Acte I, scène 2 (La tirade de Don Juan)
Publié le 01/08/2010
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Situation du texte : Il s’agit d’un extrait, de la scène 2 de l’acte I du livre Dom Juan, jouée en 1665 par Molière. Molière est un dramaturge, chef de troupe, acteur très connu à l’époque et déjà connu défavorablement du public à cause de scandales causés par Tartuffe, qui a été jugé choquant et immoral et qui a été par la suite interdit. Dans Dom Juan, il essaye de reprendre le même combat mais plus subtilement. Ce n’est plus la critique de la fausse dévotion mais le libertinage amoureux. Dans la 1ère scène le valet de Don Juan avait tracé un portrait très dévalorisant de Don Juan face à Gusman, le valet de Don Elvire. Il est alors présenté comme un être indigne, un séducteur sans scrupules. Mais à l’arrivée de Don Juan, au début de la scène 2, Sganarelle change de ton et fait des reproches à son maître mais de manière plus douce. La tirade de Don Juan va alors être une réponse à l acritique de Sganarelle, qui lui reproche d’être trop séducteur. LECTURE Idée directrice : Dans cette tirade, Don Juan justifie sa conception de l’amour. Il plaide pour la liberté et l’inconstance en amour. Question : Comment Don Juan justifie-t-il sa position ? Axe 1 : Il critique la notion de fidélité Axe 2 : Il fait l’éloge de la beauté féminine Axe 3 : Il fait l’éloge de la conquête amoureuse Etude détaillée du 1er axe :
1er argument de Dom Juan : véritable entreprise de dénigrement de la notion de fidélité qui est une valeur majeur : -sociale -religieuse Aspect négatif : ose dire les aspects négatifs de la fidélité. On note que son discours est très sûr, très percutant, il ne respecte pas les bienséances. Son style est également très élégant = il maîtrise l’art du beau parler malgré la brutalité. Il a une intelligence vive, il maîtrise son discours. 1er mot : interjection : Quoi ? = colère, indignation, devant les reproches de Sganarelle. Questions oratoires : expression de sa colère. =assez complexe dans la syntaxe = 3 subordonnées conjonctives se lier à aimer quelqu’un pour toujours = présenté comme « renoncer au monde «, « n’avoir plus d’yeux …« = une perte de liberté Don Juan a manipulé la pensée de Sganarelle, en mettant le doigt sur des éléments que Sganarelle n’avait pas pensé. Le langage de la mort pour parler de la fidélité : mariage = prison mortelle Semble être comme un renfermement « on «, « nous «, « nos « = généralise sa position Comme si il était le porte parole de tous les hommes. Habileté de Dom Juan dans la façon de s’exprimer = une façon de rabaisser Sganarelle.
2ème phrase exclamative : émotion qu’il ressent en parlant. Dénonciation ironique. Ton ironique pour définir la fidélité : « La Belle chose «, « faux honneur « = sorte de paradoxe, d’oxymore. Traite l’honneur de faux = il ne croit en la notion d’honneur. Fidèle = on se vante. Il critique ceux qui sont fidèles par choix social. Ici, implicitement il dénigre ceux qui font ce choix d’être fidèle par conformisme, pour être dans la norme. Implicitement il est en train de dire que ces règles de fidélités imposées par la société rendent les gens malheureux. La fidélité = mort prématurée : « s’ensevelir «, « être mort « = vocabulaire de la mort. Cela montre qu’il va très loin dans la critique. Sa position est clairement définie = Libertin, puisque il défend la notion de liberté en amour. Dénonce les préjugés, les règles sociales qui empêchent l’ouverture sur le monde, qui empêchent les gens d’être heureux. Il va exprimer une pensée qui l’air d’une maxime : « la constance n’est bonne que pour des ridicules «. être fidèle ↔ être ridicule (= on se moque de vous=pas intelligent= bête= qui n’aspirent pas le respect). Dévalorisation des gens fidèles. Pour Don Juan, les gens fidèles ne mérite pas le respect, on le voit à travers la double négation, « non, non «. Il va expliquer pourquoi : Il sort un raisonnement à la limite du sophisme (un raisonnement qui apparaît comme rigoureux et logique, mais qui en réalité n'est pas valide) en mettant en cause la beauté des femmes qui sont coupables d’être si belles, elles sont responsables de son infidélité. Vocabulaire de l’injustice « juste prétention «. Il prétend alors qu’il serait injuste envers les autres femmes. Ce n’est pas de l’égoïsme (=pensée paradoxale), mais le contraire, il pense que c’est de l’altruisme (être ouvert aux autres). « les hommages et les tributs « → « nature « . Attitude naturelle = donc il a le droit. Ici on voit Don Juan très fort dans l’art de manipuler le discours, l’art oratoire, qui, par la force de son discours peut convaincre de la justesse de son discours. Ce 1er argument qui critique la notion de fidélité, une notion respectée par ses contemporains qui montre bien la position de libertinage. Etude détaillée du 2ème axe : 2ème argument qui montre que Don Juan est sensible surtout à la beauté physique des femmes. Champ lexical de la beauté prépondérant : « une belle «, « beau visage «, « beauté «. Beauté = principale responsable de sa position d’infidèle « pour moi la beauté me ravit partout où je la trouve «. Il assume sa position même s’il continue quand même à généraliser les effets de la beauté sur les hommes « ravit «, « douces violences « → beauté = magie (« entraîne «) irrésistible dont il est la victime mais une victime consentante à cette magie magnifique. Chez lui, c’est une véritable obsession puisque peu importe la condition sociale de la femme. Elle est multiple puisque pour Don Juan chaque femme a une certaine beauté. Don Juan se révèle être esthète (qqn qui aime la beauté). « aimable « → digne d’être aimé, « généreux « → générosité dans l’amour qui se manifeste par l’hyperbole « dix mille « = rêve de puissance qui rejoint le rêve ubiquité (être à plusieurs endroits à la fois, un vieu rêve de l’humanité). Mégalomane (surestimation de soi) = Don Juan. Don Juan en manifestant ainsi tous ces aspects, donne l’impression qu’il veut le bonheur des autres, des femmes en particulier. Il veut faire croire qu’il est attentif aux autres. Autres maxime : « tout le plaisir est dans le changement «. Don Juan dit que la notion de plaisir est la plus importante. Pour que le désir subsiste, il faut changer de femme. Il ne lutte pas contre ces « charmes inexplicables «. 2 x « charme « → magie, envoûtement →qui l’intéresse. Don Juan fait donc l’éloge de la beauté de la femme en véritable esthète ce qui montre qu’il a une sensibilité presque artistique, ce qui fait qu’il aime sans sélection. Etude détaillée du 3ème axe :
« à combattre «, « à voir « Il utilise des phrases complexes = montre que sa stratégie est complexe (L 65-73). Don Juan utilise une phrase complexe pour décrire notamment le processus de séduction qu’il met en place : beaucoup d’infinitifs, dans une structure presque anaphorique (« à «). Cette complexité traduit l’ampleur de la tâche, qui est menée comme un véritable combat, il généralise cette stratégie par des pronoms « on «, « nous «, « nos «. Ce qui montre qu’il fait comme si découvrait un comportement commun à tous les hommes. On note aussi qu’il va insister sur le champ lexical du combat : « combattre «, « rendre les armes «, « résistances «, « conquêtes «, « vaincre «… Ce vocabulaire militaire montre que Don Juan se positionne en guerrier, en soldat. Femme = objet, territoire qu’il veut conquérir. Traduit le désir de domination qui taraude Don Juan. « cent hommages « = hyperbole. Il explicite toutes les armes qu’il utilise dans son combat : « hommage «, « les transports « = exaltation amoureuse, « les larmes et les soupirs « = n’hésite pas à pleurer = comportement hypocrite. Pour qu’il trouve de la douceur dans ce combat il faut que se soit lent, difficile, ce qui stimule Don Juan c’est la résistance ( x2) L 71 : « petite résistance « = qui cède L 80 : « résistance « mais pas une résistance superficielle. Résistance d’une âme pure. Plaisir de se heurterà une personne qui va contre elle-même, qui a de la pudeur « l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes «. Plaisir = conquérir. La conquête doit être difficile, un obstacle pour attiser son désir. « la mener prudemment là où nous avons envie de la mener « = périphrase, euphémisme. Son but = avoir une relation physique avec la femme. Comportement de prédateur qui va jusqu’au bout. « mais « = montre une rupture = indique la fin d’un combat exaltant + fin du désir pour Don Juan. On note que de nouveau on a à faire à une phrase complexe. La consommation amène le vide intérieur « plus rien « → répétition. Dimension presque métaphysique (positionnement par rapport au bien et au mal) une position qui rejoint celle de Blaise Pascal. Pascal qui dit qu’on a besoin de stimulants pour vivre. Antithèse = endormons ≠ réveiller. 2 étapes≠, deux états extrêmes. L’intérêt de sa vie réside dans l’émotion, l’exaltation devant une nouvelle conquête , 3ème fois le mot «charme «. « charme « = magie. Confirme son désir de puissance en se comparant avec beaucoup d’orgueil de vanité à des conquérants = comparaison valorisante. « victoire en victoire « = admiration devant ces personnages. Le ton est très superlatif, (=qui exprime une qualité portée au plus haut degré) hyperbolique ce qui donne même un aspect comique à sa position, il montre qu’il est mégalomane (=Affecté de mégalomanie, folie des grandeurs) et fanfaron (=Qui fait le brave, qui exagère sa bravoure). Alexandre + grand conquérants de l’histoire, sourire devant l’audace = ose comparer ses conquêtes amoureuses aux conquêtes d’Alexandre = pathétique. Son souhait final = excessif. Poète = doux rêveur. Lyrisme dans cette fin de discours = hyperbole = « pour aimer toute la terre «, « d’autre monde «. Désir démesuré → il donne une image, sans le vouloir, de n’être jamais satisfait, toujours inconstant, jamais heureux. Fuite perpétuelle. Don Juan rêve, il est poète… Fuite perpétuelle, il est instable… Conclusion : Nous avons vu à travers cette étude que Don Juan maîtrise parfaitement l’art du discours oratoire, ces arguments sont donnés sur un ton sûr et convainquant. Il critique tout d’abord la notion de fidélité en montrant les aspects négatifs et compare la fidélité à la mort. Il fait l’éloge de la beauté féminine et assume sa position de libertin. Enfin il justifie son inconstance en se comparant à de grands conquérants, ce qui le valorise. Il s’agit bien d’un discours de libertin, un plaidoyer qui défend sa position avec force. Il veut convaincre que le libertinage apporte du bonheur et cette position frappe le lecteur par son originalité, son côté paradoxale. Il dénigre les valeurs et inverse le sens des valeurs. C’est donc un autoportrait qui confirme la présentation de Sganarelle. Don Juan a ici présenté sa théorie qu’il va par la suite mettre en pratique. Son discours et si convainquant que Sganarelle doute de ses valeurs.
«
sous forme de complément, sans moyens d'emphase particulier pour aucun d'entre eux.De la même manière, lorsque l'on change de verbe, la syntaxe entre les différentes activités reste semblable puisque le tricot et lesaffaires et aussi la guerre sont tous placés de façon identique en sujet.
Toutes ces activités continuent comme si personne nepouvait arrêter ce cycle et que ces activités sont quelque chose de normal et s'inscrivent dans le cours naturel des choses.Il y a donc vraiment ici la volonté pour l'auteur de mélanger les sonorités entre la guerre, le père et la mère.
La guerre s'intègredonc par un jeu d'assonances et d'allitérations à la fois au couple parentale mais aussi aux activités.
Avec ce rapprochement desonorités, le poète donne vraiment l'impression que la guerre appartient à la vie quotidienne de la famille.
2.2 La guerre naturelleAu vers 3 mais aussi à plusieurs autres reprises (« trouve ça naturel »), un jugement est porté sur la guerre.
Ce jugement est deplus formulé de façon familière avec la présence de « ça » et la reprise du sujet.
Ce discours volontairement oralisé et familierdonne l'impression que ce jugement vis-à-vis de la guerre est très commun et est intégré dans la vie de cette famille.
2.3 La mort « naturelle »La mort naturelle est mise en scène au vers 18 : ‘Le fils est tué, il ne continue plus'.
La seule différence avec ce qui a précédé estla négation (la seule de tout le poème).
Il y a ensuite une activité qui se rajoute au tricot et aux affaires : le cimetière.
Il y a aussi uneuphémisme de la mort du fils au vers 21 (« la vie continue la vie ») qui donne l'impression que la vie des parents n'a pas vraimentété modifiée.
Aucune émotion n'est retranscrite, toute cette mort est évoquée sans émotions.
Le poète dénonce ainsi uncomportement anormal face à la mort.
III/ La dénonciation d'un tel comportement
Ici, Prévert utilise une stratégie du détour qui suppose que le lecteur s'interroge sur cette vie de famille qui accepte la guerre, lamort avec autant d'indifférence.
3.1 Un titre ironiqueL'adjectif ‘familiale' avec un –e est déjà surprenant pour le lecteur et sous-entend un nom qui se rapporte à l'adjectif et amèneainsi le lecteur à réfléchir (‘vie familiale', ‘scène familiale').
Ce à quoi s'attend le lecteur sont plutôt des liens familiaux et uneatmosphère chaleureuse.
Au lieu de ça, l'on a une structure énumérative.
Chaque propositions du poème est juxtaposée et nonpas coordonnées, ce qui suppose que chacun est enfermé dans son univers sans interférence quelconque et sans rapprochement.Le titre repose donc sur une antiphrase puisque la scène que nous donne à voir le poète n'est pas une scène familiale.
3.2 Absence de sentimentsL'attente d'affectivité annoncée dans le titre est absente.
Au contraire, on trouve un jugement exprimé entre chaque membre de lafamille grâce au verbe « trouver ».
Au vers 12, cependant, l'on constate que le fils est incapable d'émettre un jugement.
C'est uneincapacité singulière qui fait de ce fils un personnage vide et inconsistant, incapable de réagir face à un évènement aussidramatique que la guerre.
Tous ces personnages manquent donc de sensibilité.
3.3 Les interventions du narrateurA première vue, le narrateur n'intervient.
On constate cependant que ces interventions sont marquées aux vers 4 et 11 par laprésence des questions.
On remarque de plus une formulation insistante de ces questions dans le but de stigmatiser lecomportement de chacun des personnages.
Ceci traduit l'indignation, l'agacement ainsi que l'impatience du lecteur face à lapassivité des membres de cette famille.
C'est une façon de souligner qu'il faut qu'il faut rompre avec ce comportement moutonnierqui nous fait banaliser l'inacceptable.Les 4 derniers vers sont particuliers car on constate une accumulation de termes qui permettent de décrire la vie très conformisteet banale des membres de cette famille.
C'est une vie d'où sont complètement bans les sentiments, d'autant plus que le poème setermine avec le cimetière, ce qui est aussi le lieu ou se termine la vie.
Le narrateur s'éternise sur les affaires pour montrer que cettefamille se fiche de la guerre et de la mort qui leur a enlevé prématurément leur fils (aucune trace d'indignation vis-à-vis de cetévénement).
Conclusion
Ainsi, grâce à la simplicité des mots, des structures et des rythmes, Prévert dénonce le conformisme d'une vie familiale qui.
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