albert camus lecture analytique
Publié le 10/02/2013
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Lecture analytique : Albert Camus l'Etranger Albert camus naît à Mondovie en 1913, fils d'un père agricole dont il sera orphelin très tôt et d'une mère servante qui ne sait pas écrire et qui s'exprime difficilement. Albert Camus connaitra la pauvreté, la maladie et enfin la guerre en 1939 auquel il ne participera pas en tant que combattant mais en sera une des figure de la résistance. Il participera en effet en tant que journaliste ou il publiera des articles dans « Combat « qui deviendra un journal pour la libération. C'est en 1942 qu'il publiera L'Etranger et le mythe de Sisyphe qu'il publiera chez Gallimard. Ces deux ouvrages mettent en lumière une philosophie basée sur ses prises de conscience la philosophie de l'Absurde. Ce sera le début d'une qui prendra fin en 1960 dans un accident de voiture avec pour dernier ouvrage l'oeuvre inachevé du Premier Homme. L'Etranger de Camus prend place dans la trilogie que l'auteur nommera le « cycle de l'absurde «. Dans cet extrait situé à la fin de la première partie du livre nous assistons au basculement de la vie du personnage avec le meurtre de l'un des arabes qui avaient eu une altercation avec son ami Raymond. En quoi ce texte admet-il une dimension tragique ? Nous étudierons donc dans un premier temps l'aspect tragique de la scène puis comment l'absurde camusien s'empare de cette scène. I / Une scène tragique Un texte tragique émeut le lecteur car il présente des situations sans issue : les personnages, tourmentés par de fortes passions ou par un dilemme, ne peuvent éviter un dénouement malheureux (la mort ou la folie). C'est un registre qui inspire l'effroi (devant la puissance du destin) et la pitié Un concours de circonstance, l'influence du hasard Meursault retourne vers la source à cause de plusieurs raisons, En premier lieu il retourne sur la plage pour ne pas avoir à rester avec les femmes « fuir, l'effort et les pleurs de femmes «, il se retrouve donc sur la plage où il était précédemment « C'était le même éclatement rouge «. Les sensations qu'il éprouve alors sur la plage sont tellement fortes qu'il les vit comme une souffrance et font qu'il doit retourner à la source. La chaleur est de loin la plus importante car c'est cette chaleur horrible au point d'être personnifier « son grand souffle chaud « qui fait qu'il y retourne. Son retour est décrit comme une simple marche jusqu'au rocher « J'ai marché longtemps ... rocher « et c'est alors surpris qu'il retrouve son adversaire « J'ai été un peu surpris ... sans y penser. « Il se retrouve donc nez à nez avec lui sans jamais avoir voulu le revoir. La notion de hasard, d'enchainement d'action renforce l'aspect tragique de la scène en donnant le sentiment qu'il y a une sorte force supérieure qui pousse M. à aller vers un tel dénouement. La fatalité La fatalité est le caractère de ce qui est inéluctable, elle est souvent associée aux « dieux « et au « ciel « dans les OEuvres tragiques Le décor dans lequel Meursault est placé semble être en mouvement, semble avoir pris vie « la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues «, « murmure de son eau «. Et ce décor semble être hostile envers Meursault « A chaque épée de lumière jaillie du sable, d'un coquillage blanchi ou d'un débris de verre, mes mâchoires se crispaient « « Toute cette chaleur s'appuyait sur moi et s'opposait à mon avance «. Et c'est ce décor qui lancera cet enchainement qui aboutira au meurtre de l'arabe Tout d'abord la lumière l'aveuglera et troublera donc sa perception des choses ce qui conduira au couteau qui se transforme en glaive ou encore à l'impression que l'arabe sourit devant Meursault elle sera aussi une autre source de souffrance « Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux « Ensuite c'est la chaleur qui le poussera également au meurtre elle sera l'initiateur du mouvement qui entrainera une réaction chez l'arabe qui sortira le couteau « A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant « Elle troublera aussi encore plus sa vision lui mettant un voile devant les yeux «La sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais « Enfin tout le décor semble se liguer pour exercer une pression sur meursault pour le faire avancer « Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi « La fatalité dans ce texte réside donc dans l'aspect inévitable des choses son environnement semblant le forcer à avancer vers l'arabe et à commettre ce crime. Le fait que Meursault, comme tout héros tragique, est dominé tout au long de cette scène par le destin montre bien la volonté de Camus d'écrire cette scène sous l'oeil des anciennes tragédies classique Le temps suspendu Le temps renforce encore la tragédie à venir il semble s'être immobilisé : "il y avait deux heures que la journée n'avançait plus". Cette journée est d'ailleurs rapprochée de celle qui a lieu au début du roman : "c'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman. " Le narrateur est pris dans une boucle. II/ Une scène absurde L'absurde est ce qui est contraire et échappe à toute logique ou qui ne respecte pas les règles de la logique. C'est la difficulté de l'Homme à comprendre le monde dans lequel il vit. Une rupture avec le monde Meursault vit une réelle rupture avec le monde qui l'entoure « détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux «c'est la fin d'une ère, la fin d'un mode de vie qui désormais apparait complètement absurde aux yeux de meursault « alors tout a vacillé «. La symbolique derrière sa cécité durant l'acte montre comment son regard sur le monde était brouillé et ce n'est qu'au moment du meurtre qu'il « retrouve « la vue. Ce meurtre qui est placé sous l'influence d'un destin irrémédiable n'apparait pas comme une réelle souffrance pour Meursault, c'est finalement une délivrance il va le changer. Un meurtrier absent Meursault n'a pas de volonté propre et comme annoncé auparavant n'être que la victime du destin qui le pousse à agir car il sait que son acte est stupide « Je savais que c'était stupide « mais ne peut pas s'en empêcher car les éléments le font souffrir et ne lui permettent pas de réagir sainement. Ce crime n'est d'ailleurs pas prémédité car il est surpris de trouver l'arabe son « adversaire « et il n'avait aucune motivation à son égard « Rester ici ou partir, cela revenait au même «. Enfin ce n'est même pas lui qui a techniquement mis fin à ses jours à l'arabe mais le pistolet lui-même qui a dysfonctionné et fait partir le coup « mortel «, pistolet qui ne lui appartient même pas et ne connais donc rien au problème que l'arme pourrait éventuellement posséder. Durant ce meurtre il n'apparait donc pas responsable de sa propre condamnation de ses propres actes. Il est étranger à lui-même L'absence de prise de conscience Meursault est comme un enfant qui n'a pas conscience de sa bêtise, il n'éprouve aucune forme de culpabilité ou de remords envers son acte. Et cela va même jusqu'à attiser sa curiosité, il tirera sur le corps trois fois de plus pour observer les balles s'enfoncer et disparaître. Il ne ressent aucun sentiment envers cet homme ou son meurtre tout est comme avant autour de lui à l'exception que cette fois il voit clairement ce qui l'entoure. Les limites du tragique se posent encore ici car contrairement au grands héros tragique il ne ressent rien, ne se scarifie pas devant l'horreur de son meurtre (Phèdre se donne la mort) ou ne s'accable face à la puissance du destin. Meursault. Il n'y finalement aucun sens derrière ce meurtre, aucune justification divine juste un meurtre absurde complètement dénué de toute rationalité. Camus symbolise ici notre mode de vie actuelle qui n'est finalement qu'une vague absence de sens mais que tout le monde vit de plus ou moins la même manière sans jamais s'y opposer, et c'est là qu'est la vraie tragédie. Camus ne montre pas un tragique de forme respectant tous les codes mais un tragique plus profond qui montre la dynamique sans but et sans espoir dans laquelle nous vivons.
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