Asie. 1 PRÉSENTATION Asie, continent du monde, regroupant 46 pays répartis sur six régions géographiques. Constitué par l'Asie de l'Ouest, l'Asie centrale, le Proche-Orient, l'Asie du Sud, l'Asie du Sud-Est et l'Asie de l'Est, le continent asiatique est délimité au nord par l'océan Arctique, à l'est par le détroit de Béring et l'océan Pacifique, au sud par l'océan Indien et au sud-ouest par la mer Rouge et la mer Méditerranée ; à l'ouest, la frontière entre l'Europe et l'Asie est située par convention aux montagnes de l'Oural, toutefois la masse des terres formée par l'Europe et l'Asie est appelée l'Eurasie. Dans le sud-est de l'Asie, des archipels et des îles se succèdent vers l'est jusqu'en Océanie : ce sont les îles des Philippines et de l'Indonésie (Sumatra, Java, les Célèbes (Sulawesi), Bornéo et la Nouvelle-Guinée. Taïwan, les îles du Japon et de Sakhaline sont pour leur part situées dans le nord-est de l'Asie. Le Sri Lanka et des chapelets d'îles plus petites comme les Maldives, les îles Andaman et Nicobar se trouvent dans l'océan Indien. Le continent asiatique couvre une superficie d'environ 32 millions de km2 (c'est le plus grand continent du monde) et comptait (en 2004) une population d'environ 3,7 milliards d'habitants (c'est le continent le plus peuplé de la planète). 2 L'ENVIRONNEMENT NATUREL L'Asie s'étend du nord au sud depuis le cap Tchéliouskine (en Sibérie, Russie), au nord, jusqu'à l'extrémité méridionale de la voir péninsule de Malacca, au sud. Le continent a une largeur maximale d'environ 8 500 km d'ouest en est, du cap Baba (nord-ouest de la Turquie), à l'ouest, au cap Dejnev (nord-est de la Sibérie, Russie), à l'est. C'est en Asie que se trouvent le point le plus haut et le point le plus bas de la Terre (le mont Everest, 8 850 m au-dessus du niveau de la mer et la mer Morte, 390 m au-dessous du niveau de la mer). Les régions intérieures de l'Asie sont constituées par des montagnes et des plateaux séparés par des bassins structuraux. Situé un peu au sud du centre géométrique de l'Asie, le coeur du continent se compose de l'Himalaya, des chaînes de montagnes voisines et du plateau tibétain. Autour de ce noyau central se trouvent quatre larges plateaux (la Sibérie, la Chine de l'Est, l'Inde du Sud et l'Arabie), de grands bassins structuraux, ainsi que des plaines traversées par des cours d'eau. 2.1 Histoire géologique La théorie de la tectonique des plaques énonce que la surface de la Terre est formée de plusieurs vastes plaques continentales auxquelles correspond le même nombre de grandes plaques océaniques dont la plupart sont en mouvement. La plus grande d'entre elles est la plaque continentale eurasienne. Elle est en partie composée de roches remontant à l'époque précambrienne (de la formation de la Terre, vers - 4,6 milliards à - 540 millions d'années), et constitue aujourd'hui le bouclier de l'Angara de la Sibérie orientale, une grande partie de l'Arabie et, en Inde, le Deccan. Pendant la plus grande partie des périodes paléozoïque et mésozoïque (entre 570 et 65 millions d'années avant nous), l'intérieur de l'Eurasie était pour l'essentiel occupé par une mer immense, la Téthys ; cette mer a laissé d'importants dépôts sédimentaires. Il y a environ 30 millions d'années, le sous-continent indien, qui s'était détaché de l'Afrique du Sud-Est et avait dérivé vers le nord-est, commença à exercer une poussée sous la plaque continentale eurasienne, créant ainsi une énorme dépression, qui fut plus tard remplie de sédiments pour former la plaine indo-gangétique. Le sous-continent indien exerça en même temps une énorme pression qui eut pour conséquence le phénomène suivant : la bordure sud de la plaque continentale de l'Eurasie se plissa en une succession de grandes chaînes de montagnes, dont la plus importante est l'Himalaya. La théorie de la tectonique des plaques permet également d'expliquer deux autres phénomènes : d'une part, la formation des péninsules, des archipels et des chaînes de montagnes en forme d'arc et, d'autre part, l'activité volcanique et l'instabilité tectonique en Asie de l'Est et du Sud-Est. En Asie de l'Est, la plaque de l'océan Pacifique, qui se déplace vers l'ouest, exerce une très forte poussée sous le plateau continental eurasien. Le Japon, Taïwan, les îles Kouriles, les îles Ryukyu et les Philippines résultent de l'action de ces forces. En Asie du Sud-Est, les mouvements relatifs des plaques de l'océan Indien et de l'océan Pacifique rendent la situation plus complexe ; ils expliquent également la présence en Asie du Sud-Est de hautes terres orientées nord-sud, et l'activité volcanique qui caractérise la majeure partie de l'archipel indonésien. 2.2 Le relief Le relief de l'Asie s'articule autour du haut plateau du Pamir, auquel on donne le nom de « toit du monde «. Cette région se situe au point de convergence de l'Inde, de la Chine, du Tadjikistan, du Pakistan et de l'Afghanistan. Plusieurs sommets dépassent les 6 000 m. Les montagnes du Pamir sont prolongées en un mouvement de spirale par l'Hindu Kush et par la chaîne de l'Elbourz, dans le nord de l'Iran. Au-delà s'étendent les chaînes du Caucase entre la mer Caspienne et la mer Noire, puis le Kuzey Anadolu Da? lar? (ou chaîne Pontique), le long de la mer Noire, en Turquie. Au sud-est s'élève le Haut Himalaya, qui est doublé vers le nord et le sud par des montagnes plus petites, mais néanmoins imposantes. Ces montagnes forment un arc de cercle impressionnant, orienté est-ouest, d'une longueur de 2 500 km ; de nombreux pics dépassent les 6 000 m, et quatorze sommets, dont le mont Everest, dépassent les 8 000 m. Au sud-est du Pamir se trouvent la chaîne du Karakorum et celles des monts Kunlun et de l'Altun shan. Cette suite de montagnes continue ensuite vers l'est en formant des ensembles moins élevés comme les Nan Ling (Nan shan), qui prennent le nom de Qin Ling dans le nord de la Chine. Ces montagnes marquent la limite entre les deux zones climatiques très différentes du nord et du sud de la Chine. L'Himalaya et les chaînes du Karakorum et des Kunlun sont séparées par le plateau tibétain, dont l'altitude se situe entre 3 600 et 4 500 m. À l'est du Pamir s'étend la grande chaîne des Tian shan, dont certains sommets dépassent les 6 000 m. Toutefois, les hauteurs atteintes ont tendance à diminuer à mesure que l'on s'approche des frontières de la Mongolie. Plus au nord-est, les monts de l'Altaï s'avancent dans la république de Mongolie. Au-delà se trouvent les montagnes Saïan, les monts Iablonovyï et les monts Stanovoï, dans l'est de la Sibérie ; toutefois, les deux dernières chaînes ne font pas directement partie des hautes terres elles-mêmes. Le coeur du massif montagneux est occupé dans sa partie septentrionale par plusieurs grands bassins structuraux. Le bassin chinois de Djoungarie est situé le plus au nord, entre les Tian shan et l'Altaï. Au sud de cette région, entre les Tian shan et les chaînes du Karakorum et des Kunlun, s'étend le large bassin du Tarim, qui abrite l'un des plus grands déserts de moyenne altitude, le désert du Taklamakan. On trouve, enfin, le bassin de Qaidam (Tsaidam), enserré par les hautes montagnes des Kunlun et de l'Altun shan. Il existe, par ailleurs, une grande variété de sols. Les forêts de la Sibérie possèdent un sol acide, qui est caractéristique de la toundra et de la taïga ; le permafrost se rencontre communément, et le réseau hydrographique est en général peu développé. On trouve ensuite les sols noirs des prairies, des steppes et des déserts, qui s'étendent en une large bande depuis le nord de la Chine jusqu'à la mer Noire et l'Asie du Sud-Est. Les sols noirs des steppes sont parmi les plus fertiles de l'Asie. Ils sont communs au nord de la Chine centrale et au sud-ouest de la Sibérie. En Asie du Sud et de l'Est, les sols les plus fertiles sont formés par les alluvions déposées dans les vallées basses des grands fleuves comme l'Indus et le Gange. Ces sols constituent l'essentiel des terres qui sont cultivées de façon intensive. Dans les régions de basse latitude, on trouve des sols tropicaux, qui sont en général moins fertiles. Vers le nord, ces sols se chargent d'une quantité d'humus plus importante, qui augmente leur fertilité. 2.3 Les cours d'eau On pourrait comparer le coeur du massif montagneux de l'Asie à une gigantesque roue, dont les rayons sont formés par de grands cours d'eau qui s'écoulent dans toutes les directions. Sept d'entre eux figurent parmi les douze plus longs fleuves du monde. Prenant naissance au nord et au nord-est du massif, la Lena, l'Ienisseï et l'Ob se jettent dans l'océan Arctique. Ils ont auparavant traversé de larges plaines alluviales. Vers l'ouest, des rivières comme l'Ili, le Syr-Daria et l'Amou-Daria dévalent les pentes des Tian shan et du Pamir pour s'écouler dans des mers intérieures. Il s'agit en l'occurrence du lac Balkhach pour la rivière Ili, et de la mer d'Aral pour les deux autres rivières. Avec le Zeravchan et des rivières moins importantes au nord du Tibet, à l'ouest de la Chine, et au sud de la Mongolie, ces cours d'eau forment le grand bassin hydrographique de l'intérieur de l'Asie avec une superficie d'environ 10 millions de kilomètres carrés. Dans les régions du sud, du sud-est et de l'est, les grands cours d'eau traversent de vastes terres basses. Du sud-ouest au nord-est, on trouve successivement l'Indus, le Gange, le Brahmapoutre, le Salouen, le Mékong, le Yang-tseu-kiang, le Huang he (fleuve Jaune) et l'Amour ; tous ces cours d'eau sont alimentés par les neiges ou les glaces, et ils prennent leur source soit en bordure, soit au coeur du massif montagneux. 2.4 Le climat Le climat du continent asiatique présente une aussi grande variété que sa végétation, qui passe de la forêt équatoriale humide à la toundra de l'Arctique. Pour l'essentiel, la partie septentrionale de l'Asie est dominée par le mouvement des masses d'air polaire du continent, qui circulent de l'ouest de la Sibérie vers le nord du Pacifique. Les hivers sont longs et rigoureux, et les étés courts et frais ; les précipitations annuelles sont faibles. Ce type de climat se retrouve également sur le plateau tibétain et sur les autres terres élevées. Le climat des régions intérieures est semi-aride, ou typique des déserts de moyenne altitude, avec des hivers rudes et des étés chauds ou très chauds ; la moyenne des précipitations annuelles est inférieure à 230 mm. Dans les régions bordières du sud et de l'est du continent dominent les climats de mousson ; l'hiver, les mouvements d'air vont des froides régions intérieures orientales et méridionales vers les eaux océaniques, et l'été des océans vers les terres plus chaudes. En général, le climat des marges de l'Asie connaît des hivers froids et secs, et des étés chauds et humides, les précipitations étant surtout concentrées pendant les mois d'été. Le terme de mousson est appliqué habituellement à tous les climats de l'Asie du Sud et de l'Est, alors qu'il ne devrait caractériser réellement qu'une partie du sous-continent indien et de la Birmanie. Dans ces régions, les précipitations moyennes annuelles dépassent les 2 000 mm. Dans les autres régions du sud et de l'est de l'Asie, les pluies sont soit moins concentrées pendant l'été, soit réparties de façon égale sur toute l'année. Pour l'essentiel, l'Asie de l'Est est soumise à des courants d'air maritime qui sont amenés depuis l'ouest du Pacifique et prennent l'aspect de vents de mousson. Dans les endroits où les reliefs montagneux jouent un rôle, l'hiver est en général humide, comme c'est le cas de la côte orientale des Philippines, du Viêt Nam et de la Malaisie, et dans certaines parties du sud de l'Inde. Les régions côtières de l'Asie de l'Est peuvent également être touchées par des typhons meurtriers, qui trouvent leur origine à l'ouest du Pacifique, et dans la partie septentrionale de la mer de Chine méridionale. Le climat de l'Asie du Sud-Ouest connaît un régime climatique différent, qui rappelle beaucoup celui d'une grande partie de la Méditerranée. Il est dominé par une ceinture de hautes pressions formées de masses d'air sec et relativement stable. Ces masses se déplacent lentement d'ouest en est, en apportant des pluies hivernales, avant d'atteindre le nord de l'Inde. Les précipitations annuelles sont faibles et un climat de steppes semi-arides et de désert prédomine. Ce type de climat s'étend au nord-ouest de la péninsule indienne. 2.5 La végétation La végétation est d'une diversité extraordinaire étroitement liée à la variété des sols et des climats. À l'extrémité nord du continent, en Sibérie, une végétation de toundra et de taïga prédomine. La première est surtout formée de mousse et de lichens ; la seconde est constituée de grandes forêts de conifères, et plus précisément de mélèzes, de pins, de sapins et d'épicéas. Au sud de la taïga, on trouve de larges bandes de prairies orientées est-ouest, qui laissent la place, vers le sud, à un paysage désertique de plus en plus aride, où poussent surtout des broussailles. Ce type de végétation se retrouve sur les plateaux du centre et de la périphérie des zones montagneuses, ainsi que dans une grande partie de l'Asie du Sud-Ouest. En Asie du Sud, du Sud-Est et de l'Est, la forêt tropicale humide prédomine dans les régions de très basse latitude, qui connaissent de fortes pluies pendant toute l'année. Il s'agit d'une forêt luxuriante, à feuilles persistantes, composée de nombreuses espèces d'arbres comme le teck, le jaquier, l'eucalyptus, le chêne et diverses espèces de bambous et de palmiers. Au nord de l'équateur s'étend une forêt tropicale plus ouverte, que l'on appelle souvent forêt de mousson. Celle-ci se transforme vers le nord en une forêt subtropicale, à feuilles persistantes, que l'on trouve par exemple dans le sud de la Chine et au Japon. Les régions de latitude moyenne se caractérisent par des forêts d'arbres à feuilles persistantes et d'arbres à feuilles caduques. Ces forêts sont remplacées en direction du nord par des forêts de conifères. 2.6 La faune La faune asiatique présente une diversité comparable à celle des climats, des sols et de la végétation du continent. Les régions du nord sont riches en oiseaux et en animaux à fourrure comme l'ours brun, la loutre, le lynx, la zibeline, l'hermine et le loup. La steppe et les régions semi-arides abritent de nombreuses antilopes ainsi que des espèces d'animaux vivant dans des terriers comme le lièvre et le rat des champs. On trouve également des poissons d'eau douce sur tout le continent. Le lac Baïkal abrite une faune remarquable, même si une grave pollution industrielle menace de nombreuses espèces. Les hautes terres sont les territoires des moutons sauvages et des chèvres, et l'on trouve des yacks sauvages au Tibet. La faune devient plus rare dans les régions désertiques très chaudes de l'Asie du Sud-Ouest et du Sud, où le lion d'Asie est une espèce pratiquement éteinte. Toutefois, les chacals et les hyènes se rencontrent encore fréquemment dans certaines régions. Dans les zones plus humides de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, les siècles d'occupation humaine qui se sont traduits par le développement de l'habitat et de la chasse ont entraîné une diminution considérable de la faune. Cependant, les singes sont partout présents dans les régions du sud, et le tigre de l'Inde subsiste encore dans des territoires malheureusement limités de l'Asie du Sud et du Sud-Est. Les oiseaux, les serpents, les lézards abondent, et différentes espèces de crocodiles sont très répandues. En Asie du Sud-Est, on trouve de grands singes comme le gibbon, et plus rarement l'orang-outang. De nombreuses espèces de cervidés et d'antilopes se rencontrent dans les régions moins peuplées comme Bornéo, qui abrite un grand nombre d'écureuils volants et de rats arboricoles. Certaines espèces présentent un intérêt particulier : c'est le cas du rhinocéros de l'Asie du Sud-Est, qui compte peu de spécimens, de l'éléphant d'Asie, du tapir, du fourmilier et du buffle sauvage de l'Inde et d'Asie du Sud-Est. 2.7 Les ressources minérales Les ressources minérales connues sont très importantes, et une grande partie du continent asiatique reste à prospecter ; c'est le cas du Tibet. La Sibérie, le nord de la Chine et le nord-est de l'Inde possèdent de riches gisements de houille, que l'on trouve également en quantités moins importantes dans d'autres régions. Les gisements de pétrole et de gaz naturel se concentrent surtout dans la région du golfe Persique, dans certaines parties de l'Indonésie, dans le nord et le centre de la Chine, sur les rivages de la mer Caspienne, et dans les terres basses de l'ouest de la Sibérie. De grands gisements se trouvent également au large des côtes de Chine, d'Indonésie, de la Malaisie et de l'Inde de l'Ouest. Les gisements métalliques sont assez rares dans l'Asie du Sud-Ouest, en dehors de la Turquie, grand producteur de chrome. On trouve dans d'autres régions du continent asiatique divers minerais métalliques en quantités importantes, en particulier en Chine et en Sibérie. La Malaisie, la Thaïlande et l'Indonésie sont très riches en étain, et l'Inde est bien pourvue en minerais de fer et de manganèse. Parmi les autres grandes ressources minérales figurent l'or, l'argent, l'uranium, le cuivre, le plomb et le zinc. On trouve des diamants, des saphirs et des rubis en Asie du Sud et du Sud-Est ; le sous-sol de la Sibérie recèle des pierres précieuses, et en particulier des diamants. 3 LA POPULATION Les peuples asiatiques sont concentrés dans des zones peu étendues, principalement en Asie du Sud et de l'Est. La densité démographique est faible dans la plus grande partie de l'Asie du Sud-Ouest, et dans les régions nord et intérieures du continent. La Mongolie est, avec une densité inférieure à 2 habitants au km 2, le pays le moins peuplé au monde. La population de ces régions vit principalement dans des oasis situées près de cours d'eau, comme l'oasis de Tachkent, où le nombre d'habitants est très élevé. En Sibérie, les colonies sont surtout installées à proximité du Transsibérien et de ses lignes annexes. En Asie de l'Est et du Sud-Est, et dans la plus grande partie de l'Asie du Sud, les plaines situées près des cours d'eau sont très peuplées, avec des densités de population qui dépassent 4 000 habitants au km 2. Singapour est le pays le plus peuplé au monde avec une moyenne de 4 400 habitants au km2. 90 p. 100 de la population chinoise, qui s'élève à 1 milliard 200 millions d'habitants, est concentré dans le tiers oriental du pays. Au Japon, pays très industrialisé, la plupart des habitants vivent dans de grandes villes situées dans des plaines étroites. 3.1 Les aspects culturels et linguistiques L'Asie de l'Est se définit par la civilisation chinoise et par les cultures qui furent influencées par la Chine, tout en conservant leurs propres langues. Il en est ainsi des Tibétains, des Mongols, des Coréens et des Japonais. L'Asie du Sud-Est présente une plus grande diversité, même si l'influence malaise est très forte dans la péninsule et dans les archipels. La partie continentale de l'Asie du Sud-Est est peuplée par les Birmans, les Thaïs, les Vietnamiens et les Khmers, et par quelques autres groupes ethnolinguistiques. Au nord de l'Asie du Sud, les populations parlent diverses langues indo-européennes apparentées à l'hindi, alors qu'au sud prédominent les langues dravidiennes des populations indigènes de la péninsule indienne. En Asie du Sud-Ouest, le persan (farsi), l'arabe, le turc et l'hébreu sont les langues les plus importantes, qui correspondent à des groupes spécifiques. Les langues altaïques sont répandues en Asie centrale et à l'ouest de la Chine, bien que le russe soit aujourd'hui la langue dominante de la Sibérie. Voir aussi langues indo-iraniennes ; langues malayo-polynésiennes ; langues sémitiques ; langues sino-tibétaines ; langues slaves. 3.2 Démographie La population totale du continent dépasse les 3 milliards 200 millions d'habitants. L'est de l'Asie compte à lui seul 1 milliard 300 millions d'habitants, le sud-est 450 millions, le sud 1 milliard, le sud-ouest 200 millions, et l'ancienne Asie soviétique au moins 100 millions. Avec une densité moyenne de 71 habitants au km 2, la population est toutefois très inégalement répartie. La population asiatique est surtout rurale, même si l'urbanisation a progressé rapidement durant ces dernières décennies. Ainsi la population est principalement urbaine dans les pays suivants : Japon, Taïwan, Corée du Sud, Singapour, Hong Kong, Jordanie, Syrie, Israël, Iran, Irak, Arabie Saoudite, Koweït et Émirats arabes unis. Les Philippines et la Malaisie ont également des populations urbaines assez importantes. En dehors du monde chinois, et de certaines parties de l'Asie du Sud-Ouest et de l'Asie centrale, le développement des grandes villes est presque uniquement lié à la colonisation européenne qui a débuté au XVIe siècle. On trouve ainsi, aux lisières de l'Asie du Sud et du Sud-Est, quelques grandes villes qui doivent leur importance actuelle à l'ancienne domination politique et économique des Européens : Karachi, Bombay, Colombo, Madras, Calcutta, Rangoun, Georgetown (Penang), Kuala Lumpur, Singapour, Jakarta, Surabaya, Manille, Hô Chí Minh-Ville (l'ancienne ville de Saïgon), PhnomPenh et Hanoï. Bangkok n'est pas une ancienne cité coloniale, mais à beaucoup d'égards elle ressemble aux villes précédentes. Même en Chine, beaucoup de grandes villes côtières ont été fortement influencées par la présence européenne. Au Japon, plus de 75 p. 100 de la population vit dans les villes. Dans les autres pays, le taux de la population urbaine se situe entre 20 et 40 p. 100. En Asie du Sud-Ouest et du Centre, les anciennes traditions liées à la construction des villes ont été renforcées par la culture musulmane et ont donné naissance à des villes comme Téhéran, Bagdad, Damas, Jérusalem et Istanbul. Les formes récentes de l'urbanisation sont manifestes dans des cités comme Tel-Aviv-Jaffa, Tachkent, Beyrouth et Ankara. Si dans certains pays de l'Asie du Sud-Ouest et du Centre, la population urbaine ne représente encore qu'un faible taux de l'ensemble des habitants, le continent asiatique compte déjà la moitié de la population urbaine mondiale, et cette croissance urbaine ira en s'accélérant, car les villes asiatiques progressent deux fois plus vite que le taux de la population mondiale. Dans la plupart des pays, l'urbanisation est liée à l'augmentation rapide de la population et au développement de l'immigration. Chaque année, la population totale du continent asiatique progresse d'environ 1,8 p. 100. Le taux de croissance est beaucoup plus faible dans certains pays comme le Japon, la Chine, Taïwan et Singapour. Même si l'on prévoit une augmentation rapide et importante de la population en Asie, une explosion du nombre d'habitants reste très improbable, en raison des taux démographiques à la baisse en Chine, aux Philippines et en Inde. Toutefois, la population asiatique est jeune, ce qui signifie qu'elle aura tendance à augmenter dans un proche avenir. 3.3 Religion L'Asie est le berceau des grandes religions du monde. Le judaïsme, le christianisme et l'islam sont nés en Asie du Sud-Ouest ; le bouddhisme et l'hindouisme ont leurs racines en Inde, et la Chine est la terre du culte des ancêtres et de ce qu'on appelle la religion chinoise, qui se compose d'éléments confucianistes et taoïstes. Malgré l'importance de son influence historique, à la fois directe et indirecte, le christianisme n'est pratiqué aujourd'hui que par un petit nombre d'Asiatiques (essentiellement aux Philippines et en Corée du Sud). Le bouddhisme est maintenant une religion minoritaire en Inde, qui est pourtant son pays d'origine. Il s'est toutefois développé sous deux formes bien distinctes dans les régions intérieures de l'Asie et de l'Asie du Sud-Est. Il constitue ainsi la religion principale de la Birmanie, de la Thaïlande, du Cambodge et du Laos sous la forme du theravada (voir bouddhisme). Le bouddhisme mahayana est également important au Japon, au Viêt Nam et en Chine. L'islam prédomine en Asie du Sud-Ouest et en Asie centrale, et il joue un rôle de premier plan en Asie du Sud, où le Pakistan et le Bangladesh sont en majorité musulmans. En Asie du Sud-Est, l'islam est la principale religion de l'Indonésie. Plusieurs villes de l'Asie du Sud-Ouest sont d'importants lieux de pèlerinage. C'est le cas de La Mecque, de Médine et de Jérusalem. 4 LES MODÈLES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Une grande partie du continent est économiquement sous-développée. La majorité de la population asiatique est employée dans l'agriculture, caractérisée généralement par des taux de productivité et des rendements relativement bas. Seule une minorité de la population travaille dans l'industrie, mais l'intégration des centres urbains et des usines dans le secteur rural se produit difficilement sur le plan économique. Les transports nationaux et internationaux sont encore limités dans de nombreuses régions d'Asie, malgré leur récent développement. La situation générale tend toutefois à se modifier rapidement. Le Japon est maintenant la deuxième puissance économique du monde, derrière les États-Unis. Taïwan, la Corée du Sud, Singapour et Hong Kong ont été surnommés les quatre dragons, ou les quatre tigres, en raison de leur formidable dynamisme économique, qui s'appuie sur d'importants capitaux, mais aussi sur un coût de main-d'oeuvre assez bas. Israël et, dans une moindre mesure, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, la Turquie et les États producteurs de pétrole d'Arabie se développent rapidement. Ces pays affichent en général des taux de croissance économique supérieurs à 5 p. 100 par an, ce qui les situe bien au-delà de leurs taux de croissance démographique. Les États d'Arabie ont particulièrement bien réussi, mais les richesses ont été moins bien réparties que dans les autres pays. Bénéficiant d'investissements étrangers d'une grande ampleur, d'une privatisation et d'une industrialisation importantes, la république populaire de Chine a connu le taux de croissance le plus rapide de l'Asie au début des années 1990. En 1992, l'économie chinoise a progressé d'environ 12 p. 100, même si le niveau des revenus individuels est resté relativement bas. Le Viêt Nam et le Laos, qui sont deux des pays les plus pauvres d'Asie, sont également sur la voie du développement économique, et ils commencent à attirer d'importants capitaux étrangers. 4.1 L'agriculture La plus grande partie des terres asiatiques est infertile, et moins d'un tiers est cultivé. C'est en général le village plutôt que la ferme qui constitue l'unité de production. L'agriculture de l'Asie du Sud, du Sud-Est et de l'Est se caractérise par des petites propriétés établies sur des plaines alluviales, une grande concentration d'individus sur des surfaces limitées, une production essentiellement tournée vers l'économie de subsistance, un loyer de la terre élevé (sauf dans les pays communistes), une dépendance marquée à l'égard des céréales et des autres nourritures de base, et enfin l'emploi de techniques traditionnelles. Le riz est à la base de la nourriture en Asie du Sud, du SudEst et de l'Est. Il est en général cultivé sous des climats humides. En Asie du Sud et du Sud-Est, les rendements sont relativement bas, les systèmes d'irrigation contrôlés sont inégalement répartis, et les doubles récoltes sont rarement pratiquées. Toutefois, le développement des programmes d'irrigation en Inde et au Pakistan, ainsi que l'introduction depuis les années 1970 de variétés plus performantes, ont permis de stabiliser les taux de rendement annuels, et d'augmenter considérablement la production globale. Le Pakistan exporte désormais du riz. Le Japon a démontré qu'il était possible d'améliorer les taux de rendement du riz aquatique en introduisant des engrais et des variétés de riz performantes, en mettant en place un système d'irrigation adapté, et en supprimant le système féodal de la propriété foncière dans une agriculture toujours fondée sur l'existence de petites fermes. Depuis la fin des années 1960 (qui correspondent à ce que l'on a appelé la Révolution verte), de nouvelles variétés performantes de riz aquatique furent très utilisées dans beaucoup de régions de l'Asie du Sud-Est. Il en résulta une augmentation de la production, toutefois légèrement décevante par rapport aux prévisions. Le rendement moyen en Inde, en Thaïlande et en Birmanie ne représente qu'un tiers du rendement japonais. Dans certaines régions de l'Inde, les récoltes de blé ont largement bénéficié de l'introduction de variétés très performantes, qui avaient auparavant été testées au Mexique. Le blé est ainsi devenu la deuxième culture de l'Inde. Les grands domaines agricoles situés à des latitudes plus basses s'opposent nettement à l'économie de subsistance qui prédomine dans les régions avoisinantes. On trouve ainsi des cultures commerciales destinées à l'exportation, qui portent par exemple sur le caoutchouc, l'huile de palmier, la noix de coco, le thé, les pamplemousses et la fibre d'abaca. Il faut remonter à la période coloniale en Asie du Sud et du Sud-Est pour trouver l'origine de ces grands domaines dont beaucoup sont restés la propriété d'intérêts étrangers, qui exercent également un contrôle sur la production. Ces mêmes cultures commerciales sont produites en grandes quantités sur de petites propriétés. En Asie de l'Est, l'agriculture est fondée sur la culture du riz en rizières inondées jusqu'à une latitude d'environ 35° nord en Chine et d'environ 40° nord dans les autres régions. Les rendements sont élevés, comparés à ceux de l'Asie du Sud-Est ; les doubles récoltes sont couramment pratiquées, l'irrigation est très contrôlée et l'usage des engrais est répandu, en particulier au Japon. Au nord du fleuve Huai he, en Chine, le riz est remplacé par le blé et par des céréales de terres sèches, comme le sorgho et le maïs, cultivés sous forme intensive qui caractérise l'agriculture chinoise. Jusqu'à une date récente, la population rurale chinoise était rassemblée en communes, qui désignaient de grandes entités de commandement. Toutefois, c'est à l'échelle du village que la culture était organisée dans la commune. Dans la mesure du possible, on pratique l'élevage du porc, de la volaille, du poisson (dans des étangs) à la fois au nord et au sud du fleuve Huai he, mais l'industrie laitière et l'élevage des bovins sont répandus seulement au Japon et en Corée. Dans les régions moins humides de l'intérieur de l'Asie, on pratique la culture sèche de céréales. Cependant, l'élevage est prédominant ; il concerne en particulier les bovins, les moutons et les chevaux. Dans les oasis de l'Asie centrale, l'agriculture bénéficie d'une irrigation importante. La culture sèche de céréales, l'élevage de troupeaux par des nomades, et des cultures oasiennes caractérisent également l'Asie du Sud-Ouest. Toutefois, la productivité est en général peu élevée. 4.2 Sylviculture et pêche L'industrie du bois de construction joue un rôle essentiel dans la plupart des pays de l'Asie du Sud-Est, en particulier en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines. Le teck constitue la principale production de la Thaïlande. La cueillette et la culture itinérante sont encore pratiquées dans les zones forestières séparant des vallées. Il en va de même pour les régions reculées humides de l'Asie du Sud et de la Chine du Sud. Toutefois, la couverture forestière originelle a disparu depuis longtemps dans les régions très peuplées de l'Inde et de la Chine. L'industrie du bois est importante au Japon, où l'on a planté un grand nombre d'arbres, principalement des conifères, à la place de la végétation locale. La Sibérie possède d'énormes réserves de bois de construction, qui ont été jusqu'à présent relativement peu exploitées, en raison des conditions climatiques difficiles et de la présence massive de mélèzes, moins intéressants que d'autres essences. Les pêcheries maritimes sont très importantes en Asie. Le Japon est le premier pays de pêche au monde, et la Chine n'est pas placée très loin derrière. L'industrie de la pêche est également importante en Russie, en Thaïlande, en Indonésie et aux Philippines. La pisciculture est une activité de premier plan, en particulier en Chine. Bien que les produits de la pêche soient réservés dans les pays pauvres à la consommation locale, des efforts sont entrepris pour développer l'exportation de poissons qui sont séchés, congelés ou mis en conserve. 4.3 L'exploitation minière L'exploitation minière est importante dans la plupart des pays asiatiques, et elle joue un rôle essentiel sur le plan de l'exportation dans plusieurs de ces pays. Ainsi, l'Inde exporte du manganèse, la Malaisie, la Thaïlande et l'Indonésie de l'étain, dont la production mondiale provient pour l'essentiel de ces trois pays, et les Philippines du chrome. Le pétrole représente toutefois la première exportation minière de l'Asie. L'Asie du Sud-Ouest et, plus précisément, le Proche-Orient, détient les plus grandes réserves mondiales de pétrole en dehors de la Russie. L'Indonésie, et plus récemment la Chine et la Malaisie, en sont également des pays exportateurs. En Asie du Sud, des gisements limités de pétrole et de gaz naturel sont exploités au Bangladesh, au Pakistan, et au large de la côte occidentale de l'Inde. On trouve de grandes mines de charbon en Chine, au centre et à l'est de la Sibérie, au nord-est de l'Inde, en Iran et en Turquie. Parmi les autres produits miniers importants, on compte le fer, le manganèse et le tungstène en Chine, le soufre, le zinc et le molybdène au Japon, et l'or en Ouzbékistan et en Sibérie. 4.4 L'activité industrielle Le Japon est la deuxième puissance économique mondiale, et dispose d'un secteur industriel très développé qui emploie environ 25 p. 100 de la force de travail nationale. En dehors du Japon, les autres grands pays industriels de l'Asie sont la Chine, la Russie, l'Inde et les quatre « tigres asiatiques « : Taïwan, Hong Kong, Singapour et la Corée du Sud. L'industrie chinoise était auparavant concentrée dans le nord-est du pays, près des ports de Shanghai, Tianjin, Qingdao et Wuhan et dans certaines régions de l'intérieur qui disposaient de matières premières. L'investissement se porte aujourd'hui de plus en plus vers les régions du sud. La production chinoise de l'acier est comparable à celle du Royaume-Uni, même si le rendement par ouvrier est inférieur en Chine. En Inde, l'industrie est largement concentrée dans les régions de Calcutta, de Bombay, dans le centre de la péninsule, et dans quelques autres régions qui bénéficient de ressources importantes. En Sibérie, l'activité industrielle est regroupée près de l'Oural, et dans les grands centres urbains situés le long du Transsibérien (comme Novossibirsk) ou dans l'extrême-orient russe. L'Inde est désormais une grande puissance industrielle, mais ce secteur de l'économie n'emploie que 10 p. 100 de la main-d'oeuvre ouvrière nationale, alors que la Chine en emploie 15 p. 100. Depuis les années 1960, l'industrie s'est rapidement développée à Singapour, à Taïwan, en Corée du Sud et à Hong Kong. La Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines ont également connu une importante croissance industrielle. Les grandes industries des principaux pays asiatiques sont principalement consacrées à fournir le marché intérieur et à transformer les produits locaux industriels ou miniers. Mais chez les quatre tigres asiatiques, la tendance est de créer des industries qui se consacrent uniquement à l'exportation. Ces activités tirent parti de conditions financières avantageuses qui facilitent les investissements en profitant d'une main-d'oeuvre à bon marché. On trouve ainsi en Corée du Sud et à Taïwan des zones industrielles spécialisées dans les domaines de l'électronique et du textile et tournées vers l'exportation. 4.5 L'énergie Bien que la production globale d'énergie ait considérablement augmenté depuis les années 1960, la consommation d'énergie par habitant reste très faible dans la plupart des pays asiatiques, si l'on excepte les États les plus développés économiquement, anciennes républiques soviétiques, Japon, Taïwan, Corée du Sud, Singapour, Hong Kong, Malaisie, Koweït, Turquie, Israël, Arabie Saoudite. Dans beaucoup de régions, la question de l'énergie est liée aux ressources locales, en particulier au bois de chauffage. Dans le sud-ouest de l'Asie, la principale source d'énergie est le pétrole. En Inde, plus de la moitié de la production électrique provient de l'énergie hydraulique, et ce pays bénéficie dans ce domaine d'immenses possibilités. Toutefois, dans les campagnes indiennes, les excréments, le bois de chauffage et le charbon de bois constituent encore les principales sources d'énergie. La production de pétrole est importante dans certains pays du Sud-Est asiatique comme l'Indonésie et Brunei ; l'énergie hydraulique et le bois de charbon sont toutefois les principales ressources énergétiques pour la consommation domestique. La Chine et le Japon ont démontré que de petites usines hydroélectriques suffisaient pour fournir de l'énergie à des zones rurales et à de petites villes. On considère que la Chine a aujourd'hui en service vingt grandes usines hydroélectriques et environ 90 000 petites usines, essentiellement dans le sud de la Chine. Ces petites unités ne sont pas associées à des barrages, mais elles utilisent simplement la force du courant. La houille reste toutefois la principale source d'énergie en Chine. Au Japon, c'est le pétrole qui joue ce rôle, presque tous les produits pétroliers étant importés (l'énergie nucléaire permettait toutefois d'atteindre en 1990, 10 p. 100 de la production électrique). La Sibérie dispose d'immenses réserves hydroélectriques. 4.6 Les transports Les transports sont en général peu développés en Asie. Peu de lignes de chemin de fer relient les différents pays, et elles sont en général sous-utilisées, comme c'est le cas entre la Chine et les anciennes républiques soviétiques. On peut faire le même constat à propos des routes et des cours d'eau navigables qui ne servent guère au transport international. Le fleuve Amour, situé entre la Russie et la Chine, représente toutefois une exception de taille. La majorité des communications internationales en Asie se fait par mer ou par air. Tous les grands ports sont reliés par des navires de lignes régulières et par des navires de commerce. Les équipements portuaires sont d'importance variable, et les plus grosses cargaisons ne peuvent être traitées que dans certains ports chinois, indiens et japonais, ainsi qu'à Hong Kong et à Singapour. Ces marchandises proviennent des vastes régions de l'intérieur, et sont ensuite transportées par cargo vers l'étranger. Des lignes aériennes relient les grandes villes. Tokyo arrive en première position pour le trafic aérien en Asie, suivie par Bangkok, qui est située à un carrefour en Asie du Sud-Est. Dans la plupart des pays, les transports intérieurs sont en général assez limités. Les liaisons des communautés rurales, que ce soit entre elles ou avec des villes importantes sont, en général, peu développées. Les grandes routes sont rares, et les routes de campagne ne sont, en général, pas pavées. Sur le plan de l'infrastructure routière, les principales exceptions sont représentées par le Japon, Taïwan, la Corée du Sud, la Malaisie, Israël, la Turquie et une partie importante des Philippines. Lorsque le pays dispose de cours d'eau navigables, ils constituent souvent les grandes routes commerciales. En Chine, le Yang-tseu-kiang est depuis longtemps la grande artère est-ouest destinée au transport, reliée par un canal à la plaine de la Chine du Nord. En Asie du Sud-Est, le Mékong, le Menam et l'Irrawaddy ont permis d'intégrer les différentes composantes des territoires nationaux qu'ils traversent. En Inde, toutefois, les cours d'eau ont joué un rôle moins important sur le plan des transports. Le principal mode de transport intérieur est le chemin de fer. Le Japon est équipé d'un réseau ferroviaire très dense. Au milieu des années 1970, la Chine a réuni par un seul et vaste réseau tous les grands centres industriels et les capitales provinciales. Le pays se place actuellement au sixième rang mondial pour la taille de son réseau, mais celui-ci se révèle insuffisant et d'importants prolongements sont prévus ou en cours de réalisation. La Corée et Taïwan sont également bien équipées. Les pays de l'Asie du Sud-Ouest, et ceux de l'Asie du Sud-Est, en dehors de la Thaïlande et de la Malaisie, possèdent des réseaux ferroviaires fractionnés et peu étendus. En Asie du Sud, les Britanniques ont développé un réseau ferroviaire, qui a été divisé au moment de la séparation politique de l'Inde, du Pakistan et du Bangladesh. Les lignes de chemin de fer du Transcaspien et du Tursib (Turkestan-Sibérie) représentent les réseaux les plus importants de l'Asie centrale. Le Transsibérien avec ses lignes annexes, comme la ligne Baïkal-Amour, est le principal réseau de transport de la Sibérie russe. 4.7 Le commerce Dans l'ensemble, le continent asiatique joue un rôle plus important que l'Afrique ou l'Amérique du Sud sur le plan du commerce mondial. Une part très importante des échanges s'effectue avec des pays extérieurs à l'Asie. Les grandes exceptions sont représentées par les importations japonaises de pétrole en provenance du golfe AraboPersique et, dans une moindre mesure, de l'Indonésie et du Brunei. La Chine commerce également avec le Japon et le Sud-Est asiatique, mais il convient de mentionner l'importation massive par le Japon de matières premières, principalement de l'Asie du Sud-Est et, en retour, l'exportation de produits manufacturés. Le Japon se place parmi les premiers pays pour la valeur de son commerce international, mais il ne réalise qu'un tiers de ses échanges commerciaux avec les autres pays asiatiques. Le commerce international de la Chine et de l'Inde est également considérable, et s'effectue principalement avec des pays non asiatiques. La Malaisie et l'Indonésie sont de grands exportateurs de matières brutes. Toutefois, si l'on excepte le Japon, Taïwan, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour, Hong Kong, les grands exportateurs de pétrole de l'Asie du Sud-Ouest, et quelques anciennes républiques soviétiques, les autres pays asiatiques se situent au bas de l'échelle du commerce international du point de vue des performances par habitant. 5 HISTOIRE L'Afrique est généralement considérée comme le berceau de l'humanité, et l'Asie comme le berceau de la civilisation. Celle-ci ne forme pourtant pas, et de loin, un bloc monolithique, et, en raison de sa taille, l'émergence de différentes cultures y était pratiquement inévitable. Le survol historique qui suit s'efforce de présenter les interactions, les oppositions et l'enchaînement des civilisations, telles qu'elles apparaissent sur le continent. Des informations complémentaires sur les régions et les pays mentionnés figurent dans les sections Histoire des articles consacrés aux différents pays asiatiques. Voir aussi Asie Mineure ; Assyrie ; Babylone ; civilisation de l'Indus ; Proche-Orient ; Perse ; Sibérie ; Sumer. 5.1 Les anciennes civilisations En dehors de l'Égypte ancienne, les premières civilisations connues sont apparues dans les vallées des grands fleuves du sud-ouest asiatique, du nord-ouest de l'Inde et du nord de la Chine. En dépit de leurs différences, ces civilisations ont des points communs. En premier lieu, elles concernent des sociétés agricoles qui ont besoin de structures politiques et sociales élaborées pour entretenir des systèmes d'irrigation et de contrôle des inondations. De plus, les attaques menées par les éleveurs nomades d'Asie centrale obligent les fermiers à vivre dans des cités entourées de murs, et à confier leur protection à une classe aristocratique. L'invention de la charrue vers 3000 av. J.-C. permet de réduire le nombre de paysans, et d'augmenter ainsi le nombre des artisans. L'amélioration des rendements de l'agriculture ainsi que le travail des artisans facilitent la fabrication d'objets susceptibles d'être vendus, et le commerce favorise les échanges entre les cultures. 5.1.1 Mésopotamie La culture de Sumer et d'Akkad est née dans la vallée du Tigre et de l'Euphrate, dans la région appelée Mésopotamie, que l'on qualifie souvent de berceau de la civilisation. Vers 3000 av. J.-C., les Sumériens construisent des canaux soigneusement calculés pour irriguer leurs champs, se servent d'outils en bronze et en pierre polie, fabriquent des textiles et de la poterie avec un tour, construisent des temples et des palais, et connaissent le chariot à roues et le voilier. Leurs calendriers permettent de prévoir les saisons avec précision, et leur écriture cunéiforme (voir sumérien) est utilisée dans tout le Proche-Orient jusqu'au IVe siècle av. J.-C. Les Sumériens rendent un culte au Soleil (voir mythologie sumérienne) et leur société est régie par des lois écrites. Par la suite, des envahisseurs venus du nord s'emparent du royaume de Sumer et d'Akkad ; la Mésopotamie reste toutefois le centre de la civilisation de l'ouest asiatique jusqu'au VIe siècle av. J.-C. Les Babyloniens (v. 1900-600 av. J.-C.), les Assyriens (du IXe au VIIe siècle av. J.-C.) et les Chaldéens, ou Néobabyloniens (VIIe et VIe siècles av. J.-C.), dominent plus tard la région. C'est le Chaldéen Nabuchodonosor II qui détruit Jérusalem et déporte les Juifs (le judaïsme représente déjà à cette époque une force religieuse importante). 5.1.2 Les civilisations indiennes Vers 2300 av. J.-C., dans le nord-ouest de l'Inde, dans la vallée de l'Indus existe une civilisation avancée qui fait le commerce du coton et des textiles avec la Mésopotamie. L'irrigation amène également des excédents de récolte, et nécessite la mise en place d'un système politique et social élaboré. Les deux grandes cités de Mohenjo-Daro et d'Harappa possèdent des rues droites et spacieuses, bordées de maisons à deux étages, pourvues de systèmes de plomberie. Les populations de l'Indus disposent également de langues écrites ; elles utilisent des chariots à roues et font preuve d'une grande créativité dans les arts et dans la fabrication de bijoux et de jouets. Entre 1500 et 1200 av. J.-C., les cités de l'Indus sont détruites par des populations indo-européennes, originaires d'Asie centrale, qui utilisent des chars attelés à des chariots. Ces populations s'installent par la suite dans la vallée du Gange au nord-est de l'Inde ; elles parlent une ancienne langue indo-aryenne, dont on retrouve les formes les plus archaïques dans le sanskrit védique. C'est dans cette langue, qui connaît son apogée entre 1500 av. J.-C. et 200 av. J.-C., que sont écrits les textes religieux védiques (voir sanskrit ; littérature sanskrite ; Vedanta). Entre 900 et 500 av. J.-C., ces populations fondent des cités-États, qui sont gouvernées par des monarques absolus. Elles utilisent l'irrigation pour leurs cultures, en particulier pour celle du riz, sans doute importé d'Asie du Sud-Est. La religion hindoue qu'ils pratiquent s'exprime dans les Veda et s'appuie sur un système complexe de castes qui donne sa structure à la société. 5.1.3 Les racines de la civilisation chinoise C'est également dans une vallée traversée par un fleuve que vivent les premiers Chinois. Entre 3000 et 1600 av. J.-C., la plaine du Huang he (le fleuve Jaune) accueille de grandes communautés d'agriculteurs qui pratiquent la sériciculture (élevage des vers à soie) et tissent des vêtements. Leurs productions sont ensuite transportées à dos de chameaux vers différentes villes d'Asie centrale. Les Chinois atteignent un haut niveau de civilisation, même si les premières traces écrites n'apparaissent qu'au XVIe siècle av. J.-C. sous la dynastie Shang (inscriptions oraculaires sur des ossements et des plastrons de tortues). Les souverains de ces dynasties exercent leur autorité sur les dirigeants de plusieurs cités-États qui sont protégées par des murailles. Ils s'unissent également pour repousser les attaques de nomades venus du Nord. Ces derniers chassent alors de leurs territoires différentes autres tribus, ce qui déclenche des migrations en chaîne, comme celle des Aryas vers l'Inde. La dynastie Zhou supplante les Shang, mais conserve la même organisation féodale. Les souverains Zhou orientaux font progresser la Chine dans l'organisation politique, économique et sociale. Ils intègrent la Mandchourie du Sud et le bassin du Yang-tseu-kiang qui a probablement la plus forte concentration de population au monde, ce qui leur permet de doubler la superficie du territoire chinois. Les Zhou utilisent des armes en fer ; ils développent l'irrigation et construisent des routes et des canaux pour améliorer les communications et le commerce. Un corps de fonctionnaires lettrés est mis en place pour remplacer les bénéficiaires de charges héréditaires. C'est également à cette époque que se développent trois grands courants de la pensée chinoise : le confucianisme, le taoïsme et le légalisme ( voir philosophie chinoise). 5.2 Les grands États de l'Antiquité Les premières civilisations se développent et s'influencent mutuellement pendant les onze siècles qui s'écoulent entre 500 av. J.-C. et 600 apr. J.-C. Des souverains aux visées expansionnistes comme Alexandre le Grand contribuent à accroître les échanges culturels. Le comportement agressif des nomades mandchous provoque des déplacements de tribus qui se rapprochent des grandes civilisations. Vers 500 apr. J.-C., les religions et les philosophies de premier plan, à l'exception de l'islam, sont propagées loin de leur lieu de naissance. 5.2.1 Les échanges culturels Le roi Cyrus le Grand, qui mène une politique expansionniste, unifie les populations d'origine iranienne dans le royaume de Perse. Il fonde l'Empire perse des Achéménides (de 550 à 330 av. J.-C.), qui répand la culture perse depuis la Méditerranée jusqu'à l'Indus. Le troisième roi Achéménide, Darios I er, centralise le gouvernement de l'Empire et défend le culte zoroastrien du dieu de la Lumière, Ahura Mazda (voir zoroastrisme). Vers 330 av. J.-C., Alexandre le Grand, qui rêve de réunir les cultures d'Orient et d'Occident, a déjà conquis l'Empire perse. Sa mort précoce interrompt son projet, mais ses généraux implantent la culture grecque dans les trois royaumes qui résultent de la division de l'empire d'Alexandre ( voir période hellénistique). Les Séleucides règnent sur la partie asiatique qui éclate bientôt en plusieurs États. L'un d'entre eux, la Bactriane, est situé au carrefour des routes commerciales est-ouest et nord-sud. Par ces routes transitent la soie chinoise (voir route de la Soie) et le coton indien à destination de la Grèce et de Rome, qui expédient en retour du verre, des objets manufacturés et de l'or. Des éléments de culture grecque se répandent en Asie par le biais de la Bactriane. Même après la conquête de cet État par des tribus nomades venues d'Asie centrale, l'influence grecque y reste prédominante, les nouveaux souverains restant marqués par la culture hellénistique ( voir Gandhara). Pendant le premier siècle apr. J.-C., le grec est la langue de communication internationale pour le commerce et la diplomatie. Vers cette époque, les Romains hellénisés sont retranchés en Asie occidentale, qui sert de base de départ à l'expansion de l'Empire romain oriental. Même si l'influence grecque est encore sensible bien après le déclin des Séleucides, une grande partie de l'Asie centrale, de l'Asie du Sud-Ouest et de l'Inde du Nord appartient à une autre sphère culturelle. Ces régions sont, en effet, d'abord dominées par les Parthes, qui sont alors dirigés par la grande dynastie des Arsacides (entre 250 av. J.-C. et 226 apr. J.-C.), puis par les Perses Sassanides (226-651 apr. J.-C.). Ces derniers diffusent largement la culture perse. Ainsi vêtements et produits de beauté féminins sont copiés dans toute l'Asie ; l'architecture, l'art et la religion perses se répandent vers l'est et vers l'ouest. Les Arsacides et les Sassanides dominent le commerce entre l'Europe et l'Asie, dont le point de rencontre est l'Empire romain d'Orient, qui deviendra plus tard l'Empire byzantin. 5.2.2 L'expansionnisme indien Le nord de l'Inde est conquis par les Perses, puis envahi par Alexandre le Grand et dominé par les rois grecs et par les anciens « barbares « d'Asie centrale. Le développement des contacts entre les divers pays favorise également la diffusion de la culture indienne. II est vraisemblable que l'hindouisme et le bouddhisme ont eu une influence sur les philosophes grecs ; en retour, l'Inde est également très marquée par l'Occident, comme l'attestent les premières représentations anthropomorphes du Bouddha dans le Gandhara, d'inspiration hellénistique, réalisées sous la domination des Kushans. Ces derniers s'indianisent après la conquête du nord de l'Inde au Ier siècle apr. J.-C., ils se convertissent au bouddhisme dont ils favorisent le développement dans les cités-États de l'Asie centrale et de la Chine. Bien que l'Inde du Nord soit restée sous domination étrangère pendant de longues périodes, deux dynasties indigènes atteignent le statut d'empire : la dynastie Maurya (322-185 av. J.-C.), dont le plus grand monarque, Ashoka, envoie des missionnaires bouddhistes dans toutes les régions de l'Asie et en particulier en Inde, et la dynastie Gupta (de 320 à 535 apr. J.-C.), dont le règne est une période particulièrement florissante pour la peinture, la sculpture, l'architecture et la littérature indiennes. De petits royaumes indigènes dominent le sud et le centre de l'Inde. Les populations tamoules du sud colonisent d'abord l'Asie du Sud-Est au cours des premiers siècles apr. J.-C. Ces colonies donnent naissance à des royaumes indigènes qui sont marqués par l'influence indienne. C'est le cas des royaumes de Champa (au centre du Viêt Nam actuel) et du Funan (le Cambodge actuel), et d'États moins importants en Thaïlande, en Birmanie, en Malaisie et dans les îles indonésiennes. 5.2.3 L'expansion de la civilisation chinoise Des empereurs conquérants de la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.) étendent la domination chinoise au-delà du large bassin du Tarim. Ils installent des commanderies militaires le long de la Grande Muraille, qui avait été construite par Shi Huangdi, et qu'ils étendent, et en bordure du désert de Gobi pour protéger les grandes caravanes de marchands des incursions menées par les tribus nomades (Xiongnu). Des marchands perses, arabes et indiens fréquentent la capitale des Han antérieurs (Chang'an), et la dynastie des Han postérieurs, qui règne par la suite, a probablement des contacts directs avec Rome. En 105 av. J.-C., les Han colonisent le nord de la Corée, et la culture chinoise influence fortement les royaumes indigènes du Koguryo, du Silla, du Paekche et du Kaya. Au sud, les Chinois colonisent le Viêt Nam, qu'ils dominent pendant mille ans. La poterie, la sculpture, la peinture et la musique sont des arts dominants sous la dynastie Han. Il en est de même avec la littérature, en particulier après la découverte du papier. Les ingénieurs construisent des routes et des canaux comparables à ceux des Romains, et la riche société des villes s'efforce de vivre selon les préceptes moraux de Confucius. Le déclin des Han entraîne une recrudescence des attaques le long des frontières par les populations nomades. Au cours des premiers siècles apr. J.-C., des vagues d'envahisseurs turcs, mongols et xiongnu déclenchent des déplacements de tribus qui traversent l'Asie centrale, atteignent l'Europe ( voir Huns) et parviennent même jusqu'à Rome. De nombreux Chinois s'enfuient vers le sud, où ils forment un État dans la vallée du Yang-tseu-kiang, qui connaît une succession de dynasties. Toutefois, en dépit des troubles qui marquent ces époques, la civilisation chinoise progresse et impose le bouddhisme et le taoïsme comme religions dominantes. La Chine cesse de dominer la Corée, mais son influence persiste pendant la période des Trois Royaumes (Wei, Shu-Han, Wu, 220-265). Les Coréens se convertissent au bouddhisme, utilisent les caractères chinois et adoptent le système de gouvernement confucéen. La culture chinoise passe de la Corée au royaume du Japon, qui est gouverné par le clan Yamato dont les origines remontent à la légendaire déesse du Soleil Amaterasu. Les Japonais pratiquent une politique expansionniste au IVe siècle : ils s'emparent d'une partie de la Corée, mais ils en sont chassés deux siècles plus tard. Les Japonais adoptent alors le bouddhisme. 5.3 Du VIIe L'ascension des puissances mongoles et musulmanes au XVe siècle, deux facteurs marquent l'histoire de l'Asie : la diffusion de la nouvelle religion que représente l'islam, et l'expansion des Mongols, qui conquièrent une grande partie de l'Asie et menacent l'Europe. Les Mongols s'opposent à l'islam qu'ils acceptent dans certaines occasions, ce qui a pour effet de renforcer cette religion. 5.3.1 L'essor et la diffusion de l'islam Dans l'Arabie du VIIe siècle, le prophète de l'islam, Mahomet, affirme que l'ange Gabriel lui a communiqué la volonté d'Allah (Dieu). Ces paroles sont consignées par écrit et rassemblées par la suite dans le Coran, qui est l'un des grands livres sacrés. Avec le Hadith, qui réunit les paroles et les enseignements de Mahomet, le Coran fournit le cadre de la politique et de la société islamique. Pour répandre la parole d'Allah, Mahomet lance les tribus arabes sur la route des conquêtes. Le Prophète et ses successeurs, les califes omeyyades, répandent l'islam de l'Inde à l'Afrique du Nord et à l'Espagne. Les Omeyyades puis les Abbassides règnent depuis leurs palais respectifs de Damas et de Bagdad sur les États islamiques, dont la culture intègre des éléments byzantins, perses, babyloniens et indiens. Ces différents États sont unis par l'usage de la langue arabe, qui est celle du Coran. Les derniers califes abbassides deviennent des marionnettes manipulées par les mercenaires turcs seldjoukides, qui viennent d'Asie centrale et menacent la Byzance chrétienne. La fermeture des Lieux saints du christianisme en Palestine rend cette menace plus pressante, ce qui déclenche trois siècles de combats connus en Occident sous le nom de croisades, et entraîne d'importantes armées européennes en Asie de l'Ouest. Les croisés échouent dans leur tentative de chasser les musulmans des Lieux saints, mais ils rapportent en Europe de nombreux éléments de la culture islamique. Quand les Mongols mettent fin à l'État abbasside en s'emparant de Bagdad en 1258, l'islam a déjà pris racine en Inde. L'introduction de la religion par des marchands musulmans remonte à l'année 711, à une époque où le pays souffre encore de l'invasion des Huns hephtalites. Cette période troublée est interrompue par le gouvernement d'Harsa. Ce monarque local domine le pays de 606 à 647, et son règne se révèle bénéfique en particulier sur le plan culturel. Les Turcs et les Afghans musulmans attaquent l'Inde à plusieurs reprises et détruisent les centres hindous et bouddhistes jusqu'à la fondation du sultanat de Delhi. En dépit des obstacles dressés par les invasions mongoles, le sultanat continue de répandre l'islam en Inde. La diffusion de l'islam entraîne la destruction presque totale du bouddhisme indien. Cependant, les missionnaires et les marchands indiens propagent le bouddhisme et l'hindouisme dans toute l'Asie du Sud-Est. Dans cette région, le royaume de Champa s'oppose à la fois aux Vietnamiens sinisés qui se trouvent au nord, et aux Khmers indianisés d'Angkor (le Cambodge actuel, voir royaumes Khmers), à l'ouest. La civilisation avancée d'Angkor, avec ses grands temples de pierre, est condamnée à tomber sous la domination des Thaïs, qui sont chassés du sud de la Chine par les Mongols. Ceux-ci imposent également leur pouvoir au royaume bouddhiste de Pagan, en Birmanie. En Malaisie et dans les îles à l'est de l'Inde, le royaume Srivijaya de Sumatra d'obédience bouddhiste combat les Sailendras de Java, qui sont également des constructeurs de temples bouddhistes et hindous. Ceux-ci sont à leur tour remplacés par le royaume indianisé de Singasari et par le royaume de Majapahit, dont le commerce est dominé au XVe siècle par les marchands musulmans indiens. Ainsi, la Malaisie et les îles voisines se convertissent à l'islam, mais le bouddhisme reste implanté en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge. 5.3.2 La sphère d'influence chinoise et l'ascension mongole Les pays qui sont placés dans l'orbite chinoise ne se convertissent pas à l'islam, sans doute parce que la Chine connaît une renaissance culturelle sous la dynastie Tang (618-907). L'influence chinoise s'étend alors du Japon au bassin du Tarim, où la Chine arrête l'expansion de l'islam. Les Tang sont favorables à un type de gouvernement confucéen, mais c'est le bouddhisme qui se développe sous leur dynastie, et donne naissance à de nouvelles sectes, comme celle du chan (zen), qui séduit les Japonais. Les Tang sont remplacés par la dynastie Song (960-1279), qui est elle-même chassée du sud de la Chine par les Mongols, et du nord par les tribus des Khitans (ou Khitaïs) et des Djurtchets (Ruzhen ou Jou-Tchen en chinois). Pendant cette période, le royaume unifié de Silla (660-935) en Corée est allié avec les Tang, et l'influence chinoise y est toujours marquante sur le plan de la culture et de la religion. La dynastie Koryo (935-1392) est attaquée, comme les Song de Chine, par les Khitans et les Djurtchets avant d'être renversée par les Mongols. C'est au moment où le pouvoir de ces derniers décline, qu'un général coréen fonde la dynastie Yi (ou Choson, 1392-1910). La renaissance de la Chine a des répercussions au Japon, qui s'ouvre encore plus à la culture chinoise. Les édits de l'ère Taika au VIIe siècle et de l'ère Taiho au VIIIe siècle adoptent les idées chinoises en matière sociale, politique et économique. La cour copie les rituels et les coutumes de la Chine, dont les modes de pensée sont répandus dans tout le pays grâce au bouddhisme. Le clan Fujiwara prend le contrôle du pays, au moment où la noblesse de province devient plus puissante. Sous la domination des Fujiwara, que l'on connaît sous le nom de période de Heian (794-1185), la cour japonaise connaît un luxe raffiné ; l'écriture de poèmes, la musique, la danse, la peinture, l'art du paysage, la connaissance des parfums constituent les principales activités des courtisans. Le clan des Minamoto met fin à ce dilettantisme ; ils s'imposent comme dictateurs militaires (shogun) et gouvernent depuis la ville de Kamakura, tandis que des empereurs, privés de pouvoir, règnent à Kyoto (1185-1333). Les autorités de Kamakura doivent repousser à deux reprises les invasions mongoles, et ils sont à ce point affaiblis par ces combats que le clan des Ashikaga s'empare du pouvoir. Le Japon tombe dans l'anarchie féodale. Les Mongols, qui dominent l'Asie pendant deux siècles, sont originaires des immenses régions des steppes asiatiques. Ils s'emparent du pouvoir sous Gengis Khan, qui conquiert la Chine du Nord et de l'Ouest et certaines régions de l'Asie centrale, en s'appuyant sur des hommes talentueux de toutes les ethnies, et en ayant habilement recours à l'espionnage, à la ruse et à la terreur. Ses fils et petits-fils étendent l'Empire mongol en direction du Turkestan occidental, de l'Iran et de la Russie. Après avoir conquis le nord de la Chine et la Corée, Kubilaï Khan attaque le sud de la Chine, où il met un terme au pouvoir des Song, et proclame la dynastie Yuan (1279-1368), Pékin devenant pour la première fois, sous le nom de Khanbalik (Cambaluc) la capitale de l'ensemble de la Chine. Les expéditions mongoles contre l'Asie du Sud-Est sont handicapées par le climat tropical, et les attaques navales contre Java et le Japon échouent. Le recours à des cadres étrangers, la corruption, des impôts élevés, les inondations, la famine et le banditisme entraînent le renversement du dernier empereur Yuan (Shundi, en mongol Toghan Temour, 1320-1370) et la fondation à Nankin de la nouvelle dynastie Ming (1368-1644) par le moine bouddhiste Zhu Yuanzhang (1328-1398). Il n'en reste pas moins que les Mongols, au cours de leur règne, ont contribué à la stimulation des échanges artistiques et culturels grâce au développement du commerce, notamment avec l'Occident (voir Marco Polo). 5.4 La montée du colonialisme La chute des Mongols attise les rivalités entre les différents empires asiatiques : les Turcs ottomans, les Iraniens, les Moghols de l'Inde ainsi que les Chinois sous les dynasties Ming et Qing, ou mandchoue. La désintégration politique du pays entraîne l'interruption du commerce par voie terrestre. En s'emparant de Constantinople en 1453, les Turcs ottomans ferment l'accès direct vers l'Orient à l'Europe occidentale ; plusieurs pays européens, notamment l'Espagne et le Portugal, se lancent dans les explorations vers l'Asie (voir exploration géographique), établissent des comptoirs en Inde et en Asie du Sud-Est, notamment pour le commerce des épices, et colonisent plusieurs régions. Il en résulte alors une compétition internationale sur le plan commercial qui ouvre l'Asie aux ambitions européennes. 5.4.1 Les empires post-mongols Les Ottomans musulmans, qui favorisent par leurs actions l'expansion européenne, conquièrent les vestiges des empires seldjoukide et de Byzance, et se déplacent vers le nord en direction de l'Europe. Ils s'emparent alors de Constantinople (1453), de la Syrie et des deux villes saintes de l'islam, La Mecque et Médine. Après 1566 toutefois, les sultans puissants ne sont pas très nombreux, et comme le pouvoir ottoman décline, leur empire devient l'enjeu des rivalités européennes. L'Iran connaît une période de renouveau sous la dynastie des Safavides (1502-1736), mais le pays se transforme alors en un champ de bataille où s'affrontent les Turcs, les Russes et les Afghans. Les Safavides sont remplacés par la dynastie des Kadjars (1794-1925), qui n'est qu'un pion dans la partie d'échecs qui oppose les puissances européennes. Comme la Turquie et l'Iran, l'Inde musulmane connaît une première renaissance sous la dynastie des Moghols (1526-1858), qui prétendaient descendre de Tamerlan et de Gengis Khan. La tolérance religieuse et l'unité politique font des progrès pendant le long règne du troisième empereur Akbar. Plus tard, toutefois, des empereurs faibles règnent à Delhi, et l'Inde s'engage dans des guerres contre des États musulmans, hindous et sikhs. C'est dans cette période de vide politique que se manifestent les États européens, bâtisseurs d'empires. 5.4.2 L'expansion coloniale Vers le milieu du XIXe siècle, le Royaume-Uni et la Russie sont les grandes puissances coloniales dominantes en Asie. Les Néerlandais contrôlent les Indes orientales (l'Indonésie moderne) et le florissant commerce des épices, qu'ils ont arraché aux Portugais. L'Espagne gouverne les Philippines, et la France a un pied en Indochine. Les Portugais, qui ont été les premiers à éviter les Turcs en faisant le tour de l'Afrique, perdent la plupart de leurs places fortes en Asie. Ce continent est déchiré par les rivalités entre les grandes puissances. Ainsi, en Inde, Britanniques et Français se font la guerre au Après avoir vaincu les Français à la fin du XVIIIe XVIIIe siècle, et chaque camp recrute des soldats indiens (les cipayes). siècle, les Britanniques étendent leur pouvoir en Inde, annexant quelques États et offrant leur protection à d'autres, jusqu'à ce qu'ils ont le contrôle de tout le sous-continent vers 1850. Le mécontentement des Indiens à l'encontre de leurs maîtres britanniques explose dans la révolte des cipayes de 1857. Ce mouvement est réprimé avec brutalité, mais il provoque des réformes qui assurent le maintien au pouvoir des Britanniques pendant presque un autre siècle. Par la suite, les Britanniques se déplacent de l'Inde vers la Birmanie et la Malaisie. Les deux guerres anglo-birmanes (1824-1826 et 1852) coûtent à la Birmanie son accès à la mer. Les Britanniques accordent leur protection aux États musulmans de la péninsule malaise et prennent possession des importants centres commerciaux de Singapour, Penang et Melaka. Alors que le Royaume-Uni menace le Siam, le royaume thaï renonce à ses revendications sur plusieurs États malais afin de préserver sa propre indépendance. Les Français perdent leurs territoires en Inde, mais étendent leur influence en Indochine. Après 1400, le Viêt Nam est divisé en deux États qui sont à nouveau réunis au XIXe siècle par la dynastie sudiste Nguy?n, qui fait appel à cette occasion à l'assistance militaire française. Cette dynastie étend ensuite son pouvoir sur le Cambodge et le Laos, mais elle s'engage dans des persécutions de chrétiens qui amènent les autorités françaises à annexer certaines régions du sud et à étendre le protectorat de la France au Cambodge. L'expansion russe en Asie s'achève bien avant celle des Britanniques et concerne de plus vastes territoires. En 1632, les marchands russes et les Cosaques atteignent le Pacifique. Ils sont suivis par l'armée et les autorités administratives, qui construisent des forts et collectent des impôts auprès des populations indigènes. Les Russes pénètrent au Turkestan en 1750, et affirment leurs prétentions sur le Caucase en 1828. 5.4.3 L'entrée en force des Européens sur le marché asiatique Les relations que les Chinois entretiennent avec les Européens pendant cette période sont très différentes. La prospérité du commerce entre l'Europe et la Chine caractérise les débuts des dynasties Ming et Qing. Les premiers Ming assujettissent des populations à leur pouvoir ; ils envoient également de grandes flottes jusqu'en Afrique, démontrant leur supériorité sur les nations européennes. Puis ils décident de se couper du monde extérieur, et finalement des pirates ravagent la côte chinoise, tandis qu'à la cour les autorités confucéennes s'opposent dans des querelles stériles. Pendant cette crise, une tribu mandchoue sinisée s'empare de Pékin et proclame la dynastie Qing. Les empereurs Kangxi et Qianlong étendent le territoire de la Chine (traité de Nertchinsk ; conquête de la Dzoungarie), accueillent à la Cour des missionnaires lettrés (Schall von Bell, Verbiest, les « mathématiciens du roi « envoyés par Louis XIV : Gerbillon, Bouvet, Visdelou, Fontaney, Le Comte), et favorisent le commerce qui se développe, en dépit du statut inférieur attribué aux étrangers et de leur confinement dans les villes de Canton et de Macao. Au début du Britanniques ont la prédominance. Au milieu du XIXe XIXe siècle, malgré les protestations chinoises, l'opium devient l'objet d'un commerce important à Canton où les siècle, des désaccords sur les ventes d'opium conduisent à des affrontements armés entre les Chinois et les étrangers, menés par les Britanniques. Les Chinois perdent ce qu'on appelle les guerres de l'Opium et sont contraints d'ouvrir d'autres ports. Ils cèdent Hong Kong au Royaume-Uni et la province de l'Amour à la Russie, acceptent le principe de l'égalité avec l'Occident et font encore quelques concessions aux Européens sur le plan commercial et diplomatique. Tout en conservant son indépendance, la Chine est contrainte de se plier aux exigences des « barbares « européens. L'impact du commerce et de l'expansionnisme de l'Occident frappe d'abord le Japon vers la fin du shogunat des Ashikaga. Ce régime anarchique est renversé par un triumvirat militaire en 1573. Toyotomi Hideyoshi, le brillant général du groupe, achève la réunification du Japon en 1587 grâce aux conseillers militaires portugais et à leurs canons. Il s'attaque ensuite à la Corée, mais il est maintenu en échec par une coalition de Chinois Ming et de Coréens. Sous la domination du clan Tokugawa, qui succède au shogunat, les Japonais sont confrontés à de fortes influences étrangères, qu'ils considèrent avec une certaine appréhension. Les Portugais et les Espagnols sont les premiers à débarquer au Japon ; ils sont accompagnés de missionnaires qui, à partir de Macao, diffusent le christianisme dans les îles japonaises. Craignant de voir les missionnaires amorcer une invasion étrangère, les shoguns interdisent le christianisme, et les Européens qui ignorent cette interdiction sont chassés du pays. Les seuls Occidentaux qui ont le droit de commercer sont les Néerlandais, qui évitent les activités missionnaires et participent même à la répression d'une révolte de chrétiens. Les deux siècles qui suivent se déroulent sans incident notable et, pendant toute cette période, les Néerlandais sont le seul lien du Japon avec l'Occident. Les Européens frappent en vain à la porte du Japon jusqu'à ce que, en 1854, une mission américaine commandée par Matthew Calbraith Perry signe un traité portant sur l'ouverture de relations consulaires. En 1858, le premier consul, Townsend Harris, conclut un traité commercial. La restauration de Meiji, qui débute en 1868, est à l'origine d'une modernisation rapide et révolutionnaire du pays. En Corée, la dynastie Yi se ferme au commerce occidental et persécute les chrétiens. Ce pays espère la protection de la Chine dont elle est tributaire. Toutefois, quand les Européens forcent les portes de la Chine, la Corée se ferme encore plus. 5.5 L'expansion impériale et la modernisation Le colonialisme et l'impérialisme sont à l'origine de nouvelles difficultés pour les Asiatiques, qui ont, dans le passé, absorbé des vagues successives d'envahisseurs venus de l'intérieur des terres. Les nouveaux envahisseurs viennent par la mer, et leur projet initial est d'établir des relations commerciales. Toutefois, à mesure que grandit leur supériorité technique et militaire, les Européens cherchent à asseoir un pouvoir économique et politique. 5.5.1 La stratégie occidentale Pour établir leur suprématie, les colons européens adoptent une démarche progressive. Les requêtes en matière commerciale sont suivies d'exigences qui portent sur la construction de forts et l'obtention de terres pour protéger le commerce, et sur la délivrance de concessions pour exploiter les ressources locales. Des conseillers militaires et politiques proposent avec insistance leurs services aux dirigeants locaux ; les plus faibles d'entre eux reçoivent des offres de protection, qui impliquent à terme des formes de contrôle, et donc de sujétion. Parfois, comme dans le cas des Indes orientales, les puissances européennes exigent un tribut payable en marchandises. Dans des nations comme l'Iran et la Chine, des puissances rivales constituent des sphères d'influence qui leur permettent de préserver leurs intérêts. Toutes ces mesures aboutissent finalement à l'annexion et au gouvernement direct des pays concernés, à l'exclusion toutefois du Siam et du Japon. Les impérialistes construisent des chemins de fer, des routes, des canaux et quelques écoles. Ils investissent également dans des plantations et des puits de pétrole. L'essentiel de leurs profits part à l'étranger. Pendant cette période, la croissance de la population entraîne la division des terres, le développement de l'urbanisation et la montée de problèmes sociaux. En dehors du Japon et du Siam, les institutions asiatiques ne réussissent pas à assimiler rapidement les techniques et les idéologies occidentales, assimilation qui leur permettrait d'éviter l'exploitation humiliante, les traités injustes et la domination étrangère. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le nationalisme et le socialisme se répandent parmi les élites nationales qui ont reçu une éducation occidentale, et des mouvements favorables à un gouvernement autonome et à l'indépendance se déclarent en tout lieu. Les gouvernements coloniaux, toutefois, réagissent en général avec lenteur aux espérances suscitées par ces mouvements. 5.5.2 Les réactions face à l'impérialisme La formation d'armées locales et l'éducation des élites amènent la production de forces internes qui détruisent les dynasties existantes et débouchent sur des mesures de réforme et de modernisation. Dans l'Empire ottoman et en Iran par exemple, des officiers formés à l'étranger s'emparent du pouvoir. Ils éveillent le sentiment nationaliste et se montrent partisans de la modernisation. Les Indiens sont progressivement associés au gouvernement colonial de leur pays, mais cette participation ne correspond pas à leurs aspirations. Les écoles indiennes, qui défendent des idées libérales, forment plus de diplômés qu'il n'y a d'emplois à pourvoir. Le mécontentement grandit et, en 1889, il s'exprime au Congrès national indien, dominé par les Hindous et, en 1905, à la Ligue musulmane. Après la Première Guerre mondiale, le refus britannique d'accorder à l'Inde le statut de dominion renforce le mouvement d'indépendance hindou qui est dirigé par Gandhi. En 1940, la Ligue musulmane, qui a pour chef Muhammad Ali Jinnah, revendique la création d'un État musulman indépendant. Le sentiment nationaliste et les mouvements dissidents progressent également en Asie du Sud-Est. En Birmanie, qui a été complètement annexée à l'Empire britannique en 1885-1886, les autorités coloniales font appel à une main-d'oeuvre d'Indiens immigrés pour exploiter les ressources locales, ce qui provoque des troubles qui sont dirigés par des moines bouddhistes et des étudiants. Les Néerlandais renoncent au gouvernement royal dans les Indes orientales en 1867 ; ils mettent en place des réformes et développent l'autonomie, mais cela n'empêche pas l'essor des mouvements de dissidence qui sont stimulés par les chefs musulmans et la répression néerlandaise. Aux Philippines, qui sont annexées par les États-Unis en 1898, on assiste au développement parallèle des activités nationalistes et des mesures favorisant l'autonomie politique. En 1885, la France finit d'annexer les pays de l'Indochine ou leur accorde le statut de protectorat. Le Laos et le Cambodge acceptent la tutelle française, alors que les nationalistes vietnamiens mènent des campagnes en faveur de l'indépendance. En voyant la Chine souffrir de l'exploitation étrangère, des révolutions et des désastres naturels, de nombreux Chinois pensent que la dynastie Qing a perdu le « mandat du ciel « (tian ming, ou le pouvoir de gouverner, voir Tian). Ils craignent toutefois que la confrontation avec la technique et les idéologies occidentales conduise les dirigeants chinois à se défaire de la pensée confucéenne, ou tout au moins à la modifier. La défaite de la Chine lors de son conflit avec le Japon en 1894 révèle encore plus clairement l'inadaptation du système chinois et attise les dissensions. En 1911, une révolution renverse la dynastie Qing, mais les républicains idéalistes comme Sun Yat-sen sont écartés par les généraux révolutionnaires. Pendant la Première Guerre mondiale, l'unité politique du pays disparaît au profit des seigneurs de la guerre. Le traitement inique infligé à la Chine à la conférence de paix provoque de vives réactions parmi la jeunesse intellectuelle. Certains optent pour le nationalisme républicain, tandis que d'autres se tournent vers le communisme et la nouvelle URSS. Il s'ensuit une longue guerre civile entre le Guomindang dirigé par Jiang Jieshi (également connu sous le nom de Tchang Kaï-chek) et les communistes, commandés par Mao Zedong. Les deux camps sont incapables de s'unir, même contre les Japonais qui, en 1941, ont envahi la Chine depuis l'État qu'ils dominent complètement en Mandchourie. 5.5.3 Le maintien de l'indépendance Le Siam conserve son indépendance grâce à deux rois progressistes, Mongkut et Chulalongkorn. Il est également doté d'une monarchie constitutionnelle en 1932, mais des dictateurs militaires se succèdent à la tête du Siam à la suite d'une série de coups d'État. Le pays prend en 1938 le nom de Thaïlande, qui symbolise son nationalisme. Le Japon empêche l'introduction d'intérêts étrangers en se modernisant rapidement. Les autorités construisent des usines et les vendent à des compagnies privées. Un système de conscription nationale met fin au monopole militaire des samouraïs, et permet à de simples paysans de devenir officiers. En 1889, la constitution de Chulalongkorn institue le suffrage universel (réservé aux hommes), ce qui conduit les chefs politiques à rechercher un soutien populaire. La victoire du Japon sur la Russie en 1904-1905 (voir guerre russo-japonaise) renforce le prestige international du Japon et le prépare à devenir une puissance coloniale. C'est ce qui se passe avec l'annexion de la Corée en 1910. La Première Guerre mondiale met un terme aux exportations européennes, et permet au Japon d'étendre ses propres marchés à l'exportation. Toutefois, la dépression économique des années 1930 pousse de jeunes officiers ambitieux à exiger des mesures politiques ultranationalistes. Ils sont à l'origine d'une importante expansion militaire, qui se traduit par la conquête de la Mandchourie, l'invasion de la Chine et de l'Asie du Sud-Est. En 1940, une alliance est conclue avec Adolf Hitler et Benito Mussolini, qui acceptent le projet japonais de créer un « nouvel ordre « en Asie de l'Est. 5.6 L'indépendance et les conflits La Seconde Guerre mondiale propulse l'Asie sur la scène mondiale, au moment où les conquêtes rapides du Japon révèlent la vulnérabilité des puissances occidentales. Les Alliés se servent de l'Inde comme zone de ravitaillement, et ils occupent des régions stratégiques en Asie du Sud-Ouest pour protéger leurs voies d'approvisionnement. La victoire finale des Alliés renforce davantage les espoirs, que les populations asiatiques ont mis dans l'indépendance et la modernisation. 5.6.1 L'essor du nationalisme À la fin des années 1950, les militants indépendantistes, qui se sont nourris des progrès du nationalisme, commencent à mettre un terme au pouvoir colonial en Asie. De grandes différences subsistent toutefois selon les pays. Dans le sous-continent indien, le séparatisme religieux entraîne en 1947 la partition de l'Inde entre un Pakistan musulman et une république de l'Inde. En 1971, le Pakistan est lui-même amputé de sa partie orientale, qui obtient son indépendance et prend le nom de Bangladesh. Les incidents de frontières enveniment les relations entre le Pakistan et l'Inde, au moment où le Pakistan est dirigé par une succession de chefs militaires, alors que l'Inde conserve une démocratie parlementaire. En Asie du Sud-Ouest, la création de l'État d'Israël en 1948 conduit à une série de guerres entre le nouvel État et ses voisins arabes (Égypte, Syrie, Irak, Jordanie) en 19481949, 1956, 1967, 1973 à l'issue desquelles Israël s'est rendu maître de vastes territoires arabes. Les réfugiés arabes originaires de Palestine forment l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et proclament le droit de retourner vivre dans leur ancienne patrie. Les efforts de paix aboutissent à un traité israélo-égyptien en 1979, mais aucune réponse globale n'est alors apportée à la question des relations entre Israël et les pays arabes. Après la guerre du Golfe en 1991, de nouvelles négociations permettent la signature d'accords sur une mutuelle reconnaissance entre Israël et l'OLP et l'établissement d'un autogouvernement à Gaza et à Jéricho (1992). L'autorité palestinienne dirigée par Yasser Arafat doit progressivement assumer le pouvoir sur les territoires autonomes occupés par Israël. Le Proche-Orient est divisé en plusieurs États, soumis chacun à des tensions internes. L'Iran connaît une poussée nationaliste dans les années 1950 sous la direction du Premier ministre charismatique Muhammad Mossadegh, qui nationalise l'industrie pétrolière. En 1979, un mouvement politique et religieux d'inspiration nationaliste dépose Muhammad Riza Chah et instaure, sous l'égide de l'ayatollah Khomeiny, une république islamique. L'année suivante débute entre l'Irak et l'Iran une guerre de frontière sanglante et coûteuse, qui ne donne finalement aucun résultat (voir guerre Iran-Irak). L'Irak occupe le Koweït en 1990, mais la guerre du Golfe de 1991, qui oppose à l'envahisseur une coalition internationale dirigée par les États-Unis, permet de rétablir l'indépendance du Koweït. 5.6.2 La confrontation idéologique Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS et les États-Unis s'affrontent sur le terrain des idées. Le communisme attire de nombreux Asiatiques, qui sont favorables à l'indépendance, aux idées démocratiques et aux réformes sociales. En 1949, la victoire de la République populaire de Chine qui est l'alliée des Soviétiques, et le retrait des nationalistes sur l'île de Taïwan constituent un véritable triomphe pour les communistes. Cette victoire est tempérée par le fait que les Nations unies reconnaissent la république de Chine des nationalistes de Taïwan. Les communistes chinois sont soutenus par l'URSS jusqu'en 1960, et ils se lancent, sous la direction de Mao Zedong, dans des programmes socialistes très ambitieux, qui se terminent par la désastreuse Révolution culturelle de 1966-1969. En 1954, les accords de Genève mettent fin à la guerre d'Indochine entre les communistes du Viêt-minh et les Français, et partagent le Viêt Nam en deux zones. En 1964 commence une seconde guerre qui oppose les États-Unis et leurs alliés sud-vietnamiens aux forces communistes nationalistes du Viêt Nam-du-Nord aidés par l'URSS et la Chine. Le Viêt Nam-du-Nord l'emporte en 1975 et les deux États vietnamiens s'unifient en une république socialiste (voir guerre du Viêt Nam). L'une des conséquences de la victoire communiste au Laos et au Viêt Nam, et du régime de Pol Pot au Cambodge, est un déplacement massif de réfugiés vers d'autres pays d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord ( voir Khmers rouges). Les forces communistes sont vaincues dans d'autres régions de l'Asie. Le nouveau gouvernement indépendant des Philippines écrase les communistes Hukbalahaps (Huks), et les Malais réussissent à contenir la guérilla communiste avec l'aide de l'armée britannique. En Indonésie, le parti communiste qui se développe à l'époque de Sukarno, le dirigeant qui a conduit le pays à l'indépendance, est éliminé en 1965. De terribles massacres sont alors perpétrés. En Corée, qui a été divisée par les forces d'occupation soviétiques et américaines, les communistes du Nord envahissent le Sud en 1950. Les forces des Nations unies repoussent les troupes de la Corée du Nord, mais il se produit alors une intervention des communistes chinois, qui débouche sur une trêve difficile et peu concluante ( voir guerre de Corée). La position stratégique et les ressources du Proche-Orient sont à l'origine d'un conflit idéologique dans la région. Une première tentative soviétique d'occuper le nord de l'Iran échoue, mais par la suite l'URSS gagne de l'influence en Irak, en Syrie et au Yémen. Le soutien accordé par les États-Unis à Israël pousse de nombreux nationalistes arabes du côté de l'URSS. De 1979 à 1989, les troupes soviétiques occupent l'Afghanistan, ce qui provoque le départ de trois millions de réfugiés afghans vers le Pakistan (voir guerre d'Afghanistan). Tous les pays asiatiques sont impliqués, sous une forme ou une autre, dans la guerre froide qui oppose l'URSS à l'Occident, qui est conduit par les États-Unis. En Turquie, les gouvernements successifs ne réussissent pas à réduire l'inflation ni à maîtriser les nombreux actes de violence politique provoqués par l'extrême droite et par l'extrême gauche ; il en résulte un coup d'État militaire en 1980. Pendant la plus grande partie des années 1970 et au début des années 1980, l'Inde se range du côté de l'URSS pour plusieurs questions de politique étrangère, en partie pour répondre au soutien américain et chinois à l'égard du Pakistan. Au Japon, la gauche politique accroît son pouvoir parmi les syndicats ouvriers et les associations d'étudiants. Cette nouvelle tendance s'explique à la fois par la prédominance du parti démocratique libéral au sein du gouvernement, par la présence de hauts responsables corrompus, et par une forte implication de l'armée américaine dans le pays. L'éclatement de l'URSS au début des années 1990 modifie profondément les rapports de force à l'intérieur du continent asiatique et sur l'ensemble du monde. Plusieurs anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale se transforment en États indépendants. 5.6.3 Le développement économique L'expansion industrielle et économique a placé certains pays asiatiques aux avant-postes de la scène mondiale sur le plan des richesses et de la production industrielle. Pendant les années 1970, le Japon a dépassé les États-Unis dans les domaines de l'acier, de l'électronique et de la production d'automobiles. La Corée du Sud et Taïwan se sont enrichies grâce à l'accroissement de leurs exportations et de leurs productions industrielles. En Asie du Sud-Ouest, les exportations de pétrole permettent d'immenses profits. Une grande partie de ces richesses sert des intérêts privés ; toutefois, d'importants travaux de modernisation sont entrepris ainsi que des réalisations d'intérêt collectif. Des milliers d'étudiants ayant fait leurs études à l'étranger exigent à leur retour des changements rapides ; ils se heurtent alors au gouvernement et aux religieux conservateurs de leur pays. C'est dans un tel climat que se déroule la révolution iranienne de 1979. Le pétrole devient une arme politique puissante. Pendant la guerre du Kippour de 1973, les producteurs arabes de pétrole imposent un embargo contre tous les pays qui ont soutenu Israël. Les pays producteurs de pétrole mènent une politique concertée d'augmentation des prix du pétrole brut, qui se traduit par une forte inflation et une récession économique des pays importateurs. Cette mesure aggrave également la dette financière de nombreux pays en voie de développement. La guerre Iran-Irak des années 1980 semble menacer à ses débuts la production de pétrole ; en réalité, elle provoque une réduction des cours du pétrole, car elle entraîne la désunion parmi les pays producteurs de pétrole du Proche-Orient. L'invasion du Koweït par l'Irak, en 1990, affecte la production de pétrole parce que beaucoup de puits de pétrole sont incendiés par l'armée irakienne au moment de son retrait du Koweït à la fin de la guerre du Golfe en 1991. L'une des conséquences de la guerre est également de souligner la fragilité politique du Proche-Orient. Alors que les conflits du golfe Arabo-Persique perturbent les pays du Proche-Orient sur le plan économique, le Viêt Nam souffre de la longue guerre entre le Nord et le Sud, de même que le Laos et le Cambodge sont affectés par des bouleversements internes. La rupture avec l'URSS ainsi que la Révolution culturelle ont des conséquences négatives pour la Chine, qui depuis les années 1980 met l'accent sur la croissance économique. Cette nouvelle orientation du pouvoir communiste s'accompagne d'une réduction du rôle de l'État dans les affaires économiques et d'un encouragement de l'entreprise privée. Malgré les conflits d'intérêts, les confrontations idéologiques et les problèmes régionaux, une partie importante de l'Asie a connu, dans les années 1980 et au début des années 1990, une croissance économique importante, a amélioré le niveau de vie de ses habitants et a vu progresser le processus de démocratisation. '