Aozou, bande d'.

Aozou, bande d'. Aozou, bande d', territoire de 114 000 km2 situé au nord du Tchad, bordant la frontière avec la Libye. La bande d'Aozou constitue le versant septentrional du massif du Tibesti. Elle tient son nom du seul point d'eau important de la région autour duquel se retrouvent les nomades et quelques sédentaires. En raison de sa situation géographique, ce territoire a toujours été d'une importance capitale pour les Toubou du Tibesti : base arrière tout au cours de l'histoire quand il s'agissait de lancer des razzias contre les oasis du Fezzan, refuge pour fuir les représailles des Turcs et point de regroupement en vue de commercer avec les oasis fezzanaises. Le contrôle de cette région stratégique a toujours été un objectif de la politique territoriale des pouvoirs installés à Tripoli. Par ailleurs, à la fin du XIXe siècle, les Turcs parviennent à y entretenir une garnison. En 1935, la bande d'Aozou est l'objet d'un accord de cession entre la France installée au Tchad et l'Italie, qui a alors annexé la Libye. Mais Mussolini n'ayant pas rempli ses engagements du fait de sa politique agressive en Afrique (Libye, Éthiopie), Paris ne ratifie pas l'accord. Au cours des années soixante-dix, le colonel Kadhafi reprend à son compte la politique d'expansion territoriale de ses prédécesseurs et déclenche une guerre d'annexion, clandestine d'abord, en appuyant les revendications autonomistes des Toubou dont les aires d'échanges et de nomadisme s'étendent jusqu'au Fezzan, puis opérationnelle. Le sursaut nationaliste toubou, qui vise d'abord à s'affranchir de la domination des sédentaires du sud du Tchad, s'exerce également contre les Libyens. Comme tous les conquérants, y compris les Français, ces derniers ne peuvent avoir finalement raison des Toubou du Tibesti dont la géographie continue, depuis toujours de préserver leur indépendance et en février 1994, le tribunal international de La Haye accorde définitivement la bande d'Aozou au Tchad.