Bardamu: Son enfance, sa mère et son évolution psychologique au long de son périple.
Publié le 11/09/2006
Extrait du document
On ne sait pas grand chose sur l'enfance de Bardamu, il en parle très peu dans Voyage au bout de la nuit. Il a grandi avec sa mère et n'évoque jamais la présence d'un père. Il raconte qu'il allait voir les paysans le soir avec sa mère et nous savons qu’il a passé une partie de son enfance en Allemagne : " Aussi loin que je cherchais dans ma mémoire, je ne leur avais rien fait aux Allemands. J'avais toujours été bien aimable et bien poli avec eux. Je les connaissais un peu les Allemands, j'avais même été à l'école avec eux, étant petit, aux environs de Hanovre. J'avais parlé leur langue..." Sa vision des Allemands est toujours une vision d'enfant : " mes sentiments n'avaient pas changé à leur égards". Il a grandi dans la misère, sa mère tenait une mercerie et ils n’avaient donc pas beaucoup d'argent : "elle ne connaissait en fait de misère que celles qui ressemblaient à la sienne". Lorsqu'il était adolescent Bardamu a travaillé chez un bijoutier où il gagnait très peu, chez les Puta. La mère de Bardamu est montrée comme une femme à la fois triste, fragile et optimiste. Elle accepté sa situation de "petite gens" et s'y résigne. C'est, selon elle, son destin et elle pense ne rien pouvoir y changer: "elle croyait au fond que les petites gens de sa sorte étaient faits pour souffrir de tout, que c'était leur rôle sur la terre" , comme si elle était coupable de quelque chose et que donc elle devait payer; C'est une sorte de martyr. Même si elle est malheureuse à l'idée que son fils parte à la guerre (elle pleure tout au long du passage), elle s'y résout quand même car elle est un peu naïve, et croit ce qu'on lui dit: "elle croyait aux mots qu'on lui disait pour m'enlever". Son opinion sur la guerre est assez "légère": "les tués pour elle c'était rien que des accidents, comme aux courses, y n'ont qu'à bien se tenir, on ne tombait pas" . Cette mère représente exactement la mentalité de la plupart des femmes de cette époque là. Elle ne sait de la guerre que ce que la population sait au début de celle-ci. Elle croit naïvement ce qu'on lui dit, et pense donc que la guerre n'est pas si horrible que ça. Cependant elle souhaite que tout cela se termine, et pense vraiment que la guerre se terminera peu de temps après qu'elle a commencé. Le périple de Bardamu commence à Paris, lorsqu'il s'engage pour partir faire la guerre. Il fait cela sur un coup de tête, il est jeune et naïf et ne sait pas vraiment ce qui l'attend. Le choc est alors d'autant plus fort. Il y découvre toute l'horreur et la haine de l'humanité et sera à partir de ce moment là un autre homme, et restera marqué à vie. En Afrique, il découvre l'horreur de l'exploitation coloniale et vit dans des conditions effroyables. Il repart de ce pays encore plus traumatisé qu'avant. L'humanité le dégoûte, il ne comprend pas le monde dans lequel il vit ni les hommes qui l'entourent. A New-York, ville dont il a toujours rêvé, il est de nouveau désillusionné: sa vie là bas n'est que solitude et pauvreté. C'est une nouvelle épreuve qu'il affronte du mieux qu'il peut. Le moment le plus heureux de son existence semble être lors de son aventure avec Molly. Mais Bardamu n'arrive pas à avoir de sentiments pour elle, et ressent le besoin de continuer son périple, comme s'il ne supportait pas le bonheur ainsi que le fait d'être aimé. Son malheur recommence dès son retour en France. C'est à Rancy qu'il découvre les côtés les plus répugnants de la condition humaine. Bardamu semble être conditionné pour souffrir, pour avoir une existence misérable et il l'accepte, pensant tout simplement que c'est son destin. La seule lueur d'espoir de Bardamu est Bébert, un enfant qui peut encore décider de son destin et devenir quelqu'un de bien. Cet enfant symbolise un réel espoir pour Bardamu, et lorsque Bébert meurt, le voyage au bout de la nuit du personnage principal s'envole. Ce n'est qu'à la fin du récit que Bardamu connait une existence assez convenable, lorsqu'il est médecin dans un établissement psychiatrique à Paris. Seulement il est obsédé par le fait de trouver un moyen de mourir en s'en moquant, comme Robinson le fit. Toute l'existence de Bardamu est misérable, il ne ressent rien, est dégoûté par l'espèce humaine et n'a même plus peur de la mort. Il hait le monde tel qu'il est, et chaque moment de bonheur est pour lui insignifiant.
Liens utiles
- ÉVOLUTION PSYCHOLOGIQUE DE L'ENFANT (L’). Henri Wallon
- enfance inadaptée, terminologie employée en France pour désigner des enfants et des adolescents qui, sans être malades au sens habituel du terme, s'intègrent difficilement dans la communauté et relèvent de dispositifs d'assistance médicale, sociale, psychologique ou éducative particuliers.
- YOURCENAR, Marguerite de Crayencour, dite Marguerite (8 juin 1903-17 décembre 1987) Ecrivain Orpheline de mère, elle passe son enfance dans la propriété familiale, près de Bailleul et commence l'étude du latin et du grec, avec son père.
- GIDE, André Paul Guillaume (22 novembre 1869-19 février 1951) Ecrivain Une enfance et une adolescence réservées, sinon tristes, hantées par le péché, sont " l'héritage " que Gide doit à ses origines, protestantes par son père, catholiques par sa mère.
- paragraphe argumenté "évolution psychologique de Phèdre"