A une passante baudelaire
Publié le 18/04/2013
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Baudelaire, « A une passante «, Les Fleurs du Mal, 1861 INTRODUCTION « A une passante « est un poème des Fleurs du Mal, qui appartient à la section « Tableaux parisiens « dont l'inspiration est liée à la ville. Ce poème est construit sur un thème romanesque, celui de la rencontre amoureuse et du coup de foudre. Baudelaire choisit la forme classique du sonnet pour renouveler l'écriture de ce motif au sein d'une scène de rue. LECTURE REPRISE QUESTION/PROBLEMATIQUE Ex : En quoi ce poème est-il un poème de la modernité ? ANNONCE DU PLAN Pour cela, nous proposons une analyse qui suivra la progression du sonnet. Nous parlerons tout d'abord des quatrains et du cadre réaliste du coup de foudre, puis des tercets qui nous plonge dans une autre temporalité, teintée d'irréel. I. Les quatrains : Le cadre réaliste du coup de foudre II. Les tercets : basculement dans un cadre irréel ANALYSE I. LES QUATRAINS : LE CADRE REALISTE DU COUP DE FOUDRE C'est au sein d'un cadre urbain qu'apparaît la figure de la femme. Il est intéressant s'observer l'usage des temps : l'imparfait permet de construire le décor d'une ville oppressante et bruyante « la rue assourdissante autour de moi hurlait « (place forte à la rime de « hurlait «). La femme apparaît au premier plan, grâce à l'emploi du passé simple : « une femme passa « v.3. Tandis que le poète apparaît au vers. 6 en arrière plan puisqu'il est décrit à l'imparfait : « Moi, je buvais «. Cette femme est décrite en mouvement : sa marche, le mouvement de sa robe grâce au passé simple « passa « et au participes présents « balançant, soulevant «. Mais dès le vers 5 la phrase nominale et l'absence de verbe suggère la fin du mouvement, dont le terme « statue « en fin de vers semble figer cette femme. Le « moi « du poète apparaît au vers 6 de manière accentuée (virgule qui oblige à s'arrêter sur le « moi «), il se compare à un extravagant, mais c'est une apparition furtive puisqu'elle ne dure qu'un vers. Tout de suite après revient la description de la femme qui prend un caractère plus universel pour décrire ce qu'une femme lui inspire : «La douceur qui fascine et la plaisir qui tue « (le présent de vérité générale permet cette généralisation). Mais le dernier mot du quatrain « tue « rimant avec « statue «1 donne un caractère inquiétant à cette description de la femme qui bascule du côté de la mort. Ce basculement du poème va se poursuivre dans les derniers tercets. II. LES TERCETS : BASCULEMENT DANS UN CADRE IRREEL v. 9 L'éclair fait à la fois allusion au coup de foudre et au caractère fugace de la rencontre, souligné encore par l'expression « fugitive beauté «. Nous sommes dans le cadre de la modernité, autrement dit d'une temporalité fuyante. Toutefois, le poète convoque des valeurs opposées, puisqu'il parle de « beauté « v.9, d' « éternité « v. 11, d' « Ailleurs «v.12. Des notions qui appartiennent plutôt à une dimension de l'idéal. Mais le dernier tercet révèle la chute du poème, qui est du côté de l'absence de rencontre, soulignée par l'adverbe « jamais « en italique, qui a aussi une portée ironique et grinçante. Absence de rencontre soulignée encore par le chiasme v. 13 « Car je ne sais où tu fuis, tu ne sais où je vais « (le chiasme étant une figure du croisement, mais pas de la rencontre). De plus, l'imparfait du subjonctif souligne la possibilité rendue irréelle de cet amour. Et le poème s'achève également sur une touche lyrique, grâce à l'anaphore « ô toi «. CONCLUSION Ainsi, ce poème exploite la forme classique du sonnet pour déployer le thème du coup de foudre dans un cadre urbain. La manière dont le poète traite ce motif est originale et moderne : la fugacité de la rencontre, le cadre est tout à la fois réel et irréel et le ton lyrique et noir. On reconnaît le géni de Baudelaire qui parvient à renouveler les grandes formes de la poésie dans un cadre nouveau, car pour lui, ainsi qu'il le dit dans un texte plus théorique intitulé « La Modernité : « La modernité, c'est du transitoire «. 1 La sculpture est un art que Baudelaire n'aimait pas (du côté du figé et pas du mouvement).
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