Accords START, un engagement historique
Publié le 22/02/2012
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30-31 juillet 1991 - Durant la décennie qui vient, les Etats-Unis et l'Union soviétique devront détruire entre le quart et le tiers de leurs armes nucléaires stratégiques, selon les catégories de matériels qui composent leurs arsenaux à longue portée. C'est l'accord sur les Strategic Arms Reduction Talks ( START), signé à Moscou, qui le leur impose. Après neuf ans de discussions, marquées par des périodes de crises de part et d'autre qui ont fait craindre le pire, c'est le plus important des accords de désarmement jamais conclus entre les deux Grands depuis l'apparition en 1945 de l'arme nucléaire.
Il ne viendrait à personne l'idée de faire la moue devant un tel engagement-véritablement historique-des deux Etats dans le monde qui ont accumulé en un demi-siècle de quoi faire sauter la planète plusieurs fois. A côté des stocks américains et soviétiques, les panoplies britannique, chinoise ou française, bien modestes en définitive, relèvent de la " suffisance ", une notion que Washington et Moscou commencent à admettre mais dont ils demeurent encore assez éloignés.
Car le traité START, une fois appliqué, laissera tout de même entre 8 000 à 10 000 têtes stratégiques à chacun des deux signataires. Cet arsenal de l'ultime sécurité n'est pas rien : l'arme nucléaire reste bien cette épée de Damoclès qui continue d'être brandie pour décourager à l'avance tout agresseur, et la dissuasion-à défaut d'autres références-ne cesse pas d'être le principe majeur qui fonde les rapports entre Etats. L'acharnement de l'Irak, et celui d'autres pays dans le monde qui savent être plus discrets, à posséder l'arme nucléaire démontre a contrario la validité du concept.
L'accord START a la particularité essentielle d'offrir aux Etats-Unis un cadre à l'intérieur duquel ils exerceront un contrôle, pour la première fois, sur le potentiel soviétique qui les menaçait très directement. Les Américains, qui ont toujours espéré ce résultat, ont dû attendre que l'empire soviétique s'écroule pour parvenir à leurs fins.
Mikhaïl Gorbatchev n'était plus en situation de s'y opposer : le traité va grosso modo réduire de moitié l'arsenal des missiles sol-sol intercontinentaux soviétiques ( et notamment les SS 18) qui constituent les deux tiers de la " force de frappe " aux mains de Moscou. Ce n'est pas un mince succès pour Washington, qui conserve une supériorité technologique considérable avec ses armes lancées depuis des sous-marins ou par ses bombardiers censés être de plus en plus " invisibles ".
En ce sens, START a aussi son volet négatif. Il laisse la porte ouverte-en autorisant des maxima élevés pour certaines catégories de matériels, comme les missiles de croisière ou autres missiles aéroportés-à la prolifération de nouvelles armes nucléaires dont le développement est très déstabilisant.
D'une façon générale, en s'étant intéressés exclusivement à l'aspect quantitatif des arsenaux, les négociateurs du désarmement nucléaire sont maintenant au pied du mur : c'est en s'attaquant au côté qualitatif qu'ils feront oeuvre de paix.
BULLETIN DE L'ETRANGER
Le Monde du 1er août 1991
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