Analyse d’un texte biblique réalisée dans le cadre du cours de questions de sciences religieuses : lectures bibliques
Publié le 19/09/2012
Extrait du document
A. Introduction
L’évangile selon Saint Luc fournit plusieurs paraboles qu’on appelle souvent « paraboles de la miséricorde ». Elles sont toutes bâties sur un modèle semblable : quelqu’un va perdre une partie ou quelque chose qu’il possède, puis il va le retrouver et enfin il se réjouit en festoyant. Néanmoins, au-delà de l’histoire racontée par Jésus, on peut trouver un message profond que je vais analyser dans ce travail.
La première parabole est celle de la « brebis égarée », la deuxième s’intitule la « pièce perdue » et la troisième est celle de « l’enfant prodigue ». Toutes sont liées puisqu’elles évoquent la miséricorde, le pardon et l’amour de Dieu. Jésus raconte ces trois paraboles à des pharisiens et des scribes, des personnes qui faisaient preuve de piété, de respect et d’amour pour les choses de la religion. Cependant, ceux-ci étaient en train de critiquer Jésus dans son dos parce qu’il recevait les pécheurs et mangeait avec eux.. Les pharisiens ne peuvent pas comprendre une telle collaboration avec des personnes tant rejetées par la société. Jésus va donc leur expliquer comment Dieu a décidé de traiter les pécheurs.
Parmi ces différentes paraboles, j’ai choisi de m’atteler à la troisième que l’on nomme plus communément la parabole de « l’enfant prodigue » ou bien le « retour du fils prodigue ». Il convient de préciser que ce titre ne figure pas tel quel dans la Bible mais qu’il s’agit bien d’une simple interprétation. De plus, c’est une des paraboles les plus connues de Jésus de Nazareth.
B. Texte biblique choisi :
Un homme avait deux fils, dont le plus jeune dit à son père : “Mon père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir.” Ainsi, le père leur partagea son bien. Et peu de temps après, ce plus jeune fils ayant tout amassé, s'en alla dehors dans un pays éloigné, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche.
Après qu'il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là ; et il commença à être dans l'indigence. Alors, il s'en alla, et se mit au service d'un des habitants de ce pays-là, qui l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux. Et il eût bien voulu se rassasier des carouges que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait. Étant donc rentré en lui-même, il dit : combien ya-t-il de gens aux gages de mon père, qui ont du pain en abondance ; et moi je meurs de faim ! Je me lèverai, et m'en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes domestiques. Il partit donc, et vint vers son père.
Et comme il était encore loin, son père le vit, et fut touché de compassion ; et courant à lui, il se jeta à son cou et le baisa. Et son fils lui dit : « Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ». Mais le père dit à ses serviteurs : “Apportez la plus belle robe et l'en revêtez ; et mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds ; et amenez un veau gras et le tuer ; mangeons et réjouissons-nous ; parce que mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, mais il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
Cependant son fils aîné, qui était à la campagne revint ; et comme il approchait de la maison, il entendit les chants et les danses. Et il appela un des serviteurs, à qui il demanda ce que c'était. Et le serviteur lui dit : “Ton frère est de retour et ton père a tué un veau gras, parce qu'il l'a recouvré en bonne santé”. Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer. Son père donc sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père : “Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais contrevenu à ton commandement, et tu ne m'as jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis. Mais quand ton fils que voici, qui a mangé tout son bien avec des femmes débauchées, est revenu, tu as fait tuer un veau gras pour lui”. Et son père lui dit : “Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. Mais il fallait bien faire un festin et se réjouir, parce que ton frère que voilà, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.”
C. Analyse du sens littéral ou direct :
- 1. Le sens des mots
- Le plus jeune : dans ce cas-ci, cela signifie le peu d’expérience de la vie.
- Bien : il fait allusion à la part d’héritage qui doit lui revenir.
- Débauche : le fils n’a pas juste dépensé son argent, il l’a fait dans l’excès de boire ou manger et dans la luxure. On peut assimiler la débauche à un dérèglement des mœurs.
- L’indigence : cela signifie vivre dans une grande pauvreté, manquer de certaines choses essentielles pour pouvoir survivre. De nos jours, pour avoir accès aux secours publics, une personne pauvre doit avoir, en sa possession, un certificat d’indigence.
- Pourceaux : il s’agit là d’un synonyme du cochon, du porc qui est le type même de l’animal impur en judaïsme. Mais il est aussi utilisé pour décrire quelqu’un de malpropre. Cela témoigne d’un état de misère, la tâche effectuée par le fils est interprétée par Luc comme une des tâches les plus dégradantes, faite pour les pauvres.
- Compassion : la compassion correspond au mot sympathie issu du grec. Dans ce cas-ci, il s’agit de ressentir, partager la douleur de l’autre. On peut également parler de pitié du père envers son fils.
- Serviteurs : le serviteur se distingue singulièrement du fils. En effet, le fils dirige et surveille une équipe de serviteurs.
- Anneau : c’est un signe d’union mais également d’autorité retrouvée.
- Souliers : cela représente une marque distinctive de l’homme libre car à cette époque-là, les serviteurs sont pieds nus.
- Veau gras : la viande était rare et prisée, c’est une bête qui a été engraissée tout au long de l’année et qui est réservée pour les festins. Luc insiste donc sur la joie du père qui est même prêt à sacrifier un veau gras.
- Chevreau : il s’agit du petit de la chèvre. Le chevreau a une bien moindre valeur que le veau. Le fils fait comprendre à son père qu’il n’a jamais été récompensé, même par la plus petite des récompenses.
- 2. La narration
Au travers de cette parabole, on peut distinguer quatre parties. Tout d’abord, la première concerne le départ du fils couplé à la déception de son père. En effet, celui-ci n’était pas dans l’obligation de lui donner l’héritage mais le fait de l’avoir fait l’oblige de donner l’autre part d’héritage à son autre fils. En fin de compte, le père ne pourra pas empêcher le cadet de partir donc il accepte sa décision.
Ensuite, la deuxième partie portera sur la dérive du fils. Celui-ci va gaspiller son argent et vivre comme un prince pendant un petit temps. Par la suite, il redescendra rapidement au stade de mendiant car souffrait de famine. Puis, il se rend compte qu’il a péché et qu’il veut absolument revenir auprès de son père.
Ce retour chez son père va constituer notre troisième partie. Dès qu’il a aperçu son fils au loin, il partageait déjà la douleur de celui-ci. Les retrouvailles se caractérisent par un sentiment de miséricorde chez le père qui va pardonner facilement à son cadet. En effet, il ordonne à ce qu’on le munisse d’un anneau au doigt, de souliers aux pieds mais aussi qu’on tue un veau gras pour faire un grand festin.
Enfin, la quatrième et dernière partie de cette parabole évoque la réaction de l’aîné lorsqu’il apprend le retour de son frère, pardonné par son père. Il est fâché et ne comprend pas du tout l’attitude de son père envers son frère. Son père lui expliquera dans sa dernière phrase la morale en quelque sorte de cette parabole, la raison de ce festin organisé pour le retour, la renaissance du cadet.
- 3. Genre littéraire
Nous faisons face, dans ce cas-ci, à une parabole. On la traduit par « mashal » en hébreu, ce qui signifie simultanément la devinette, l’énigme et la comparaison. Il s’agit donc d’un procédé littéraire qui invite le lecteur à la réflexion et qui provoquera l’étonnement au moyen de situations déroutantes. Nous devrons essayer de trouver, nous-mêmes, les réponses aux questions. La parabole peut également prendre la forme d’une comparaison qui aura pour mission de faire ressortir quelque chose « d’invisible » : elle ne révèle rien implicitement mais nous fera comprendre une situation en racontant une histoire.
Ainsi, on peut assimiler une parabole à une représentation concrète et imagée qui renferme une idée morale : la parabole du fils prodigue fait partie des paraboles de la miséricorde. Jésus nous appelle, tous individuellement, au travers de cette catégorie de paraboles, à accueillir nos frères et à nous réjouir du retour des pécheurs.
- 4. Destinataires
Grâce à l’introduction, on sait que la parabole est destinée à des pharisiens et des scribes. D’une part, les pharisiens constituent l’élite de la nation juive. Ils étaient très cultivés mais enseignaient également la loi de façon peu appréciée. En effet, ils la tournaient à leur avantage pour avoir plus de richesses et allaient aussi jusqu’à oublier ce que Dieu leur enseignait. En outre, ils pensaient également que Jésus était un imposteur. D’autre part, les scribes sont des docteurs juifs spécialistes des écritures qui se rapprochent fort des pharisiens. Lorsque le fils part vers un pays éloigné, il faut sous-entendre qu’il va chez les Gentils (du latin Gentiles qui signifient les « nations »). Ce terme désigne des populations non-juives. Les auteurs de la bible l’ont aussi employé pour représenter les païens.
- 5. Intention de l’auteur
L’intention de cette parabole est clairement de démontrer l’amour d’un père envers ses deux fils qui se trouvent sur le même pied d’égalité. L’aîné s’applique aux tâches agricoles qu’on lui demande. Ceci a pour conséquence une débauche physique, de la fatigue mais également de la joie de son travail accompli. Concernant le plus jeune, il souhaite vivre sa vie selon ses propres envies tout en étant loin de sa famille. Son père va, d’ailleurs, lui laisser la liberté de choix. Cependant, le cadet va dilapider le bien hérité, dans des plaisirs éphémères comme la fête ou les filles. Pourtant, par la suite il reviendra auprès de son père pour se faire pardonner. Cela démontre qu’il est sage de rentrer à la maison car votre père vous y attend pour vous donner une seconde chance. Le père va donc pardonner l’erreur du cadet mais aussi la colère de l’aîné.
D. Analyse du sens spirituel ou indirect :
- 1. Echange symbolique
Il y a un point commun avec la parabole du semeur. En effet, Jésus va s’identifier au père qui représente simultanément l’amour et le pardon. Il sait que l’homme (le cadet ici) est faible mais qu’il préfère aussi vivre des moments de joie frivole en commettant plein de péchés plutôt que de souffrir de sueur au travail.
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