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Andromaque de Racine, III, 7

Publié le 29/07/2017

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andromaque
Andromaque, III,7 J’ai renuméroté l’extrait depuis le début (vers 1) jusqu’à la fin (vers 30) Intérêt du passage : 2 tons de Pyrrhus : parole amoureuse + parole menaçante Introduction : Scène 7 de l’acte III, cette tirade de Pyrrhus cristallise l’alternative à laquelle l’héroïne racinienne est maintenant sommée de répondre. Or, ce choix est un véritable dilemme : sauver son fils en acceptant la main du meurtrier de son époux, ou bien, en refusant ce mariage, signer l’arrêt de mort du fils d’Hector. Nous sommes donc en présence d’un couple antagonique (Pyrrhus et Andromaque) qu’un troisième personnage vient réunir et séparer à la fois, troisième actant absent dont le rôle est joué malgré lui par Astyanax. Comment, dans cette tirade, Pyrrhus tente-t-il une nouvelle fois de persuader Andromaque de l’épouser ? Nous verrons tout d’abord que la parole princière est celle d’un plaidoyer amoureux, puis de quelle façon cette parole se fait menaçante en rejetant sur la veuve d’Hector toute la responsabilité du choix tragique. Un plaidoyer amoureux Un discours pro domo ( = Pyrrhus se donne le beau rôle et rejette la faute sur Andromaque) Se place en position d’infériorité. Fait comme s’il n’était pas en accord avec ses propres choix « je sens à regret » v3 + idée que ses actions se retournent contre lui V4 L’action d’Andromaque l’affaiblit comme en témoigne le lexique guerrier du vers 4 : « Je ne fais contre moi que vous donner des armes ». Neg restrictive « ne que » = faible puissance du sujet Antithèse, Sing contre pluriel « moi » / « armes » V5 : modalisateur : interprétation erronée, position de faiblesse, manque lucidité V 7-9 : voc péjoratif qu’il réfute, contraire d’un « juge sévère », d’ « un ennemi » cherchant à « déplaire » Il s’agit d’une litote =car Pyrrhus par ses mots se présente au contraire comme un allié, un soutien. V9 Le verbe « forcer », quant à lui, fait endosser à Andromaque toute la responsabilité d’un mauvais traitement de la part de Pyrrhus, comme l’indique le système énonciatif : « vous », représentant Andromaque, est sujet, tandis que « me », représentant Pyrrhus, est C.O.D. du verbe « forcer ». Cette responsabilité que le roi jette sur sa prisonnière est soulignée par l’expression insistante « vous-même » V15 : Transgression de Pyrrhus qui commet trahison politique . Force du devoir avec « les chaînes » « pour vous » La passion de Pyrrhus Soumission à Andromaque avec « Madame » = domina en latin, celle qui domine l’amant. Plusieurs occurrences dans le passage v1 et 6 Ch lex du regard connotant passion V6 : « Mais, Madame, du moins, tournez vers moi les yeux » + « voyez » au v7 V 23 ch lex des sentiments « cœur » entre virgules et perso V13expose la posture exemplaire de la prière humiliée : le roi s’agenouille au pied de son esclave alors que cette attitude caractérise justement l’assujettissement du commun des hommes au monarque V19 : scène de mariage : Remplace Hermione par Andromaque Description précise et frappante d’une scène avec présent de description « conduis », « ceins » + détails avec exp du nom sous forme de relative au v19 et sous forme adjectivale au v 20 « préparé pour sa fête » Locuteur tout entier tourné vers l’interlocutrice qui adopte ton de la supplication avec type interrogatif : questions directes au v 9 / questions redoublées avec anaphore engendrant un phénomène d’écho à valeur d’insistance aux v 12 et 13 / questions indirectes avec répétition de la conjonction de sub « si «  aux v 7 et 8 + jeu des pronoms : juxtaposition « je » / « vous » par procédé anaphorique aux v 19 et 20 Locuteur tourné vers récepteur avec type injonctif qui vise à créer rapprochement : progression avec passage de la 2ème PP « tournez » au v6, « voyez » au v7 à la 1ère PP « cessons de nous hair » au v10 Un chantage amoureux L’utilisation d’Astyanax V2 : « encore » = survie possible Py souligne le sort pathétique d’Astyanax en l’associant au thème de la souffrance au v2 « ce fils que vous pleurez » det démonstratif = mise en valeur + la relative dev le thème de la souffrance Rappelle lien de filiation entre Andromaque et Astyanax avec gradation puisque passage de « ce fils » à « votre fils » : sous-entend qu’une mère doit protéger son enfant et donc accepter les avances de Py Se pose en défenseur du fils avec présentatif « c’est moi qui vous convie » au v 11 ( présentatif : expression mettant en relief un élément : c’est toi , c’est moi ) qui met en exergue l’être de Pyrrhus avec forme renforcée du pronom tonique « c’est moi » Lien grammatical fort entre A et P aux vers 12 et 13 avec chiasme : fait cause commune avec Astyanax V14 : dramatisation dans la présentation des arguments « pour la dernière fois » + terme « enfin » suggérant le recours ultime qu’il représente. C’est le bourreau qui paradoxalement demande le salut de sa victime. A chaque fois, l’argument est associé au verbe « sauver » au v11 et 14. B) Le ton de la menace V21 : Ton pressant avec idée du temps qui s’est écoulé négation totale « ne plus » + CCT « trop longtemps » au v25 «  ou » =, heure du choix v22 , devant alternative Implication du locuteur dans sa prise de parole « je vous le dis » = insistance sur le contenu du message. Injonction= pression sur Andromaque avec mode impératif au v27 et le mode impersonnel de l’obligation « il faut «  au v 22 Locuteur tourné vers récepteur avec type injonctif qui vise à créer rapprochement : progression avec passage de la 2ème PP « tournez » au v6, « voyez » au v7 à la 1ère PP « cessons de nous hair » au v10 + futur de certitude au V 27 et 29 Folie du personnage « furieux » = fort sémantisme de l’adjectif amplifié par diérèse = état de déraison, fureur, grande colère Pas d’échappatoire avec désignation insistante d’un lieu précis « au temple » X2. Pas d’issue possible : le temple est le lieu de mariage mais aussi de sacrifice, peut-être lieu de mort, lieu funeste + désigné avec adverbe « là » mis en exergue avec conj de coord « et là » au v 29 à valeur de relance Conclusion : A l’issue de la lecture de ces vers, le spectateur a bien conscience d’être entré dans le nœud de la pièce racinienne. En effet, un piège tragique se referme sur Andromaque sommée de trancher entre deux renoncements tout autant insupportables : renoncer à sa fidélité envers son époux défunt ou renoncer à la survie de son fils. Quant au locuteur de cette tirade, Pyrrhus, il s’est montré sous un double jour :celui d’un homme amoureux et d’un Roi inflexible. La beauté tragique de l’œuvre réside sans doute en partie dans cette dualité des personnages, capables de montrer la plus belle grandeur d’âme comme la cruauté la plus impitoyable. Ainsi, chez Racine, amour et haine sont intimement liés tant la passion des personnages ne peut se vivre que sur un seul mode : celui de l’excès.

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