Acte II – Scène 5 Vers 670 – 671 - Étudiez la déclaration de Phèdre à Hippolyte en insistant particulièrement sur l'expression de la violence. Soignez l'expression.
Publié le 18/09/2010
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La pièce de théâtre de Jean Racine intitulée Phèdre, représentée pour la première fois le Premier Janvier 1677 à l'Hôtel Bourgogne présente un sujet déjà traité par les poètes grecs et romains. La scène 5 de l'acte II énonce un élément clef dans cette tragédie.
L'annonce de la mort de Thésée étant faite, toutes les langues se délient et la vérité peut enfin éclater au grand jour. Hippolyte dévoile à Aricie l'amour qu'il lui porte au cours d'un aveu qui lui sera difficile étant donné que leur amour est bani par l'autorité de Thésée, le père d'Hippolyte, ce héros tant respecté par tous, mais finira par lui proposer de prendre le trône d'Athènes. Par la suite, alors que Phèdre vient à Hippolyte afin de plaider en faveur de son fils ainé. Emportée par sa passion elle avoue au jeune prince, fils de Thésée son époux et d'une amante amazone, l'amour qui la consume. Égarée, elle s'offre à son épée pour expier son crime et lui arrache son arme.
Cette tirade de Phèdre est le fruit de cet amour qui enfin éclate au grand jour et exprime tous les sentiments que Phèdre éprouve de manière violente.
La déclaration de Phèdre à Hippolyte est morcelée dans la forme mais aussi dans le fond.
Le torrent de paroles que délivre Phèdre est poussée par sa violence dès le commencement de son discours. Alors que Phèdre coupe la parole inopinément à Hippolyte qui pensant être l'objet d'un affront s'excusait d'agir aussi durement, son discours commence dès le premier vers par un déferlement de violence intérieur traduit par la structure du texte. En effet, nous pouvons décrire tout au long du plan de la tirade un morcellement structurel suggérant un changement psychologique chez Phèdre.
Dans un premier temps, Phèdre exprime un dégout de soi, elle se repend et montre sa culpabilité à Hippolyte qui ne peut rien faire devant ce déferlement de violence et de paroles. Du vers 674 au vers 678, Phèdre explique qu'elle a pleinement conscience de sa faute, elle ne « [s']approuve [pas] à [elle]-même « v.674. Phèdre « [s']abhorre encore plus qu['il] ne [la] détest[e]. « v.677.
Dans un second temps, l'épouse de Thésée montre la fatalité, elle est victime des dieux et de leur volonté mauvaise, cruelle qui « Ont allumé le feu fatal à tout [son] sang « v.680. Sa culpabilité dans l'amour qu'elle éprouve pour Hippolyte est d'abord attribuer à Phèdre puis à Vénus, déesse de l'amour.
Puis, du vers 683 au vers 686, Phèdre relate le passé au travers d'une anamnèse. Elle explique à Hippolyte la raison de son acharnement contre lui et lui montre que ce n'était point de la haine mais de l'amour qu'elle essayait de contrôler et éloigner d'elle.
Mais tous ses efforts furent vains car « [Il la] haiss[ait] plus, [elle] ne [l']aim[ait] pas moins « v.688. Phèdre exprime l'échec dans son combat pour résister à la passion à laquelle elle succombe depuis qu' « Athènes [lui] montra [son] superbe ennemi « v.273.
Phèdre est dépossédé et ce discours qui la trahit dans sa passion sort de sa bouche malgré elle. Elle perd la raison et l'amour l'emporte sur sa volonté. Alors qu'elle était venue, « Tremblante pour un fils qu['elle] n'os[ait] trahir « v.695, elle finis par ne plus parler que d'Hippolyte. Phèdre est dépossédée de sa raison.
Enfin, Phèdre succombe au désespoir et réalisant la portée de sa parole, celle-ci exige la mort à Hippolyte du vers 699 au vers 707. Elle se compare à un monstre ne méritant pas de vivre et Hippolyte ne réagissant pas devant de tels propos, Phèdre décide de se suicider et prend l'épée d'Hippolyte en lui arrachant de ses propres-mains.
Psychologiquement, Phèdre perd la raison puis la retrouve sa conscience en réalisant l'impact de ses propos, il y a un réel morcellement dans la structure de cette tirade qui change d'atmosphère tout au long de son avancé par la voix de Phèdre qui est l'acteur principal de ce morcellement.
Cette déclaration de Phèdre à Hippolyte est construite de propos violent exprimé par la féminité que réprésente Phèdre dans cette pièce de Jean Racine.
La violence de cette tirade est progressive. Cet effet est accentué par l'hybris, la violence stylistique et syntaxique.
Dès le commencement de cette tirade la violence se fait ressentir. Alors que Phèdre coupe la parole à Hippolyte qui essaye de s'excuser auprès d'elle pour avoir accuser à tort son « discours innocent «, l'épouse de Thésée commence son discours par l'interjonction « Ah! « puis l'invective « cruel « désignant Hippolyte tout en l'insultant ce qui montre son état psychologique au moment où elle parle. Phèdre se sent insulté par les propos d'Hippolyte. L'utilisation du tutoiement pour la première fois depuis le début de la pièce par Phèdre marque un changement important et exprime toute la violence par la puissance de cette deuxième personne du singulier. Nous avons ainsi le « je « désignant Phèdre et le « tu « désignant Hippolyte en opposition l'un à l'autre.
Les adjectifs utilisé sont tous péjoratifs et la répétition de « haine « et d'« amour « créé un contraste entre ces deux mots. D'un côté nous avons l'avons qu'éprouve Phèdre et de l'autre, la haine qu'Hippolyte est en droit de ressentir.
La phrase nominale « Voilà mon cœur « v.703 exprime une destruction du coeur afin de détruire le corps, l'amour. L'amour est exprimé comme étant un combat.
Le paroxysme de la violence dans cette tirade est exprimé par l'ordre « Donne « v.711 qui est le dernier mot qui sortira de la bouche de Phèdre avant qu'Oenone ne fasse irruption.
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