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Bel-Ami Partie 1 ; Chapitre 4 ; ligne 235 à 286 (Littérature)

Publié le 07/03/2011

Extrait du document

Ce passage est extrait du roman Bel-Ami écrit par Maupassant publié en 1885, qui se trouve dans le chapitre 4 partie 1.

Duroy qui vient tout juste de rentrer dans le journal La Vie Française inaugure déjà son premier article paru dans la presse, heureux et oubliant le reste, il se rend au journal  sans la suite, rendant mécontent Forestier qui ne cesse de bien mettre en évidence sa supériorité et ainsi de mettre de côté leur camaraderie. Enfin Duroy va être envoyé par ce dernier avec comme but d’assister à l’interview deux grands  hommes politiques par Saint Potin, reporter renommé. Contre toute attente aucun entretien ne va se présenté, Saint Potin agissant autrement ; d’une manière qui va révéler une décadence de la presse parisienne, manipulatrice et fausse. Enfin va revenir en second plan et à la fin, les efforts et angoisse de Duroy à écrire la suite de son article mais en vain.

Quelle représentation d’une certaine presse parisienne est donnée à travers cet extrait ?

Nous allons tout d’abord observer la dimension satyrique que nous présente ce passage sur la presse parisienne et les reporters ainsi que sur Georges Duroy et enfin une vision, qui va se révéler pitoyable, sur l’incompétence des journalistes, avec comme exemple ici Georges Duroy lui-même.

 

L’extrait commence immédiatement par la description des émotions de Duroy, celui-ci restant dans l’angoisse et l’incertitude avec dès la première ligne : « une sensation de froid », « une sorte de crispation ». Un autre Duroy plus colérique se fait aussi sentir juste une ligne en dessous avec «  un besoin d’injurier et de gifler ». Duroy est énoncé en premier, mais est vite rattrapé par la présence de Saint-Potin. Surnom cité à la ligne 239, il reflète l’immaturité de cet individu, qui est à nouveau répété à la ligne 242 : «Non, je m’appelle Thomas.  C’est au journal qu’on m’a surnommé Saint-Potin » On dénote le décalage entre sa vie en général et sa vie au journal qui par l’utilisation de ce surnom révèle un milieu professionnel enfantin, et dénué de sérieux. En effet, Saint-Potin prend son métier à la légère, sans angoisse et avec tranquillité : « avec simplicité », et aussi voulant vite finir sa besogne « en cinq minutes » qui marque son impatience.  Il se montre même prétentieux face à George Duroy voulant mettre en évidence sa supériorité dans le métier. «  Saint-Potin se mit à rire », qui est ressenti comme une moquerie envers Duroy. « Et Duroy payent les consommations », qui démontre bien que c’est Duroy qui est soumis et contrairement à Saint-Potin, incertain et sans confiance en lui « il me semble ». Il est aussi représenté comme quelqu’un de naïf : «  deux nobles seigneurs » qui est en contradiction avec ce que dit Saint-Potin : « Ce chinois et à cet indien », qui avec l’article démonstratif « ce » fait ressentir un sentiment de désintérêt et presque de rebus, qui quant à Duroy fait paraître du respect avec « nobles seigneurs ». Cette idée de rebus est renforcée avec l’énumération qui suit à la ligne suivante 251, «  ces Chinois, Persans, Hindous, Chiliens, Japonais et autres. » Saint-Potin énonce aussi clairement « ce qu’ils doivent penser pour les lecteurs de la Vie Française » ce qui caractérise la manipulation que porte les journalistes sur les lecteurs des journaux. Les informations et actualités se révèlent fausses et inexactes. D’ailleurs Saint-Potin, se pousse à nouveau en avant avec : « d’après moi » qui le met en premier plan, en supériorité tout comme de nombreuses phrases exclamatives « Oh !  » qui montrent bel et bien son côté extraverti. Il finit son long discours en interpellant Duroy d’une manière ironique et de moquerie «  mon cher », comme il l’a commencé en désignant carrément Duroy de naïf «  Vous êtes encore naïf, vous ! » La présence du deuxième « vous » marque bien la différence entre Saint –Potin et Georges et insiste sur ce ressenti de sarcasme. Qui revient juste avant leurs adieux à la ligne 269 où Saint-Potin rapporte haut et fort : «  Je n’ai pas besoin de vous, moi ! » Avec à nouveau le même procédé, qui marque encore le décalage entre les deux personnages grâce au « moi ».

Quant à Duroy remis pour le moment à chaque fois en second plan, il prend enfin la parole en posant une question : « Ca doit rapporter bon d’être reporter dans ces conditions-là » Duroy n’est même pas choqué par les révélations de Saint-Potin, ses réelles ambitions prennent immédiatement le dessus ; celles de gagner fortune et bien vivre.

Ce monologue fait par Saint-Potin marque bien son nul besoin de personne d’autre que lui, il se croit tout puissant ne cessant de rabaisser Duroy, on comprend donc bien la présence du style interne. Il n’y a que quelques prises de paroles, en plus de ce monologue qui lui ainsi prend toute la place et l’attention dans cet extrait, du fait de ces longues phrases complexes, fluides, juxtaposées et subordonnée pour la plupart, sans coupure qui démontrent la confiance qu’à Saint-Potin en lui.

 Duroy est infériorisé encore ligne 270 «  Duroy lui serra la main », c’est à lui de faire le premier pas.

On assiste à la découverte des coulisses parisiennes, qui est humiliante autant pour la presse que pour les journalistes qui travaillent dans ce milieu ; ceux-ci étant représenté par le personnage de Saint-Potin, centre de la conversation ici, arrogant et insensible aux fausses informations qu’ils envoient aux lecteurs.

 

Dans la suite du passage, on assiste à un changement total de caractère du personnage. Avec avant un personnage, Saint-Potin sûr de lui, on retrouve Georges Duroy incertain, perdu dans son article. On peut ainsi penser à une description double-face de la presse parisienne.

En effet, on retrouve immédiatement des verbes de mouvement :  «marchant, « monta », « lentement à pied »… dénote un Duroy perturbé et nerveux qui ne tient pas en place, avec un besoin de changer d’air ; il se prépare déjà au fait de commencer son article tout seul ; « tracassait » ligne 271.

Celui-ci apparaît immédiatement comme un débutant sans expérience et pour le moment du moins sans compétence. « Il emmagasina » , « amassé » ,« s’envola » tous ces verbes ici péjoratifs et pouvant être qualifiés comme étant des verbes simplistes avec un Duroy qui prend son métier à la légère, faisant penser à tout mettre en vrac sans véritable organisation. Ce qui est d’ailleurs insistait avec l’énumération présente dans la même phrase : «des idées, des réflexions, des jugements, des anecdotes » ; Duroy mélange tout, il ne s’est pas trop où il en est allé. La comparaison péjoratif ligne 282 « comme si sa cervelle se fût évaporée » le démontre bien.

On retrouve aussi le champ lexical du vrac qui remet une couche sur le ressenti de Duroy : « pêle-mêle », « bribes » (mots maladroits)... et on a une apparition brève du syndrome de la page blanche avec « feuille de papier blanc ». Une énumération est encore présente ligne 285 : « les présenter, les habiller… », Duroy est bel et bien stressé, perdu ne sachant par où commencer.

Enfin peut être un petit jeu de mot par Maupassant qui finit ce passage avec le verbe « commencer », qui peut référer au commencement de Duroy dans le journalisme comme débutant, qui peut être ressenti comme un sarcasme.

 

 

Cet extrait est dépréciatif  en général; tout d’abord pour la presse parisienne et ses journalistes qui sont rabaissés bien bas vis-à-vis de leurs actes et donc en conséquence mal-vus. On découvre les coulisses de la presse parisienne, ce qui est caché de la scène. Durant tout ce passage, Duroy est lui aussi dénigré d’une part par Saint-Potin, qui du fait de sa plus grande expérience dans le métier se montre supérieur et l’infériorise en le qualifiant de naïf ,et puis d’une autre part par Maupassant qui le met en abîme, en le présentant non plus comme un personnage fort et ambitieux mais ici par quelqu’un d’angoissé, nerveux, perdu, comme un débutant sans compétence.

 

 

 

 

 

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