Analyse du film Alexandre Nevski
Publié le 27/03/2011
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\"Alexandre Nevski\" est un film épique soviétique réalisé par Sergueï Eisenstein (réalisateur de \"le cuirassé Potemkine\", 1925) présenté en 1938. Ce film est une commande des autorités staliniennes et est conçu à l'origine comme un film de propagande contre l'expansionnisme nazi (d'ailleurs, le soldat Teuton ressemble à un nazi avec son casque à pointe). Les acteurs sont tous des membres du Parti Communiste. Ce film relate une bataille essentielle de l'histoire de la Russie au XIIIè siècle, \"la bataille du Lac Peïpous\" en 1242. Le héros de cette épopée est Alexandre Nevski. C'est un héros national russe célèbre pour ses victoires militaires. Il gagnera la bataille du Lac Peïpous contre les troupes de l'ordre Teutonique venues envahir la Russie pour y implanter la religion chrétienne. Quels sont les procédés de l'écriture épique au cinéma ? Les plans et les différents points de vue sont importants. On retrouve dans le film beaucoup de plans d'ensemble de nombreux guerriers qui, au début du film, s'observent puis s'affrontent. Ils paraissent minuscules mais en très grand nombre. Ces plans montrent la démesure, l'insistance sur le nombre, l'exagération et l'amplification propre au registre épique. Au début du film, beaucoup de plans se répètent, cela crée une attente, une sorte de tension. On retrouve l'anaphore, propre au registre épique. Les gros plans de visage sont également nombreux. Ils accentuent les émotions et les valeurs des personnages. On y retrouve la bravoure dans le combat, l'appréhension et la peur face à l'ennemi qui approche, le courage de se sacrifier pour son prince, la trahison, la joie et la fierté d'avoir vaincu, la haine envers un peuple, la tristesse d'avoir perdu un être cher, le plaisir féroce de se venger, l'amour,… Au début du film, nous avons un gros plan sur une jeune guerrière, seule femme parmi le peuple venu combattre. Elle symbolise le sentiment amoureux du récit. Les gros plans sur les visages ainsi que les jeux de contre-plongé rendent encore plus massifs et héroïques les guerriers russes. Le peuple russe est représenté comme un peuple courageux, rieur et pur. Au contraire, le réalisateur montre les Teutons comme des monstres barbares aveuglés par leur dieu. Le réalisateur a délibérément cacher les visages des Teutons sous des casques pour effacer toute expression et leur retirer toute humanité. Le Teuton passe ainsi pour un être glacial et sans sentiment. Le réalisateur intensifie la victoire des Russes en marquant un contraste flagrant entre les deux peuples : d'un côté, le peuple Teutonique, à cheval, possédant des armes perfectionnées et de meilleurs équipements et en face, les \"moujiks\" russes, à pied, combattant avec leurs outils de travail. Malgré cette \"supériorité matérielle\" des Teutons, les Russes remportent la bataille avec leur courage et leur cœur. Le héros, Alexandre Nevski, est montré comme un héros sans faille. C'est un des procédés premiers du registre épique : l'héroïsme extraordinaire. Pour le valoriser, le héros figure souvent seul sur l'écran, ou du moins en position centrale et dominante. On retrouve une confrontation inégale du héros avec un nombre important d'ennemis. Là encore, c'est une situation propre au registre épique. Les Russes étaient en position d'infériorité dans la bataille, et le Prince Alexandre, le héros, a retourné la situation en attaquant ses ennemis seul, guidé par sa haine et sa tristesse due à la mort de son fils. Les scènes de combat sont volontairement très longues, cela ajoute à l'exagération. On entend par dessus la musique les épées qui s'entrechoquent, les corps qui tombent, les cris des guerriers, le son des trompettes teutoniques qui est volontairement désagréable,… Souvent, à certains points culminants de la bataille, la musique s'efface un peu pour laisser place aux cris, aux exclamations, aux cliquetis de la bande son, avant de s'y fondre à nouveau. La musique de Sergueï Prokofiev joue un rôle très important dans ce film, la musique est aussi importante que l'image. Tantôt, elle exprime le caractère dramatique de la situation, tantôt le caractère comique. Les passages chantés de Prokofiev ajoute au souffle épique. La bataille sur le lac glacé est particulièrement marquante. D'une part, par ses mouvements de foule avec des plans d'ensemble ponctués de plans rapprochés, et d'autre part, par la musique très expressive. Par exemple, on entend des instruments à cordes juste au moment où la glace se brise sous les chevaliers. Les images et la musique sont complètement liées, on imagine pas l'un sans l'autre. Le registre épique peut se mettre au service de l'apologie ou de la dénonciation. Ici, à travers ce film, on fait l'éloge du peuple soviétique et on dénonce le nazisme.
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