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Arrhenius, la Chimie et la vie moderne (extrait) Le livre Kemien och det moderna livet que le chimiste suédois Svante Arrhenius a publié en 1919 s'adressait à un large public.

Publié le 27/04/2013

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chimie
Arrhenius, la Chimie et la vie moderne (extrait) Le livre Kemien och det moderna livet que le chimiste suédois Svante Arrhenius a publié en 1919 s'adressait à un large public. Arrhenius, dont l'oeuvre a été traduite dans diverses langues, a tenté de vulgariser les connaissances accumulées jusqu'alors en chimie. La préface de la traduction allemande Die Chemie und das moderne Leben (la Chimie et la vie moderne), publiée en 1922, reflète très clairement la perception de cette science quatre ans après la fin de la Première Guerre mondiale. La Chimie et la vie moderne Tous ceux qui ont suivi, même de loin, les grands événements de la guerre mondiale et les temps difficiles qui ont suivi ne peuvent avoir manqué de noter l'importance extraordinaire prise par la chimie au cours de ces circonstances difficiles. On a souvent entendu dire de l'Allemagne que la guerre de 1870 contre la France avait été gagnée par le maître d'école. Aujourd'hui, c'est le chimiste qui a donné l'avantage à l'Allemagne pendant la première année de la guerre. Sans son aide, l'Allemagne, coupée de tous les pays producteurs de salpêtre, aurait été paralysée par manque de munitions dès les trois premiers mois de la campagne. Parallèlement, on a pu observer que les défaites de l'Angleterre contre l'Allemagne pendant la première année de la guerre étaient principalement dues à son infériorité sur le plan chimique. L'Angleterre s'est alors rendu compte que la formation principalement humaniste et philosophique des écoles et des universités anglaises avait conduit à un abandon des sciences (« neglect of science «) et particulièrement de la chimie, d'où le long dénouement de la guerre. C'est ainsi que les sociétés de sciences naturelles se sont engagées de toutes leurs forces, à la fois sur le plan chimique, physique et technologique, pour remédier aux échecs subis pendant la première année de la guerre, au cours de laquelle l'Angleterre s'est retrouvée totalement désarmée face aux réalités du terrain. De même, la Russie, dont l'industrie chimique était presque entièrement aux mains des Allemands, s'est vue dépouillée, au début de la guerre, de tout le matériel militaire nécessaire à sa lutte, et a cherché à remédier à ce manque en faisant travailler ses propres chimistes et industriels efficacement. Ce mouvement ne s'est pas limité aux pays en guerre, mais s'est étendu également aux États neutres. Les journaux techniques et chimiques des États-Unis d'Amérique du Nord ont fait remarquer, bien avant leur entrée dans la guerre, l'importance de ne plus dépendre de l'étranger et, en particulier, de l'Allemagne pour combler ses besoins en produits chimiques. Ils ont, là aussi, réussi à multiplier le volume de la production nationale de produits chimiques dans le courant de la guerre. Les pays neutres n'ont pas été épargnés par cette vague. Il semble presque étrange qu'il ait fallu une telle catastrophe, une guerre mondiale dévastatrice, pour attirer l'attention des nations sur une vérité aussi manifeste. Pendant plus de trente ans en effet, des hommes influents des meilleurs cercles d'Angleterre ont souligné à plusieurs reprises que leur pays, en tant que premier laboratoire chimique mondial, allait être supplanté par la rapide montée de l'Allemagne. L'Amérique du Nord, dont l'avancée n'a pas été moins rapide, a également dépassé l'Angleterre sur le plan de l'industrie chimique. Il a été prouvé très clairement que ces circonstances, si pénibles pour l'Angleterre, doivent être exclusivement imputées à l'insuffisance de la formation chimique donnée dans les collèges, les universités et les écoles techniques, si bien que la collaboration étroite de l'industrie et de la science en Allemagne et en Amérique a supplanté les produits anglais sur le marché mondial. Seulement, cette leçon n'a pas été suffisante. Les cercles du pouvoir étaient constitués presque exclusivement d'hommes dont la carrière était principalement bâtie sur une formation humaniste ou juridique, et ceux-ci croyaient que leur pays pouvait poursuivre sa course sans chimie. Si ces juristes et philosophes risquaient un pas en faveur des sciences, ils se sentaient immédiatement menacés dans leurs intérêts sacrés et cherchaient à prouver qu'il valait mieux s'efforcer de revenir à des formations classiques. Ces arguments ont également été entendus ailleurs avec succès, du moins en partie. Aujourd'hui, les dirigeants des nations ont été ébranlés par l'impétuosité de la guerre et ce, même dans les forteresses les plus solides du classicisme. Ils ont réalisé que la formation humaniste tant louée n'était pas d'un grand secours au coeur du danger. C'est une des leçons que tirent actuellement les peuples dans cette dure période d'après-guerre et qu'ils n'oublieront jamais. Arrhenius (Svante), Die Chemie und das moderne Leben [la Chimie et la vie moderne], Leipzig, Dr B. Finkelstein, 1922. Traduction par L&H Mendez France Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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