Analyse des Nouvelles Histoires Extraordinaires d'E.A. Poe
Publié le 01/12/2013
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Voici un extrait des Nouvelles Histoires Extraordinaires d'Edgar Allan Poe, que nous allons analyser : ... comme un habitant de la tombe, un domestique entra sur la pointe du pied. Ses regards étaient égarés par la terreur, et il me parla d'une voix très-basse, tremblante, étranglée. Que me dit-il? -- J'en tendis quelques phrases par-ci par-là. Il me raconta, ce me semble, qu'un cri effroyable avait troublé le silence de la nuit, -- que tous les domestiques s'étaient réunis, -- qu'on avait cherché dans la direction du son, -- et enfin sa voix basse devint distincte à faire frémir quand il me parla d'une violation de sépulture, -- d'un corps défiguré, dépouillé de son linceul, mais respirant encore, -- palpitant encore, -- encore vivant ! Il regarda mes vêtements ; ils étaient grumeleux de boue et de sang. Sans dire un mot, il me prit doucement par la main; elle portait des stigmates d'ongles humains. Il dirigea mon attention vers un objet placé contre le mur. Je le regardai quelques minutes : c'était une bêche. Avec un cri je me jetai sur la table et me saisis de la boîte d'ébène. Mais je n'eus pas la force de l'ouvrir ; et, dans mon tremblement, elle m'échappa des mains, tomba lourdement et se brisa en morceaux ; et il s'en échappa, roulant avec un vacarme de ferraille, quelques instru ments de chirurgie dentaire, et avec eux trente-deux petites choses blanches, semblables à de l'ivoire, qui s'éparpillèrent ça et là sur le plancher. corps ? -- Je ne vis remuer les lèvres de personne ; ce pendant la question avait été bien faite, et l'écho des dernières syllabes traînait encore dans la chambre. Il était impossible de refuser, et, avec un sentiment d'oppression, je me traînai à côté du lit. Je soulevai doucement les sombres draperies des courtines ; mais, en les laissant re tomber, elles descendirent sur mes épaules, et, me sépa rant du monde vivant, elles m'enfermèrent dans la plus étroite communion avec la défunte. - Toute l'atmosphère de la chambre sentait la mort; mais l'air particulier de la bière me faisait mal, et je m'imaginais qu'une odeur délétère s'exhalait déjà du cadavre. J'aurais donné des mondes pour échapper, pour fuir la pernicieuse influence de la mortalité, pour res pirer une fois encore l'air pur des cieux éternels. Mais je n'avais plus la puissance de bouger, mes genoux vacil laient sous moi, et j'avais pris racine dans le sol, regar dant fixement le cadavre rigide étendu tout de son long dans la bière ouverte. Dieu du ciel! est-ce possible? Mon cerveau s'est-il égaré? ou le doigt de la défunte a-t-il remué dans la toile blanche qui l'enfermait? Frissonnant d'une inexpri mable crainte, je levai lentement les yeux pour voir la physionomie du cadavre. On avait mis un bandeau autour des mâchoires ; mais, je ne sais comment, il s'était dé noué. Les lèvres livides se tordaient en une espèce de sourire, et à travers leur cadre mélancolique les dents de Bérénice, blanches, luisantes, terribles, me regardaient encore avec une trop vivante réalité. Je m'arrachai convul sivement du lit, et, sans prononcer un mot, je m'élançai comme un maniaque hors de cette chambre de mystère, d'horreur et de mort. les dents étaient des idées. Des idées / -- ah ! voilà la pen sée absurde qui m'a perdu ! Des idées ! -- ah ! voilà donc pourquoi je les convoitais si follement ! Je sentais que leur possession pouvait seule me rendre la paix et rétablir ma raison. Et le soir descendit ainsi sur moi, -- et les ténèbres vinrent, s'installèrent, et puis s'en allèrent, -- et un jour nouveau parut, -- et les brumes d'une seconde nuit s'amoncelèrent autour de moi, -- et toujours je restais immobile dans cette chambre solitaire, -- toujours assis, toujours enseveli dans ma méditation, -- et toujours le fantôme des dents maintenait son influence terrible, au point qu'avec la plus vivante et la plus hideuse netteté il flottait ça et là à travers la lumière et les ombres chan geantes de la chambre. Enfin, au milieu de mes rêves, éclata un grand cri d'horreur et d'épouvante, auquel succéda, après une pause, un bruit de voix désolées, en trecoupées par de sourds gémissements de douleur ou de deuil. Je me levai, et, ouvrant une des portes de la bibliothèque, je trouvai dans l'antichambre une domes tique tout en larmes, qui me dit que Bérénice n'existait plus! Elle avait été prise d'épilepsie dans la matinée ; et maintenant, à la tombée de la nuit, la fosse attendait sa future habitante, et tous les préparatifs de l'ensevelis sement étaient terminés. Le coeur plein d'angoisse, et oppressé par la crainte, je me dirigeai avec répugnance vers la chambre à coucher de la défunte. La chambre était vaste et très-sombre, et à chaque pas je me heurtais contre les préparatifs de la sépulture. Les rideaux du lit, me dit un domestique, étaient fermés sur la bière, et dans cette bière, ajouta-t-il à voix basse, gisait tout ce qui restait de Bérénice. Qui donc me demanda si je ne voulais pas voir le
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