Balzac, Le père Goriot « L’Enterrement du père Goriot »
Publié le 05/06/2013
Extrait du document
«
La précipitation, la hâte d'en finir sont manifestes à travers un lexique temporel qui souligne de façon réitérée le
caractère expéditif de ces funérailles de pauvre.
Toutes les interventions du clergé sont parcimonieusement
chronométrées : « Le service dura vingt minutes...
Nous pouvons aller vite...
il est cinq heures et demie...
A six
heures, le Père Goriot... ».
Enfin, tous disparaissent « aussitôt que fut dite la courte prière... ».Cette impression
de funérailles au pas de course est accentuée par la notation dépouillée des faits, qui sont dits brièvement,
dans leur nudité, sans commentaire.
Toute une série de verbes au passé simple établit la succession nue et
banale des évènements : « Les deux prêtres...
vinrent et donnèrent,...
les gens du clergé chantèrent,...
deux
voitures armoriées mais vides se présentèrent et suivirent...
le corps du Père Goriot fut descendu... ».
La
structure de la phrase suggère même un escamotage de la descente dans la fosse, cet acte essentiel traité en
quelques mots étant aussitôt supplanté par la débandade de tous : « A six heures, le corps du Père Goriot fut
descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt
que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant ».Vous aurez noté, dans cette ample
période, la disproportion entre la partie très brève consacrée au défunt, oublié sitôt après le mot « fosse », et la
fuite des assistants longuement évoquée.
La contrainte de l'argent a été dominante tout au long du roman ; elle est rappelée ici dans un registre lexical
très insistant, et elle s'exerce jusqu'au bord de la tombe : à l'église, Goriot obtient « tout ce qu'on peut avoir
pour soixante-dix francs », car « le religion n'est pas assez riche pour payer gratis ».
Au cimetière, le clergé
mesure son temps sur « l'argent de l'étudiant ».
Dans la fosse même, « l'un des fossoyeurs lui demanda un
pourboire ».
Alors « Eugène fut forcé d'emprunter vingt sous à Christophe ».
L'argent toujours : jusqu'au bout
de la vie, et dans la mort même, sans argent on n'a rien.
Il conditionne aussi l'intervention du clergé, qui est
assimilée à une prestation de service exactement tarifiée.
II Rastignac : l'achèvement d'un itinéraire
En un court moment, et en quelques phrases, le deuil dans le coeur d'Eugène est supplanté par le désir de
parvenir.
L'adieu au passé est suscité par le choc des vingt sous qu'il n'a pas et qui agissent sur Eugène comme un
déclic révélateur de l'égoïsme social : « Ce fait si léger en lui-même détermina chez Rastignac un accès.
»
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