Après avoir rappelé les raisons pour lesquelles le partage de la valeur ajoutée (VA) s’est infléchi en faveur des entreprises au cours des années 1980, vous montrerez les limites auxquelles se heurte se nouveau partage.
Publié le 04/04/2011
Extrait du document
La valeur ajoutée est la richesse ajoutée à l’ensemble des biens et services utilisés pendant le cycle de production. Cette valeur ajoutée est distribuée sous forme de revenus à ceux qui ont contribué directement ou indirectement à la création des richesses produites. La VA est donc partagée entre les facteurs de production et est distribuée sous forme de revenus primaires. Une partie de la VA revient aux salariés sous la forme de « rémunération des salariées ». Une autre partie revient aux propriétaires de l’entreprise sous forme d’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), qui correspond à la VA des propriétaires de l’entreprise une fois que les impôts sur la production et la rémunération des salariés aient été payé (doc1). Le taux de marge permet de mesurer la part des profits dans la VA. Et une troisième partie revient à l’Etat sous la forme d’impôts sur la production car l’Etat a participé indirectement à la production : il a mit à la disposition des entreprises un ensemble d’infrastructures et il participe aussi à la formation des futurs actifs.
Le partage de la VA est donc essentiellement un partage entre profit et salaire.
Pourquoi le partage de la VA s’est infléchi en faveur du profit et quelles sont les limites de ce nouveau partage?
En 1983, en France, la restauration du taux de marge devient un impératif, il faut donc réduire la spirale inflationniste et favoriser l’investissement. Mais le partage de la VA en faveur des entreprises a des limites : la demande intérieure devient insuffisante et donc accroît la dépendance face à la demande extérieure.
Afin de réduire la spirale inflationniste, car, à cause des salaires très élevés, les ménages maintiennent leur consommation à un niveau relativement élevé ce qui encourage la hausse des prix, les salaires vont être désindexés des prix. De plus, pour améliorer le solde commercial de la France, les ménages consomment de manière soutenue ce qui augmente les importations de la France. Enfin, le partage de la valeur ajoutée en faveur des salariés pénalisait l’investissement des entreprises. En effet, la part des profits des entreprises dans la valeur ajoutée a été sensiblement comprimée, ce qui a entraîné un repli des investissements.
En 1983, la part des salaires dans la VA est de 60.6% (doc3). La hausse des salaires qui en découle est plus forte que l’augmentation des richesses créées par les entreprises. Pour financer ce coût supplémentaire, les entreprises le répercutent sur les prix de vente. Le niveau général des prix s’élève, on parle alors d’inflation par les coûts.
Grâce à la hausse des salaires, les ménages peuvent maintenir leur consommation ; comme les entreprises diminuent leur investissement, la demande est supérieure à l’offre, ce qui encourage à nouveau la hausse du niveau général des prix. C’est alors une inflation par la demande (doc1).
Tandis que les exportations sont peu compétitives, la demande des ménages se tourne vers l’extérieur. Il y a donc une hausse des importations, ce qui amène à une dégradation de la balance commerciale (doc1).
L’économie est ainsi de plus en plus ouverte, il est donc nécessaire de limiter l’inflation pour être compétitif. Pour cela, on peut agir sur le coût du travail en limitant la progression des salaires. Un nouveau partage de la valeur ajoutée en faveur des entreprises permettra de leur donner les moyens de financer des investissements.
De 1979 à 1983, le taux d’investissement des entreprises françaises a chuté, il est a -2%. Afin de redonner aux entreprises les moyens de financer leurs investissements il faut un taux d'intérêt faible qui allège le coût des charges financières ce qui incite les entreprises à investir en recourant à l'emprunt pour augmenter ou maintenir leur capital productif. De 1973 à 1982, la part des salaires dans la VA s’est accrue mais en 1983 ce partage s’est infléchi en faveur des entreprises et au détriment des salaires.
Mais ce nouveau partage connait des limites, la demande intérieure devient insuffisante à cause des contraintes de débouchés à l’interne et le report des décisions d’investissement.
En effet, l'augmentation du taux de marge (EBE/VA) entraîne une baisse de la rémunération des salariés ce qui engendre une baisse de la demande intérieure. La part de la VA pour les salaires diminuent, il y a donc un contexte de ralentissement économique : les demandes interne se stabilisent par conséquent les entreprises faibles ne survivent pas et licencient, il y a donc une baisse de la production et une hausse du chômage qui conduit à une contrainte sur la demande (=cercle vicieux).
De ce fait les entreprises reportent leurs investissements. Il n’y a donc plus cette relation positive entre taux de marge élevé et investissement.
Cette baisse de la demande interne accroît la dépendance face à la demande extérieure. L'économie doit se tourner vers l'extérieur pour maintenir ses capitaux. Les entreprises retrouvent une certaine compétitivité prix mais il n’y a pas assez de demande alors les entreprises exportent plus.
Ainsi, les entreprises vont subir les fluctuations mondiales de manière plus importante, elles sont donc plus sensible aux fluctuations de la croissance de nos partenaires extérieur notamment les américains ce qui explique que la crise américaines s’est rapidement transmise aux pays membres de l’Union (doc2).
En conclusion, nous pouvons constater que la relation entre la part de la VA et l'investissement à été vérifiée entre 1978 et 1982 et entre 1983 et 1989 où la part des salaires dépend du taux d'investissement puisque lorsque la part des salaires augmente, le taux d'investissement diminue et inversement. Cependant de 1991 à 2002, la part des salaires est quasi-stagnante alors que le taux d'investissement rencontre des hausses et des baisses. Nous pouvons alors dire que le maintient de la valeur ajoutée en faveur des entreprises n'a pas pour effet d'entrainer une hausse du taux d'investissement.
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