur pacifiste et nostalgique du Village gris (1927) et d’un
célèbre roman-fleuve en cinq volumes, les Clarembaux (1927-1936).
Dans la même mouvance, Charles Plisnier, auteur d’un bref récit intitulé Faux Passeports (1934, édition augmentée en 1937), s’attache plutôt à la fresque sociale et à la peinture
des foules ; c’est ce qu’il fait notamment dans les cycles romanesques Mariages (2 volumes, 1936) et Mères (3 volumes, 1946-1950).
De façon sensuelle et sans mièvrerie, la romancière Marie Gevers (1883-1975) traduit dans ses récits le rythme des
saisons et la beauté des traditions populaires ; son œuvre est parfois comparée à celle de Colette : la Comtesse des digues (1931), Madame Orpha (1933), la Grande Marée (1937).
André Baillon, enfin, dépasse le régionalisme à proprement parler
pour évoquer des réalités plus intimes ( l’Histoire d’une Marie, 1921 ; Délires, 1927)..
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