Préambule aux Institutes de Justinien (533), trad. Ortolan (1857)
Publié le 05/04/2022
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Préambule aux Institutes de Justinien (533), trad.
Ortolan (1857)
« Ce qui plaît au Prince a force de loi ; en effet, en vertu de la loi royale qui a été portée au sujet du
pouvoir suprême, le peuple lui a remis tout son imperium et sa potestas » (Ulpien, D.
1, 4).
Empereur d'Orient succédant en 527 à son oncle Justin Ier, qui l'a auparavant adopté en lui donnant
une solide éducation politique, Justinien engage une ambitieuse politique de conquête.
Son long règne
(527-565) et son talent politique associé à des qualités militaires certaines lui permettent d'étendre son
autorité sur des provinces de l'ancien Empire romain occidental.
A plusieurs reprises, Justinien trouve
ainsi, l'occasion de justifier la nécessité et la cohérence de réformer le droit existant.
Dans la préface
des Institutes, bref manuel à destination des étudiants promulgué en 533, l'empereur explique sa
démarche aux jeunes juristes susceptibles de le servir bientôt dans ses bureaux impériaux.
Les
Institutes ont été rédigées par trois professeurs de droit (Tribonien, Théophile et Dorothée) s’inspirant
en grande partie du manuel du jurisprudent Gaius, datant du milieu du IIe siècle.
L’empereur Justinien
a donc l’ambition de reconstituer l’empire dans toute sa gloire, une reconstitution qui va d’abord être
territoriale ; les byzantins partent à la reconquête de l’occident, mais aussi par une reconstruction
juridique, une commission dirigée par Tribonien, questeur du palais, est chargée de rassembler et de
compiler les textes qui ont marqués l’apogée du droit romain.
La compilation justinienne a donc pour
objectif de remettre de l’ordre dans le chaos législatif du VIe siècle.
Toutefois, l’idée d’une compilation n’est pas nouvelle.
Dès la fin du IIIe siècle après J-C, l’abondance
de la législation impériale, qui fait de l’empereur la source unique du droit, forme une masse textuelle
de plus en plus difficile à manier et incite à rassembler ces sources dans des recueils.
Ainsi, en 292 et
295, des compilations impériales sont composées, il s’agit du Code Grégorien et du Code
Hermogénien.
Ce ne sont toutefois que des recueils privés qui n’ont pour but que de mettre à la
disposition des juristes des rescrits importants concernant le droit privé.
L’idée d’une compilation des
constitutions prend une toute autre tournure avec le Code Théodosien (438), qui sous l’initiative de
l’Empereur d’Orient Théodose II, réunit les constitutions impériales promulgués depuis Constantin
(306-337) et lui donne une valeur officielle, à la différence des précédents codes.
Ce code va être en
vigueur en Occident jusqu’à la chute de l’empire romain d’Occident en 476, et est le code officiel en
Orient jusqu’à la compilation justinienne.
Ces initiatives antérieures sont donc largement dépassées en
quantité et qualité par la compilation justinienne.
Dès 529, Justinien fait rassembler l’ensemble des
constitutions impériales, dont les plus anciennes remontent au règne d’Hadrien (117-138), dans un
Code (529) ; puis en 530 , par la constitution impériale Deo Auctore, il ordonne l’élaboration du
Digeste, qui est un recueil contenant des extraits de la jurisprudence romaine classique ; ensuite
suivent les Institutes (533), un bref manuel d’enseignement destiné aux étudiants ; et les Novelles,
recueil des constitutions postérieures au Code, nées de l’activité législative de Justinien entre 535 et
565.
Ces quatre recueils forment l’ensemble de la compilation justinienne désignée à partir du Moyen
âge sous le nom de Corpus juris civilis.
Ainsi, avec cette compilation, l’empereur Justinien se lance un.
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