Beethoven, Ludwig van - compositeur de musique.
Publié le 17/05/2013
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4 LA GLOIRE ET L’ISOLEMENT
Vers 1814, année du congrès de Vienne et de la troisième et dernière version de Fidelio — opéra qui chante tout à la fois la liberté et l’amour conjugal —, Beethoven atteint le sommet de sa gloire.
Devenu totalement sourd vers 1818, Beethoven ne communique plus avec l’extérieur qu’au moyen de ses Carnets de conversation (en très grande partie conservés, ils constituent, avec les esquisses qu’il a laissées pour un grand nombre d’œuvres,
une source précieuse de renseignements).
Dans les années 1820, Rossini, devenu la nouvelle coqueluche de Vienne, porte ombrage à la gloire de Beethoven.
C’est durant ces dernières années que Beethoven, malgré un état de santé de plus en plus
critique, crée (en mai 1824) la Neuvième Symphonie, sa dernière grande œuvre achevée.
Beethoven meurt à Vienne en mars 1827 et la ville lui fait de grandioses funérailles.
5 ANALYSE DE L’ŒUVRE
Beethoven a composé neuf symphonies, sept concertos (dont cinq pour piano), seize quatuors à cordes (auxquels il faut ajouter la Grande Fugue, composée en 1825), trente-deux sonates pour piano, dix pour piano et violon, cinq pour piano et
violoncelle, un opéra (Fidelio), deux messes, plusieurs ouvertures, des musiques de scène (dont celle pour Egmont de Goethe, en 1809-1810), un ballet ( les Créatures de Prométhée, 1800-1801), de nombreuses séries de variations pour piano (dont
les 33 Variations pour piano sur un thème de Diabelli, 1819-1819) et un grand nombre de lieder.
On dit généralement de son œuvre que, faisant éclater les canons du « style classique » (représenté par Haydn et Mozart), elle tend tout entière à
l’exaltation du moi et de la sensibilité personnelle (qui jusqu’alors n’avait pas sa place en musique), ce qui lui vaudra le qualificatif de « romantique ».
En réalité, notamment par son côté tribun et son idéalisme, Beethoven apparaît beaucoup plus
comme un vrai fils de la Révolution française, et l’on ne trouve donc pas trace dans son œuvre de ce repliement sur soi et de cette propension impudique à la confession intime et directe si caractéristiques d’une partie de la génération romantique de
1830.
Dans ses premières années viennoises, Beethoven hésite entre la tentation mondaine et la poursuite des idéaux classiques de Haydn et Mozart, tout en les transcendant et en y introduisant de nouvelles dimensions sonores et formelles.
Les grandes
œuvres de la « décennie héroïque » relèvent très nettement de cette seconde tendance, qu’elles soient particulièrement majestueuses comme la Symphonie héroïque ou le Concerto n° 5 pour piano (1809, dit de l’Empereur ), ou de structure plus
resserrée comme la Symphonie n° 5 (1808) et la Sonate Appassionata (1804), ou encore de nature plus bucolique et sereine comme la Symphonie n° 6 (1808, dite Pastorale ).
L’achèvement de la Symphonie n° 8 en 1812 et, la même année, le constat de ses amours impossibles avec l’« immortelle bien-aimée » (dont le mystère de l’identité n’a jamais été vraiment levé), laissent Beethoven dans une grande incertitude tant
sur le plan humain que musical.
Les quelques œuvres des années suivantes — notamment le cycle de lieder An die ferne Geliebte (« À la bien-aimée lointaine », 1816) et la Sonate pour piano en la majeur opus 101 (1816) — sont des œuvres
« expérimentales », même si l’on y retrouve les structures plus relâchées des années 1790.
C’est dans de telles pages que Beethoven paraît le plus proche de la génération romantique naissante.
En 1818, cependant, la Sonate en si bémol majeur
opus 106 (Hammerklavier), d’une longueur et d’une difficulté inégalées, renoue avec les structures serrées du style « héroïque ».
Les œuvres de la dernière période de la vie de Beethoven se définissent toutes par leur caractère exemplaire qui feront l’admiration unanime des compositeurs des générations suivantes : en particulier la Neuvième Symphonie et la Missa solemnis
(1824), qui sont le reflet de la vision personnelle qu’a Beethoven d’une humanité idéalisée, et qui font référence à son culte de l’Être suprême.
Le style tardif de Beethoven se manifeste également dans les trois dernières Sonates pour piano opus 109
à 111 (1820-1822) et dans les cinq derniers Quatuors à cordes (1824-1826), jugés dans un premier temps injouables et inaudibles avant d’être considérés comme faisant partie des sommets de l’esprit et du génie humains.
6 POSTÉRITÉ
Un des legs de Beethoven est d’avoir contribué à modifier l’image sociale du compositeur : jadis considéré comme un artisan œuvrant au service de l’Église ou sous l’aile protectrice de quelque aristocrate mécène — rôle qu’à leurs débuts Haydn et
Mozart avaient accepté d’assez bon gré —, le compositeur apparaît désormais (du moins en principe) comme un artiste indépendant vivant de sa production, devenu une sorte de grand prêtre laïque.
Quant à l’influence musicale de Beethoven, elle est
paradoxalement à la fois immense — rares, en effet, sont (au XIX e siècle et au début du XXe siècle) les compositeurs qui ne se sont pas réclamés d’une façon ou d’une autre de son héritage — et assez limitée, en raison du caractère strictement
inimitable de son style très personnel.
Par beaucoup d’aspects, Franz Schubert, son contemporain à Vienne après 1815, lui est diamétralement opposé.
Johannes Brahms, quant à lui, paralysé par l’exemple de Beethoven, ne fera jouer sa première
symphonie qu’à quarante ans passés.
De Richard Wagner, il n’existe aucune symphonie de maturité, car c’est dans ses opéras qu’il paie son tribut à Beethoven.
Franz Liszt, à son tour, a bien intégré l’état d’esprit post-beethovénien dans son unique
sonate pour piano, mais la structure de l’œuvre est radicalement différente de la structure beethovénienne.
Quant à la musique de chambre et au genre symphonique, il faudra attendre les dernières années du XIX e siècle et le début du XXe siècle,
avec Bruckner, Mahler et le Quatuor à cordes opus 7 de Schoenberg, pour que l’héritage de Beethoven soit enfin pleinement assimilé.
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