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Antigone étude comparée

Publié le 24/11/2012

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antigone
Séque nce 4 bis : prolonge me nt Héros et hér oïne au t héâtr e Lecture a nalytiq ue : Textes 1 et 2 : Ant igone et Créon, Sophocle et Anouilh : lectur e compar ée - l'héroïne tragique Question : En q uoi ces deux textes diffère nt-ils t out en met tant e n scène les mêmes pe rsonna ge s ? Int rod uction : - présentation des auteur s et des pièces : Sophocle est un des gr ands dr amat urges de l'antiquité grecque avec Euripide et Eschyle. Antigone (44 1 av. JC) r aconte le conflit qui oppose la fille d'OE dipe à son oncle Créon. Ses deux frères s'ét ant entretués , Antigone désobéit aux or dres de Créon, r oi de T hèbes qui avait décidé que Polynice, considéré comme un traître, reste sans sépult ure alor s qu'Étéocle avait droit a une cérémonie conforme aux rites. Antigone, convaincue que les lois divines l'emport aient sur les lois humaines, décide de r endre les honneurs funèbres à son fr ère au risque de sa propre vie. La pièce de Sophocle est à l'origine des nombreuses réécr itur es : au XXème siècle, C octeau, Brecht et Anouilh écrir ont une Antigone, chacun repr enant selon ses préoccupations de dramat urge ce personnage. L a pièce d'Anouilh (1910-1987) fut jouée la pr emière fois le 4 février 1944, en pleine occupation et on a vu dans Antigone le symbole de la résist ance face à l'occupant . - présent ation de l'extrait : Au moment de l'extr ait, Antigone a été arrêtée apr ès qu'elle eut tenté de rendr e les honneur s funér aires à son frèr e. Créon, le roi, doit décider de son sort . C'est donc une scène de conflit où Antigone s'oppose à son oncle et souver ain. - lect ure - reprise de la question et annonce du plan : C es deux textes présentent une confr ont ation entre deux même s personnages mais des différences existent . N ous verrons dans un pr emier temps en quoi les personnages présentent des similitudes et des différences et , dans un deuxième, temps, que les deux auteurs tr aitent différ emment cette scène de conflit. I - Les personnages Il s'agit dans les deux extraits d'une scène qui oppose Antigone à Créon ; cependant dans la pièce de Sophocle, le choeur est pr ésent alors qu'il est absent dans la pièce d'Anouilh . a) Antig one chez Sophocle - on peut const ater la brièveté des répliques : Antigone accepte son sort et ne cher che pas à se défendre : « que te faut-il de plus ? « répond-elle à la longue tirade de Créon. La question pourrait clore le dialogue, c'est une question qui n'appelle pas de réponse. Les actes qu'elle a commis, elle les assume pleinement . - Le ton est sûr : pas de tr ace d'émot ion, ni de tr ouble, la plupart des phr ases sont déclaratives. Ant igone dresse le constat d'une sit uation sans issue comme le soulignent les deux passages suivants : « J e suis ta prisonnière ; tu vas me mettre à mort «, l'indicatif exprime la certitude, aucun espoir n'est per mis. « Tout ce que tu me dis m'est odieux, (...) et il n'est rien en moi qui ne te blesse « , la situation conflict uelle est affirmée sans possibilité d'évolution. L es prot agonistes sont face à face physiquement comme dans les par oles : r ien ne peut les unir . - Elle est présentée par Créon comme la figure de l'orgueil ( hybris) : « l'orgueil sied mal à qui dépend du bon plaisir d'autr ui. «, il insiste sur le fait qu'elle n'agisse pas comme une femme devr ait le faire : « c'est elle qui serait l'homme si je la laissais triompher impunément « , indiquant par là même qu'Antigone désobéit à la condition féminine, qu'elle agit , poussée par son or gueil, comme seul un homme aur ait le dr oit de le fair e. De plus, elle se place au-dessus du jugement de Créon : à l'accusation de ne pas agir comme tout sujet du roi le devrait « Ne r ougis-t u pas de t'écarter du sentiment commun ? «, elle en appelle à ce qui dépasse la condition humaine : les devoirs dus aux mort s « II n'y a point de honte à honorer ceux de notre sang «, for mule imper sonnelle qui rappelle que ces devoirs n'appart iennent pas à la volonté de l'individu mais au devoir de l'humanité. ? Antigone apparaît ici comme une hér oïne dét erminée, qui n'agit pas en son nom pr opre mais en celui d u devoir des vivant s pour les morts. chez Anouilh - l'Antigone d'Anouilh est bien différente : elle exprime fort ement son mépr is pour Cr éon. Malgré sa fonction d e roi, elle n'hésite pas à le comparer à un chien, comparaison qui revient deux fois dans ses propos : premièrement adressé à Créon seul « t u es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os. « puis à t ous ceux qui pensent comme Cr éon : « On dir ait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils tr ouvent «. D'autre part, le tut oiement, ici, sembla aller de pair avec le manque de considér ation, il s'ajoute à cette expression d u mépris. - Le ton employé par la jeune héroïne est lui aussi bien différ ent : si l'hér oïne de Sophocle s'exprimait avec solennité, la jeune hér oïne d'Anouilh se car actérise par l'exigence affirmée: - occurrences du pr onom personnel 1ère per sonne sous sa forme tonique : "moi, je..." - verbes de volonté : nombreuses occurrences "je veux" - adverbe : "oui" - enfin l'Antigone d'Anouilh montre sa révolte contr e une conception de la vie qu'elle ne part age pas. So n discour s est ponct ué d'exclamations b) Cré on chez Sophocle : le langage de Cr éon est soutenu en accord avec son stat ut de r oi - il utilise un lexique imagé : des mét aphor es et compar aison pour définir l'orgueil. Ainsi utilise-t-il l'image du « fer massif « pour le désigner et montrer sa fr agilité « si tu le dur cis au feu, tu le vois presque touj ours éclater et se r ompre «, puis celle des « chevaux r étifs « qu'il est t oujours possible de dr esser malgré leur volont é. Images qui définissent aussi bien entendu Antigone, r étive à l'ordr e établi, que son oncle compte fair e plier . - la longueur des répliques met en évidence son statut : il a le pouvoir , donc aussi celui de la parole. On peut constater cependant qu'au fil du dialogue, les r épliques de Créon sont de plus en plus courtes : à la détermination de la j eune fille, il ne peut rien opposer . - le ton est catégor ique : impér atif : « appr ends «, subj onctif à valeur d'impér atif « qu'on l'appelle « , utilisatio n du présent de vérit é générale dans des phr ases qui r essemblent à des maximes « l'orgueil sied mal à qui dépend du bon plaisir d'autr ui « , rappel de la sit uation d'infériorité d'Antigone qui « dépend du bon plaisir d'autrui «, c'est-à-dire de lui-même, qui « s'est mise au- dessus de la loi « . L'emploi de la pr emière personne du singulier souligne son pouvoir décisionnel : « j'accuse « , « je déteste « chez Anouilh : - Créon n'a rien du roi tel qu'on se le représente : il utilise un registre de langue familier « imbécile «, « commence, commence, comme t on pèr e ! « - il est en position infér ieure : on peut remarquer la brièveté de ses répliques. D'autre part , il n'oppose aucun argument à Antigone ne faisant que rebondir sur le mot employé par la j eune fille « le tien et le mien «, ou répétant le même ordr e au début et à la fin de l'échange : « Te tairas-tu «, « t ais-toi «, pr euve qu'il n'arrive pas à imposer le silence. ? chez Sophocle : les personnages sont en accor d avec leur rang ; le schéma tr agique est respecté : la transgression entraîne la mort et son acceptation ; le débat est de haute teneur : bien de la cité contre les lois divines et intemporelles ? chez Anouilh : le st atuts des per sonnages ne r envoie pas à la repr ésent ation commune : familiarit é du vocabulair e ; d'autre part , le conflit n'est plus entre lois humaines et lois divines mais porte sur conflit sur l e sens de la vie II - La différe nce de traite ment de la scè ne a) Sop hocle C'est une scène de tragédie antique - où les personnages ont un destin extraordinaire : Ant igone va ver s la mort sans émotion, acceptant so n destin. Cr éon, r oi de Thèbes, fait passer son r ôle avant les liens familiaux : « Elle est ma nièce, mais me touchât-elle par le sang de plus près que tous les miens, ni elle ni sa soeur n'échapper ont au châtiment capital «, obéissant ainsi à son pr opr e destin : il sera celui qui a mis à mort sa propre nièce. - on peut souligner la hauteur du dialogue : les sentiments des per sonnages, leur s préoccupations individuelle s n'apparaissent pas. Le débat porte sur le r ôle que doit tenir chacun selon sa conception du devoir . Le r egistr e est soutenu. -Enfin, les références aux lois, à la cité l'emportent sur le particulier . Il s'agit moins de motivations individuelles que des r ègles du bon fonctionnement de la cité. Si C réon j oue son rôle et fait mourir Antigone, ce n'est pas sur le fait que cette décision la concerne qu'Antigone s'oppose à lui, c'est par ce qu'il outrepasse ses dr oit s, devient un « tyran « pour elle comme pour t ous. Antigone devient alors le porte-par ole de tous comme elle le souligne elle- même : « T ous ceux qui m'entendent oser aient m'appr ouver, si la crainte ne leur fermait la bouche. Car la tyrannie, entre autres privilèges, peut faire et dire ce qu'il lui plaît. «, et elle le précise encore quand ell e désigne le choeur, repr ésentant le peuple : « Ils pensent comme moi, mais ils se mordent les lèvr es « b) Anouilh C'est une scène de conflit au langage act ualisé : le lexique est familier , r enverrait plut ôt à un conflit d'ordre familial et non entr e deux conceptions du pouvoir. L'oncle et la nièce parlent le même langage, comme dans la vie ordinaire. En cela, Anouilh s'échappe des règles communément admises pour la tr agédie. - le personnage de Cr éon est vidé de sa substance : c'est seulement un homme en colèr e qui ne comprend pas les exigences de son adolescente de nièce. Dans cette scène, il n'a aucun pouvoir, même pas celui de la parole. - quant à Antigone, ses motivations semblent complexes. D ans ce passage, il n'est pas question du devoir qu'elle s'est fixée : désobéir aux lois humaines, celles de Créon, pour obéir aux lois intempor elles et univer selles, celles de donner des funérailles dignes à tout être humain. Elle apparaît ici comme une jeune fille qui défend son idéal, qui lutte pour un absolu qui ne concer ne qu'elle. c) cependa nt l'une et l'aut re sont de s scènes t ra giques - la pr ésence de la mort intervient dans les deux passages : le destin des deux j eunes filles est de mourir, elle s le savent et l'acceptent même si elles agissent et s'expriment de manièr e différ ente. - dans l'un et l'autre extrait , on const ate le courage des hér oïnes : rien ne les fera reculer : l'Antigone de Sophocle parce qu'elle est conscient d'agir non pas pour elle mais pour le respect des lois divines, l'Antigone d'Anouilh, par ce que son exigence d'absolu ne peut accepter la vie ter ne, commune qu'on lui pr opose. - l'acceptation de la mort des deux j eunes filles en fait des hér oïnes : l'une et l'autre choisissent la mor t consciemment, en accord avec elles-mêmes et leur s exigences. Conclusi on - deux scènes de conflit , de confr ont ation ; même enjeu : l'aut orité repr ésentée par la personne du r oi Créon face à l'exigence d'une j eune fille prête à tout pour la réaliser . - mais si les per sonnages sont les mêmes, Créon et Antigone, les auteurs les font agir et parler différ emment : leur per sonnalité varie sensiblement - de même, la scène de confr ont ation est traitée différemment : chez Sophocle, on assiste à un conflit tragique où les lois de la cité sont en conflit avec les lois divines ; chez Anouilh, les motivations des personnages semblent plus communes, plus pr oche du commun des mortels. - par la réécr iture de la pièce de Sophocle, le t exte- sour ce, Anouilh adapte le mythe à son époque : Antigone fut j ouée pendant l'occupation et la jeune fille peut r eprésenter le refus d'une quelconque compr omission. Par cela, les auteurs qui repr ennent un myt he le réact ualise, mettent en évidence ce qu'il a d'int emporel : ici, l'individu contre l'État , contre un pouvoir arbitr aire et lui r edonne force et act ualité.

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