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52. La finalité naturelle et le jugement téléologique 1. La liaison

Publié le 22/10/2012

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52. La finalité naturelle et le jugement téléologique 1. La liaison causale, conçue seulement par l'entendement, constitue une série (de causes et d'effets) qui descend toujours; et les choses qui, comme effets, en supposent d'autres comme causes ne peuvent par contre être causes en même temps de celles-ci. Cette liaison s'appelle liaison des causes efficientse (nexus effectivus); mais on peut aussi concevoir une liaison causale suivant un concept rationnel (de fins) qui, considérée comme série, montrerait une dépendance aussi bien descendante qu'ascendante; et la chose désignée comme effet serait, en remontant, nommée à juste titre cause de cet objet dont elle est l'effet. Dans la pratique (l'art), de semblables liaisons se trouvent facilement : ainsi la maison est la cause des sommes perçues comme loyer, inversement l'idée de ce revenu possible a été la cause de la construction. Une semblable liaison causale se nomme liaison finale (nexus finals). Il conviendrait peut-être mieux de nommer la première liaison des causes réelles, la seconde liaison des causes idéales, car en les nommant ainsi on comprend en même temps qu'il ne peut y avoir que ces deux espèces de causalité. (Critique du jugement, p. 179-180.) On dit trop peu de la nature et de son pouvoir pour des productions organisées, quand on l'appelle un analogue de l'art; on imagine alors l'artiste (un être raisonnable) en dehors d'elle. Elle s'organise au contraire elle-même dans chaque espèce de ses produits organisés; dans l'ensemble, il est vrai, d'après un même modèle, mais avec les modifications convenables exigées pour la conservation de soi-même suivant les circonstances. On se rapproche davantage peut-être de cette qualité insondable, en l'appelant un analogue de la vie; mais alors il faut attribuer à la matière en tant que simple matière une propriété (l'hylozoïsme) qui répugne à son essence, ou lui associer un principe d'espèce différente (une âme) coexistant avec elle; mais si un tel produit doit être un produit de la nature, ou bien on 1. Les deux premiers extraits qui suivent appartiennent à un paragraphe intitulé : « Les choses en tant que fins naturelles sont des êtres organisés. « Il faut, en effet, distinguer une finalité relative, qu'on appellerait aujourd'hui finalité externe, de la vraie finalité, qui est une finalité interne telle que la chose est à la fois « cause et effet d'elle-même « (p. 178); l'harmonie qu'on peut trouver dans la nature est donc seulement celle des êtres organisés. suppose une matière organisée, instrument de cette âme, ce qui ne la rend pas plus compréhensible, ou il faut faire de l'âme l'artiste créateur de cette formation, et ainsi enlever cette production à la nature (corporelle). Pour préciser, l'organisation de la nature n'offre rien d'analogue avec une causalité quelconque à nous connue (1). La beauté de la nature, comme elle n'est attribuée aux choses que par rapport à la réflexion sur leur intuition extérieure, donc à cause de la forme de la surface, peut donc avec raison être appelée un analogue de l'art. Mais la perfection naturelle interne que possèdent certaines choses possibles seulement comme fins naturelles et qui s'appellent pour cela êtres organisés, n'est concevable ni explicable par aucune analogie de quelque puissance physique, c'est-à-dire naturelle, connue de tous, et même pas, puisque nous appartenons à la nature au sens le plus large, par une analogie exacte avec l'art humain. Le concept d'un objet, fin naturelle en soi, n'est donc pas un concept constitutif de l'entendement ou de la raison, mais peut être toutefois un concept régulateur pour le jugement réfléchissant, de manière à diriger d'après une analogie éloignée avec notre causalité finale en général, la recherche se rapportant à des objets de ce genre et à méditer sur leur principe suprême; méditation utile, moins pour la connaissance de la nature et de son fondement premier que bien plutôt pour cette faculté pratique de notre raison, qui nous faisait considérer la cause de cette finalité par analogie. Des êtres organisés sont donc les seuls dans la nature qui, quoique considérés en eux-mêmes et sans rapport avec autre chose, doivent être conçus comme possibles en tant que fins de la nature, donnant ainsi d'abord au concept de fin, non fin pratique, mais fin de la nature, une réalité objective et à la science de la nature, la base d'une téléologie, c'est-à-dire une manière de juger les objets suivant un principe particulier; sans cela on ne serait pas le moins du monde autorisé à l'introduire (car a priori on ne peut pas du tout apercevoir la possibilité d'une causalité de ce genre). NOTE DE KANT (1) Par contre, on peut éclairer une certaine relation rencontrée d'ailleurs plutôt en idée qu'en réalité, par une analogie avec les fins naturelles immédiates indiquées.. Ainsi, dans la transformation totale récemment entreprise d'un grand peuple en un État, on s'est fréquemment servi du terme organisation, et très justement, pour l'institution des magistratures, etc... et même du corps entier de l'État; car dans un pareil ensemble chaque membre doit être non seulement un moyen, mais aussi une fin, et, tout en contribuant à la possibilité de l'ensemble, déterminé à son tour par l'idée même de cet ensemble, dans sa situation et sa fonction propres. (Critique du jugement, p. 181-182.) Il va de soi que ce principe n'est pas pour le jugement déterminant, mais pour le jugement réfléchissant, qu'il est régulateur et non constitutif; il nous fournit un fil conducteur pour considérer les objets de la nature par rapport à un principe de détermination déjà donné, suivant un nouvel ordre de lois et pour élargir ainsi la science de la nature d'après un autre principe, celui des causes finales; sans dommage toutefois pour celui du mécanisme de sa causalité; d'où il ne saurait résulter d'ailleurs que ce que nous jugeons suivant ce principe soit une fin intentionnelle de la nature, que les herbes existent pour le boeuf ou le mouton ou que ceux-ci et les autres objets de la nature soient faits pour l'homme; il est bon d'examiner aussi de ce biais les objets qui nous sont désagréables et, sous certains rapports, contraires. On pourrait dire par exemple : les insectes qui infestent les habits, les poils et les lits de l'homme constituent, par une sage disposition de la nature, un aiguillon pour la propreté, en soi un point bien important déjà pour la conservation de la santé; d'autre part, les moustiques et autres insectes à dard qui rendent, pour les sauvages, les déserts d'Amérique si pénibles, sont autant de stimulants pour pousser ces hommes novices à drainer les marécages et éclaircir les forêts épaisses qui empêchent l'air de circuler, à assainir ainsi leur séjour par la culture du sol. Même ce qui paraît à l'homme contre nature dans son organisation intérieure révèle, ainsi traité, non sans intérêt ni profit, un ordre téléologique des choses où ne nous aurait pas conduits sans un tel principe la seule observation de la nature physique. Certains estiment que le taenia est donné à l'homme ou à l'animal dans lequel il habite, pour remédier à des défectuosités dans les organes vitaux, et alors je demanderai si les songes (qui toujours accompagnent le sommeil, bien que l'on s'en souvienne rarement) n'auraient pas été établis avec intention par la nature pour servir, dans la détente

« Esthétique et religion suppose une matière organisée, instrument de cette âme, ce qui ne la rend pas plus compréhensible, ou il faut faire de 1 'âme l'artiste créateur de cette formation, et ainsi enlever cette pro­ duction à la nature (corporelle).

Pour préciser, l'organisation de la nature n'offre rien d'analogue avec une causalité quel­ conque à nous connue (!).

La beauté de la nature, comme elle n'est attribuée aux choses que par rapport à la réflexion sur leur intuition extérieure, donc à cause de la forme de la surface, peut donc avec raison être appelée un analogue de l'art.

Mais la perfection naturelle interne que possèdent certaines choses pos­ sibles seulement comme fins naturelles et qui s'appellent pour cela êtres organisés, n'est concevable ni explicable par aucune ana­ logie de quelque puissance physique, c'est-à-dire naturelle, connue de tous, et même pas, puisque nous appartenons à la nature au sens le plus large, par une analogie exacte avec l'art humain.

Le concept d'un objet, fin naturelle en soi, n'est donc pas un concept constitutif de l'entendement ou de la raison, mais peut être toutefois un concept régulateur pour le jugement réfléchissant, de manière à diriger d'après une analogie éloi­ gnée avec notre causalité finale en général, la recherche se rapportant à des objets de ce genre et à méditer sur leur principe suprême; méditation utile, moins pour la connaissance de la nature et de son fondement premier que bien plutôt pour cette faculté pratique de notre raison, qui nous faisait considérer la cause de cette finalité par analogie.

Des êtres organisés sont donc les seuls dans la nature qui, quoi­ que considérés en eux-mêmes et sans rapport avec autre chose, doivent être conçus comme possibles en tant que fins de la nature, donnant ainsi d'abord au concept de fin, non fin pratique, mais fin de la nature, une réalité objective et à la science de la nature, la base d'une téléologie, c'est-à-dire une manière de juger les objets suivant un principe particulier; sans cela on ne serait pas le moins du monde autorisé à l'introduire (car a priori on ne peut pas du tout apercevoir la possibilité d'une causalité de ce genre).

NOTE DE KANT (l) Par contre, on peut éclairer une certaine relation rencon­ trée d'ailleurs plutôt en idée qu'en réalité, par une analogie avec les fins naturelles immédiates indiquées ..

Ainsi, dans la transformation totale récemment entreprise d'un grand peuple en un État, on s'est fréquemment servi du terme organisation, 102. »

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