Devoir de Philosophie

ALFRED DE MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle

Publié le 25/01/2011

Extrait du document

musset

La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset est un roman d’inspiration autobiographique. Au travers des mésaventures du narrateur, Musset décrit en réalité son histoire d’amour compliquée avec un autre écrivain, George Sand[1]. Mais ce n’est pas seulement sa propre solitude et sa déception que l’auteur met en scène : il dresse le portrait de toute une génération qui ne trouve pas sa place dans la société. Cette souffrance, liée au contexte sociopolitique, est souvent désignée par l’expression « Mal du siècle «.

 

Extrait des chapitres I et II.

Extrait n°1 :

[…] ayant été atteint, dans la première fleur de la jeunesse, d’une maladie morale abominable, je raconte ce qui m’est arrivé pendant trois ans. Si j’étais seul malade, je n’en dirais rien ; mais comme il y en a beaucoup d’autres que moi qui souffrent du même mal, j’écris pour ceux-là […]

 

Extrait n°2 :

Trois éléments partageaient donc la vie qui s’offrait alors aux jeunes gens : derrière eux un passé à jamais détruit […] ; devant eux l’aurore d’un immense horizon, les premières clartés de l’avenir ; et entre ces deux mondes…quelque chose de semblable à l’Océan qui sépare le vieux continent de la jeune Amérique, je ne sais quoi de vague et de flottant, une mer houleuse et pleine de naufrages, traversée de temps en temps par quelque blanche voile lointaine ou par quelque navire soufflant une lourde vapeur ; le siècle présent, en un mot, qui sépare le passé de l’avenir, qui n’est ni l’un ni l’autre et qui ressemble à tous deux à la fois, et où l’on ne sait, à chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un débris.

Voilà dans quel chaos il fallut choisir alors ; voilà ce qui se présentait à des enfants pleins de force et d’audace, fils de l’empire et petits-fils de la révolution.

[…] Qui osera jamais raconter ce qui se passait alors dans les collèges ? Les hommes doutaient de tout : les jeunes gens nièrent tout. Les poètes chantaient le désespoir […] les cœurs, trop légers pour lutter et pour souffrir, se flétrirent comme des fleurs fanées […].

 

Extrait n°3 :

Ô peuples des siècles futurs ! lorsque, par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et  sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres ! quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait.

 

QUESTIONNAIRE

 

1.   Résume avec tes mots le contenu du premier extrait.

 

 

 

 

2.   Pour chacun des trois extraits proposés, réponds aux questions suivantes :

a)      Les trois extraits sont assumés par le même narrateur ; cependant il n’utilise pas toujours le même pronom personnel pour s’exprimer. Relève les différents pronoms personnels qu’il utilise. Explique.

 

 

 

 

 

 

 

b)     Qu’implique l’emploi de chacun de ces pronoms ? Que représentent-ils ?

 

 

 

 

 

3.   A qui s’adresse le narrateur dans le troisième extrait ? Que veut-il lui (ou leur) dire ? Pour répondre pense à la fois au lien qui unit le narrateur à ses contemporains et à ce qui le rend différent de son (ou ses) destinataires (les personnes à qui il s’adresse).

 

 

 

 

 

 

4.   Dans les deuxième et troisième extraits, le narrateur fait souvent référence aux éléments naturels. Dans ces extraits la nature est-elle connotée[2] de la même façon ? Explique. Relève un passage dans chacun d’eux pour y répondre. D’une façon générale qu’est-ce que ces connotations impliquent ?

 

 

 

 

 

 

5.   D’après l’extrait, comment définirais-tu l’expression « Mal du siècle « ?

 

 

6.  Grâce aux réflexions développées ci-dessus, rédige maintenant un petit texte de quelques lignes où tu présenteras les éléments qui te semblent les plus importants à partager. N’oublie pas que l’analyse que tu vas proposer doit permettre de compléter le tableau réalisé précédemment. Tu dois évidemment te servir des pistes de réflexion qui t’ont été suggérées au moyen des questions précédentes. 

    Remarque : Il est possible que certaines colonnes du tableau restent vides si tu estimes que tu n’as pas d’informations suffisantes dans l’extrait pour les compléter.


[1] Georges Sand (1804-1876) : femme écrivain, de son vrai nom Aurore Dupin, qui choisit comme pseudonyme un nom masculin. Elle écrivit des romans, des pièces de théâtre, des écrits politiques ou autobiographiques. Citons par exemple La Mare au diable (1846), La Petite Fadette (1849), François le Champi (1849).

[2] Connoter : sens secondaire qui vient s'ajouter au sens courant d'un mot selon son contexte d'emploi. 

Liens utiles