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A. Grjebine et T. Grjebine, La réforme du système monétaire international

Publié le 15/05/2020

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L'entre-deux guerres avait été marqué par l'instabilité des taux de change, par une série de « dévaluations compétitives >>, par des crises de spéculation, par une insuffisance de crédits capables de financer le commerce international. .. De ce fait, les échanges commerciaux avaient été fréquemment perturbés. Les aléas subis par le commerce international, s'étaient répercutés sur la croissance économique des différents pays, s'ajoutant aux facteurs internes, pour multiplier les crises de récession et le nombre des chômeurs.

Pour mettre un terme à ces désordres, les délégués de quarante-quatre pays se réunirent, en juillet 1 944, à Bretton Woods.

A peu de choses près, les graves problèmes qu'ils devaient tenter de résoudre étaient les mêmes que ceux qui se posent encore aujourd'hui.

• Premiers impératifs

1 ) Le développement du commerce international nécessite des relations de change stables. Il ne peut qu'être freiné si les exportateurs qui doivent être payés dans une monnaie étrangère ne peuvent prévoir à l'avance quelle sera la valeur de celle-ci par rapport à leur monnaie nationale.

2) Mais cette stabilité des changes ne doit pas faire obstacle aux ajustements nécessaires. En effet, les diverses économies n'évoluent pas toutes de la même manière. Taux d'inflation, taux de chômage, puissance des syndicats, ressources en matières premières, etc., se modifient différemment d'un pays à l'autre. De ce fait, les exportateurs sont plus ou moins avantagés, et les balances commerciales tendent à devenir déficitaires là où les importations dépassent les exportations, alors qu'ailleurs les excédents commerciaux s'accroissent. Pour rétablir l'équilibre des échanges, il est souvent nécessaire de procéder à des changements de parité : une dévaluation (baisse de la valeur d'une monnaie par rapport aux monnaies étrangères) rendra les prix à l'exportation plus compétitifs, tout en tendant à réduire les importations; une réévaluation, au contraire, diminuera l'avantage compétitif du pays qui y recourt. Faute d'un changement de parité pratiqué en temps voulu, les déséquilibres s'accumulent et s'accentuent, à moins que, pour faire baisser leurs prix (et en particulier leurs prix à

« 98 L'explication d'un texte économique l'exportation) certains Etats ne mènent une politique déflationniste; mais cette politique est synonyme de ch.ômage, de ralentissement de la croissance, de crise sociale, etc.

3) Un système monétaire international doit assurer à chaque pays la plus grande indépendance possible en ce qui concerne sa politi­ que économique interne et le choix des objectifs (plein emploi, crois­ sance, etc.) qu'il cherche à atteindre en priorité.

Dans un discours à la Chambre des Lords, en 1943, J.

M.

Keynes a défini ainsi cette exi­ gence « Nous voulons que la valeur extérieure du sterling se conforme à sa valeur inté­ rieure, et non l'inverse; Nous entendons garder la maîtrise de notre taux d'intérêt intérieur et le maintenir aussi bas que cela nous convient; Nous n'acceptons plus la déflation due à des influences extérieures; Nous refusons d'utiliser le taux de l'intérêt et la contraction du crédit comme moyens d'aligner l'économie interne sur les exigences extérieures.

» 4) La convertibilité des monnaies entre elles doit:être assurée. Si, en effet, une entreprise française vendant en Allemagne reçoit des marks, elle doit, à moins de revenir au troc, pouvoir convertir ceux-ci en francs .

Le mark et le franc doivent donc être réciproquement con­ vertibles, ou convertibles tous deux dans une monnaie tierce.

5) S'il est inacceptable que des équilibres structurels se créent dans les échanges internationaux, il est en revanche parfaitement nor­ mal que chaque pays puise connaître des déficits ou des excédents passagers.

Par ailleurs, les entreprises tournées vers les échanges extérieurs peuvent vouloir conserver leur trésorerie non en monnaie nationale, mais dans un « instrument international >> qu'elles pourront.

utiliser, quand elles en auront besoin, sur n'importe quel marché du monde, sans procéder .à des opérations de conversion.

Le développe­ ment du commerce international exige donc des « liquidités internatio­ nales», c'est-à-dire un 1< instrument de paiement>> utilisé et accepté par cous les pays, à tout moment.

Il va de soi que, plus les échanges internationaux se développent, plus les quantités de liquidités interna­ tionales doivent être importantes, faute de quoi les échanges se ralenti­ ront au risque d'entraîner le chômage dans les industries qui travail­ laient pour l'exportation, puis dans les industries qui travaillaient pour ces industries, et ainsi de suite ...

6) Enfin, il est souhaitable que le système monétaire soit pré­ muni au maximum contre les mouvements de capitaux à court terme qui, errant d'une place financière à l'autre à la recherche d'un gain « spéculatif », portent atteinte aux politiques économiques élaborées par les différents pays.

RemarqUons que ce problème était infiniment moins grave en 1 944 qu'il ne l'est de nos jours, son importance. »

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