TD HDD: Commentaire des canons du concile mérovingien
Publié le 03/02/2023
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Commentaire des canons du concile mérovingien
Le texte soumis à notre étude est le canon du concile mérovingien, ou concile
d’Orléans, dont le texte fut d’abord approuvé par Clovis puis édité et traduit 14 siècles plus
tard par J.
Gaudemet et B.Basdevant, en 1989.
Ce texte a une valeur normative.
Il évoque
les différents canons, ensemble de normes fixant la constitution de l’Eglise catholique,
réglant la discipline ecclesiastique et s’appliquant à l’ensemble du territoire, pris lors du
concile d’Orléans.
Ce concile regroupa 32 évêques du royaume mérovingien, soit la moitié
des évêques présents en Gaule, en vue de réorganiser les relations entre l’Eglise et le
souverain et de réaménager l’Eglise de manière interne.
Clovis, roi des francs, premier roi
chrétien et fils de Childéric Ier est à l’initiative de ce concile, qui s’est tenu le 10 juillet 511 à
Orléans, anciennement Aurelianum, ville symbolique car située au centre du royaume
mérovingien.
Cette réunion est présidée par Cyprien, évêque d’Orléans.
En 511, le royaume mérovingien est morcelé.
En effet, suite au déclin de l’empire
romain d’Occident en 476 et aux invasions barbares, de nouveaux peuples vont se
constituer en royaumes indépendants.
Ainsi, lors de l’arrivée au pouvoir de Clovis en 481,
les francs occupent le nord de la Gaule, les Wisigoth occupent le sud-ouest, les Burgondes
occupent l’est de Lyon et les Bretons occupent l’Armorique.
Si Clovis parvient, suite à de
nombreuses batailles, à reconquérir l’ensemble presque exclusif de la Gaule, tous les
territoires ne sont cependant pas juridiquement intégrés au royaume Franc.
En effet, le
bréviaire d’Alaric est appliqué par les gallo romains et les wisigoth tandis que les francs
saliens respectent la loi salique.
Il est donc nécessaire de convoquer l’ensemble des plus
hauts prélats du royaume mérovingien pour permettre l’unification du territoire.
Dès lors, en quoi le concile d’Orléans démontre-t-il la relation entre le pouvoir religieux
et le pouvoir royal ?
L’Eglise constitue une source du pouvoir royal par les pouvoirs qu’elle accorde au roi
(I), et par la légitimation de ce dernier, et se place également comme une puissance stable
et forte par ses pouvoirs coercitifs (II) et par son droit d’asile.
I/ L’Eglise, source du pouvoir royal
Les pouvoirs dont dispose le roi Clovis lors de ce concile lui sont donnés par l’Eglise (A), ce
qui tend à renforcer la légitimation du pouvoir royal (B).
A.
Les pouvoirs du roi accordés par le concile
Le roi Clovis est une figure majeure au sein de l’Eglise, bien qu’il ne fasse pas partie des
plus hauts prélats.
“tous les évêques à qui vous avez mandé de venir au concile “ (l.2-3), “
vous avez [...] prescrit que les évêques se réunissent pour traiter des questions nécessaires
“ (l.4-5).
Il est précisé dans le propos liminaire que les évêques du royaume mérovingien se
réunissent sur ordre du roi Clovis et que c’est de même ce dernier qui amorce les réflexions
sur des sujets bien précis auxquels il souhaite que les évêques apportent une
réponse.Cependant, Clovis n’intervient pas au cours de ce concile sur les décisions propres
à l’Eglise, à l’image de l’empereur Constantin lors du concile de Nicée en 325.
Cependant, si Clovis n’intervient pas au cours des décisions, il possède tout de même
un droit de regard sur le pouvoir religieux : “ de la sorte, si ce que nous avons déterminé est
aussi reconnu juste à votre jugement, l’approbation d’un si grand roi et seigneur confirmera
que doit être observée avec une plus grande autorité la sentence d’un si grand nombre
d’évêques”.
(l.6 à 8) Ainsi le roi doit approuver la décision des évêques, pour qu’ensuite les
canons puissent prendre la forme de loi et devenir des sources du droit.
Cette condition
sinéquanone de l’application de ces canons témoigne de l’importance du pouvoir attribué au
roi.
Ces pouvoirs qui lui sont attribués sont révélateurs des rapports qui lient l’Eglise et
Clovis, et particulièrement du pouvoir qu’exerce qu’il exerce sur l’Eglise puisque la
publication de ces canons est tributaire de son approbation.
Enfin, le roi Clovis dispose également d’un pouvoir d’ingérence dans le domaine
religieux, initialement réservé aux membres de l’Eglise.
“ Au sujet des ordinations des clercs,
nous avons jugé qu’il faut observer ceci : qu’on n’ose promouvoir aucun des séculiers à la
fonction cléricale, si ce n’est soit sur l’ordre du roi, soit avec l’autorisation du comte” (l.
34 à
36).
Ainsi, il revient au roi ou aux contes, représentants du roi nommé par lui-même, de
nommer les clercs, excepté pour les descendants de ces derniers.
Cependant, cette
nomination “ doit être entérinée par trois évêques locaux, après que tous les évêques en
aient été avertis par courrier, conformément au concile de Riez de 439 “.
Ainsi, le pouvoir du
roi reste en partie limité, et il ne dispose pas d’un pouvoir absolu quant au domaine religieux.
Si une partie du pouvoir royal trouve sa source dans l'Église, cette dernière lui confère
également sa légitimité auprès des habitants du royaume mérovingien.
B) La légitimité du pouvoir royal.
Le pouvoir royal tire sa légitimité de l’Eglise : “ A leur seigneur, fils de l’Eglise
catholique, le très glorieux roi Clovis “ (l.2), “ Puisque si grand est le souci de la foi glorieuse
qui vous incite à honorer la religion catholique “ (l.
3-4)Par son baptême, en 498, Clovis
devient fils de Dieu, fils de l’Eglise catholique.
Par ce sacrement, Clovis est soutenu, épaulé
par Dieu, et ainsi son pouvoir de décision est orienté par ce dernier, ce qui lui confère une
grande légitimité.
Il s’agit donc d’une relation de coopération entre l’Eglise et Clovis car
l’Eglise, par le sacrement du baptême, permet à Clovis d’affirmer sa légitimité mais permet
également d’inciter l’ensemble du royaume à la conversion au catholicisme.
Par ailleurs, ces décisions ont une grande légitimité puisqu’elles ont été d’une part
formulées par les plus hauts prélats du royaume, et d’autre part approuvées par le roi,
personnage le plus élevé au sein de la hiérarchie des membres de la noblesse.
De fait, les
membres formant le royaume mérovingien seront plus à même de respecter ces lois qui
leurs sont imposées, et les écarts à ces décisions seront donc moins nombreux.
Ainsi, cette
alliance est nécessaire car elle permet d’une part d’asseoir le pouvoir royal en le légitimant
mais permet également de renforcer la place de l’Eglise et de diffuser largement le droit
canonique.
L’Eglise, si elle est une source du pouvoir royal, est également représentée comme une
puissance stable et forte, assurant l’autorité au sein du royaume.(II)
II/ L’Eglise, puissance stable et forte
L'Église est considérée comme une puissance stable et forte par la protection qu’elle assure
aux délinquants (A), mais également par son caractère coercitif, avec la mise en place de
sanctions religieuses.
(B)
A)L'Église, lieu d’asile des délinquants.
Tout délinquant en fuite qui trouvait refuge dans une Église de crainte d’être persécuté
ou exposé à une menace, ne peut s’y voir expulser.
“ au sujet des homicides, des adultères
et des voleurs, s’ils se réfugient à l’Eglise, nous avons décidé qu’il ne....
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