analytique l'île des esclaves scène 11

Marivaux, auteur du XVIIIème siècle, écrivit des romans et des pièces de théatre qui s'inscrivent dans la tradition de la Commedia Dell'Arte,

L'Île des esclaves n'échappe pas à cette règle. Cette pièce fut la première comédie sociale de Marivaux, une pièce qui a été qualifiée d’utopie sociale et qui met en scène des maîtres et des valets jetés, par une tempête, sur une île peuplée d'anciens esclaves.

Fonctionnement de l’utopie de L’île des esclaves qui arrive à son terme. L’inversion d’hiérarchie sociale, thérapie des maîtres et esclaves qui au lieu de durer 3ans a duré 1 journée. Il s’agit la du dénouement de la pièce.

I- Dénouement de comédie

a- Réunion de tous les personnages

Ê  Tous les personnages sont présents sur scène, comme à la scène 2 où Trivelin exposait les lois de l'île. 

Ê  Les couples maîtres / esclaves sont reconstitués (les baisers).

Ê  Tirade d'Arlequin : valeur du "nous" : harmonie retrouvée ("la paix est conclue")

b- Une fin heureuse

Ê  Bonne humeur générale, embrassades, harmonie : à relever le champ lexical du sentiment, des marques de l'émotion.

Ê  Enthousiasme marqué par les hyperboles ("admirables, "des rois et des reines")

Ê  aucune remise en cause du tissu social: l’existence d’une hiérarchie reste nécessaire pour assurer l’équilibre de la société, au même titre qu’existe la hiérarchie symbolisée par la présence de Trivelin, entre père et enfants. Le dénouement n’apporte donc pas de changement dans l’état des rapports entre les personnages, mais dans la manière dont ils vivent ces rapports.

II- Trivelin ou la leçon de la pièce

a- Trivelin orchestre le dénouement

Ê  Retour de Trivelin, absent depuis la scène 6

Ê  Le ton de Trivelin: bienveillant, paternaliste ("mes enfants")

Ê  Il s'adresse d'abord aux valets : la leçon s'adressait également à eux ; ils ont su pardonner au lieu d'assouvir leur désir de vengeance. 

Ê  Il s'adresse ensuite aux maîtres : les appelle à méditer sur leurs épreuves. ils sont devenus plus sensibles, plus humains.

b- Trivelin porteur de la morale de la pièce

Ê  Trivelin : celui qui a le dernier mot.

Ê  Le rôle de Trivelin s'achève : "je n'ai rien à ajouter aux leçons", "je ne vous en dis pas davantage".

Ê  Une fin qui reste dans la lignée de la comédie italienne et qui met un point final à la touche pathétique, tout en intégrant l’idée que le théâtre revêt un rôle éducatif ("le jour de votre vie le plus profitable": l’adjectif s’applique aussi au spectateur).

Ê  La situation sociale n’autorise aucun comportement abusif. Ici apparaît le sentiment de Marivaux lui-même, qui ne souhaite pas un renversement de société (ce que provoquera la révolution de 1789), mais seulement des rapports qui gagnent en humanité, c’est-à-dire en respect de l’autre, quel qu’il soit.

Une scène de clôture, puisqu’elle annonce un retour d’ordre spatial (les naufragés quittent l’île pour retourner à Athènes), d’ordre philosophique (les personnages quittent l’utopie pour retourner dans le monde réel) et d’ordre social (les rapports anciens sont rétablis). Mais également une scène d’ouverture, puisqu’une évolution morale a permis que les rapports sociaux revêtent une autre signification et qu’ils ne soient plus garantis par l’usage de la force, mais par celui de la raison: une pièce qui se conclut donc par une sorte d’hymne à la raison (par laquelle peut s’exercer la vertu), et donc par un acte de foi dans la nature humaine et sa capacité à progresser.