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beautés terrestres.

Publié le 22/10/2012

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beautés terrestres. Mais celles de là-haut seraient à leur tour manifestement bien supérieures à ces dernières. Phédon, 109b-110b 6. LE PHILOSOPHE SUR LE BATEAU IVRE [ADIMANTE-SOCRATE] — A. Quelqu'un pourrait te dire, Socrate, que si, en parole, il n'est pas capable de faire objection à chacune des questions que tu poses, en fait, il voit cependant fort bien ce qu'il advient de tous ceux qui, s'étant lancé dans la philosophie, n'ont pas su s'en détacher après s'y être adonné quand ils étaient jeunes en vue de se cultiver, et qui en ont prolongé la pratique : les uns, la plupart, sont devenus des êtres très bizarres, pour ne pas dire tout à fait malfaisants ; les autres, ceux qui paraissent les plus convenables, n'en ont pas moins été condamnés, par cette pratique dont tu fais l'éloge, à devenir inutiles à l'Etat. — S. Crois-tu qu'ils se trompent, ceux qui disent cela ? — A. Je ne sais, mais il me plairait d'entendre ton avis. — S. Tu entendrais que selon moi, ils disent vrai. — A. Mais alors comment siérait-il de prétendre que les États n'auront de cesse à leurs maux avant d'être gouvernés par ces philosophes dont nous venons de reconnaître qu'ils leur sont inutiles ? — S. Tu me poses là une question à laquelle on est obligé de répondre en recourant à une image. — A. Ce n'est pourtant pas ton habitude de parler par image. — S. Moques-toi de moi, après m'avoir jeté dans un argument si difficile à démontrer ! Suis mon image, tu verras encore mieux à quel point je m'y empêtre. Si pénible est le sort que les États infligent aux plus raisonnables qu'il n'y en a pas un autre qui lui soit comparable ; aussi pour le dépeindre et plaider leur cause faut-il recourir à une image composite, du genre de celles que les peintres composent, des boucs-cerfs et des monstres de même espèce. Représente-toi donc la scène suivante se passant sur un navire ou une flotte : le patron est plus grand et plus fort que le reste de l'équipage, mais il est dur d'oreille, il a la vue basse et sa compétence en navigation est à l'avenant ; les marins se chamaillent pour prendre la barre, chacun prétend qu'il lui revient de la tenir, bien qu'il n'ait jamais appris l'art de gouverner, qu'il soit incapable de dire sous quel maître ni à quel moment il l'a appris ; au surplus, tous prétendent qu'il ne s'agit pas d'un art qui puisse s'apprendre et ils sont même prêts à mettre en pièces quiconque prétend qu'il peut s'apprendre. Ils ne cessent de submerger le patron, le pressent et font tout pour qu'il leur confie la barre ; il arrive que certains, qui n'ont pas réussi à le convaincre, alors que d'autres y sont parvenus, exécutent ces derniers et les jettent pardessus bord. Quant au brave patron, ils le neutralisent en recourant à la mandragore, à l'ivresse ou à tout autre expédient ; devenus maîtres du navire, ils s'emparent de la cargaison, boivent et font ripaille, et naviguent comme peuvent le faire des gens dans cet état. En outre, celui qui a l'habileté de les aider à s'assurer le commandement en persuadant le patron ou en lui faisant violence, ils le comblent d'éloges en le traitant de vrai marin, de bon pilote et de savant navigateur, alors qu'ils traitent de propre à rien celui qui s'en abstient. L'idée ne les effleure même pas que le pilote authentique doit tenir soigneusement compte du temps, des saisons, du ciel, des astres, des vents et de tout ce qui a rapport à son art, pour être un véritable capitaine de navire ; quant à la manière dont il gouvernera avec ou sans l'opposition de certains, ils ne croient pas qu'il soit possible d'en acquérir la théorie ni la pratique conjointement avec l'art du pilotage. Quand les navires en sont là, ne crois-tu pas que le pilote véritable se voit traité de tête en l'air, de bavard et de propre à rien par de tels équipages ? — A. C'est certain. — S. Je suppose que tu n'as pas besoin de scruter l'image dans le détail pour voir qu'elle figure le comportement des États à l'égard des vrais philosophes, et que tu comprends ce que je veux dire ? — A. Assurément. — S. A qui trouve étonnant que les philosophes ne soient pas à l'honneur dans les Etats, commence donc par rapporter cette image pour tenter de le convaincre qu'il serait beaucoup plus étonnant qu'ils s'y voient honorés. — A. C'est ce que je ferai. — S. Dis-lui aussi qu'il n'a pas tort de déclarer les plus sages des philosophes inutiles à la foule, tout en le priant de ne pas en rendre les sages responsables, mais bien ceux qui ne les utilisent pas. Car qu'un capitaine prie des marins de se mettre sous son commandement, cela n'est pas dans l'ordre, pas plus qu'il n'est pas dans l'ordre que <4 les sages frappent aux portes des riches «, quoi qu'en dise l'épigramme. Ce qui est dans l'ordre véritable, c'est que le malade, riche ou pauvre, aille frapper à la porte du médecin ; que quiconque a besoin d'être gouverné s'adresse à celui qui est capable de gouverner. République VI, 487c-489c 7. L'OBLIGATION POLITIQUE DU PHILOSOPHE [SOCRATE-GLAUCON] — S. Voici ce qu'il nous revient de faire, à nous, fondateurs de l'État : obliger les meilleurs à parvenir au savoir que nous venons de dire suprême, à voir le Bien et à faire cette fameuse ascension ; quand ils l'auront faite et qu'ils l'auront vue suffisamment, ne pas leur permettre ce qu'on leur permet aujourd'hui... — G. Quoi donc ? — S. De demeurer là-haut sans consentir à redescendre auprès des prisonniers de la caverne ni à prendre part à leurs peines et à leurs honneurs, plus ou moins estimables. — G. Mais alors

« 46 PLATON PAR LUI-MÊME image composite, du genre de celles que les peintres composent, des boucs-cerfs et des monstres de même espèce.

Représente-toi donc la scène suivante se pas­ sant sur un navire ou une flotte : le patron est plus grand et plus fort que le reste de l'équipage, mais il est dur d'oreille, il a la vue basse et sa compétence en navigation est à l'avenant ; les marins se chamaillent pour prendre la barre, chacun prétend qu'il lui revient de la tenir, bien qu'il n'ait jamais appris l'art de gou­ verner, qu'il soit incapable de dire sous quel maître ni à quel moment il l'a appris ; au surplus, tous préten­ dent qu'il ne s'agit pas d'un art qui puisse s'apprendre et ils sont même prêts à mettre en pièces quiconque prétend qu'il peut s'apprendre.

Ils ne cessent de sub­ merger le patron, le pressent et font tout pour qu'il leur confie la barre; il arrive que certains, qui n'ont pas réussi à le convaincre, alors que d'autres y sont parvenus, exécutent ces derniers et les jettent par­ dessus bord.

Quant au brave patron, ils le neutralisent en recourant à la mandragore, à l'ivresse ou à tout autre expédient ; devenus maîtres du navire, ils s'emparent de la cargaison, boivent et font ripaille, et naviguent comme peuvent le faire des gens dans cet état.

En outre, celui qui a l'habileté de les aider à s'assurer le commandement en persuadant le patron ou en lui faisant violence, ils le comblent d'éloges en le traitant de vrai marin, de bon pilote et de savant navigateur, alors qu'ils traitent de propre à rien celui qui s'en abstient.

L'idée ne les effleure même pas que le pilote authentique doit tenir soigneusement compte du temps, des saisons, du ciel, des astres, des vents et de tout ce qui a rapport à son art, pour être un véri­ table capitaine de navire ; quant à la manière dont il gouvernera avec ou sans l'opposition de certains, ils ne croient pas qu'il soit possible d'en acquérir la théorie ni la pratique conjointement avec l'art du pilo­ tage.

Quand les navires en sont là, ne crois-tu pas que le pilote véritable se voit traité de tête en l'air, de bavard et de propre à rien par de tels équipages ? -A.

C'est certain.

-S.

Je suppose que tu n'as pas. »

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