Albert Camus « Les justes »
Publié le 02/08/2010
Extrait du document
«
assuré.
Dans l'acte II, après l'assurance de Kaliayev et de Voinov à jeter respectivement la première et la seconde bombe,et tandis que Dora et Yannenkov visualisent l'évènement de l'appartement situé non loin du lieu du drame, ilss'aperçoivent que l'attentat n'a pas bel et bien été commis, et que Kaliayev en est le responsable : effectivement,après un temps d'attente, celui-ci revient les avertir qu'il n'a pu tuer le grand-duc par le simple fait qu'il y avait laprésence d'enfants dans la calèche.
Fou de colère, Stepan réagit violemment à ce manque de froideur qu'ilconsidère comme de la lâcheté.
C'est véritablement le premier problème qui se pose à leurs yeux, et le tout premierrebondissement dans cette « aventure meurtrière.
»
L'acte III est littéralement la poursuite de l'acte II : ces actes s'enchaînent à une vitesse ahurissante, et ne sontpas même entrecoupés d'un minuscule laps de temps.
Ainsi, Voinov quitte le groupe en se rendant compte qu'il neparviendra jamais à être à la hauteur, et intègre alors le groupe de propagande du parti.
Là où intervient l'attentequ'ils connurent durant la préparation de l'attentat, c'est au travers des deux jours qui comportent le premier etl'ultime attentat.
Entre ces deux intervalles, la conversation se poursuit entre les membres du parti, à la recherched'une quelconque faille, et au perfectionnement de leur plan.
Cette deuxième attente marque le milieu de cettepièce de théâtre, et la dernière phase avant le dénouement final.
Ce dénouement final approche dans l'acte IV.
Effectivement, Kaliayev est emprisonné pour avoir attenté à la vied'autrui, et a « écopé » la peine capitale.
L'acte se déroule donc dans la prison, autour du personnage central dekaliayev.
Interviennent alors trois autres personnages qui se succèdent autour du prisonnier : Foka le prisonniernettoie le sol et discute avec Kaliayev ; Skouratov, qui est le directeur, demande à Kaliayev de se repentir, et ainside trahir ses compagnons et ses convictions ; et la duchesse lui propose de se confesser sur l'humanité de sonacte.
C'est le seul et unique acte qui fait intervenir avec autant de rapidité et d'efficacité différents personnagesqui soutiennent par leurs oppositions le point de vue de Kaliayev et sa détermination à expier son acte…
La nuit de l'exécution regroupe l'acte V dans sa totalité : tous les terroristes – sans exception - attendent l'annoncede la mort de leur « fraternel.
» L'hypothèse de la trahison de Kaliayev est évoquée, puis réfutée par les nouvellesde sa mort par décapitation.
Le choc est brutal, et Dora prend alors une attitude semblable à celle de Stepan pourcrier sa colère, et désire se jeter dans un terrorisme absolu pour venger « son » Kaliayev et le rejoindre de la mêmeatroce manière.
Cet acte finit par ce tragique destin d'une âme qui s'était jurée d'abolir la tyrannie des grands etdes puissants ; mais aussi par la dernière phrase de Dora, et ainsi de la pièce : « Yanek * ! Une nuit froide, et lamême corde ! Tout sera plus facile maintenant.
»
* Yanek est le diminutif russe de Kaliayev.
Un diminutif en russe est bien souvent la réduction d'un prénom, voire unsecond prénom.
Ainsi, en russe, lorsque le même prénom figure deux fois dans un même groupe, le diminutif estutilisé pour qu'aucune personne ne soit confondue.
A noter que chaque prénom possède son diminutif, et que celui-ci possède la même valeur qu'un prénom : cela implique que le diminutif est bel et bien un prénom, et non un pseudoou un surnom.
5.
Les thèmes de la pièce.
La pièce s'articule autour de deux thèmes principaux qui se combattent et qui arrivent à un équilibre instable, voireimpossible.
- la justice : les révolutionnaires se sont fixé un but qu'ils se doivent d'atteindre: délivrer la population russe del'oppression exercée par le régime tsariste.
Ils veulent la liberté et un idéal de justice qui constitue pour eux undevoir à remplir.
Ils sont assoiffés de justice et sont pour cela obligés de recourir à des moyens violents.
- la violence : c'est le délicat problème de la fin et des moyens : peut-on employer tous les moyens pour arriver àses fins? Les avis sont partagés.
Deux phrases importantes à ce niveau : "Je ne puis te laisser dire que tout estpermis" (p.61) Annenkov encore dit : "Des centaines de nos frères sont morts pour qu'on sache que tout n'est paspermis".
Le problème est le suivant : admettre les excès et l'injustice des moyens, c'est condamner la révolution à un échecspirituel, donc fondamental.
Exiger la pureté des moyens, refuser certaines actions salissantes, c'est compromettrele succès de la révolution.
Il semble que Camus ait cru trouver un juste milieu, une solution même, dans l'attitudesuivante : il y a des cas où l'excès de l'injustice oblige à recourir à la violence.
Il faut alors que la violence obéissenon à une doctrine ou à une raison d'Etat, mais aux valeurs humaines.
On est ainsi, pense Camus, dans le sens de lavie.
Concluons cette petite approche par une parole de Dora : "C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir deses contradictions que de les vivre"..
»
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