Le juge administratif et la Constitution française- Dissertation
Publié le 26/02/2024
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«
Thème : Le juge administratif et le Constitution française
Le juge administratif au sein de l’ordre juridictionnel occupe un rôle singulier.
En
effet, en France se décline deux ordres juridictionnels, l’ordre judiciaire et l’ordre
administratif.
Ce dernier se caractérise par un principe d’autonomie très prononcé
constitutive de son identité.
En effet, l’ordre juridictionnel administratif est un ordre
juridictionnel autonome, dans la mesure où ce dernier est fondamentalement
strictement séparé du judiciaire.
Cette autonomie sera affirmée et consacrée par
l’arrêt Blanco, arrêt fondateur du droit administratif.
Ce dernier dispose ou du moins
aboutira à la conclusion que la “responsabilité administrative ne peut être régie par
les principes qui sont établies dans la Code civil, pour les rapports de particuliers à
particuliers(...) cette responsabilité n’est ni générale, ni absolue; qu’elle à ses règles
spéciales qui varient suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les
droits de l’Etat avec les droits privés”.
Au regard de cette conclusion, le droit
administratif s’érige donc pour en connaître des litiges entre l’Etat et les individus,en
droit prétorien, ou le juge administratif y joue un rôle clé.
Cet ordre s’organise autour
d’une hiérarchie comprenant au bas de cet ordre le Tribunal administratif, puis la
Cour d’appel administrative supérieur à cette dernière.
Et enfin au sommet de cette
hiérarchie le Conseil d’Etat supérieur au deux autres institutions administratives
susnommées.
Le principe d’autonomie de l’ordre administratif sera affirmé, et d’une
certaine manière tire son origine de l’histoire politique de la France.
En effet, impulsé
par la Révolution française de 1789 prônant la séparation des pouvoirs entre le
Judiciaire, le Législatif et l’Exécutif.
L’autonomie du droit administratif résulte de cette
méfiance révolutionnaire relative aux prérogatives du juge judiciaire pré révolution,
qui pouvait s'immiscer dans les affaires de l’administration, dans les affaires de
l’Etat.
Mais cette ingérence sera réguler, si ce n’est prohibée par les lois des 16 et 24
août 1790, mais également le décret du 16 fructidor an III, enterrinant
constitutionnellement la séparation stricte entre ces deux ordres juridique, l'ordre
administratif et l’ordre judiciaire.
Il s’impose à nous alors le constat que la
Constitution à permis, bien qu’étant objectivement le fruit d’une histoire politique,
dans un premier temps l’éclosion d’une réelle doctrine administrative.
Puis dans un
second la création d’un magistrat singulier à la charge de cette nouvelle doctrine,
laissant présager une connivence plus ou moins marquée entre ces deux entités du
droit français.
Ainsi on peut s’interroger quant au rôle que joue le droit administratif par le
biais du juge administratif relative à la protection et la consécration de la
Constitution?
Il conviendra dans un premier temps de s’intéresser au juge administratif notamment
de son rôle et de la mission particulière que ce dernier occupe (I).
Puis dans un
second temps de mettre en avant ce rôle de garant ou de protecteur de l’Etat de
droit qu’occupe le juge administratif.
I.
Le juge administratif, un statut et une mission particulière
En effet, le juge administratif peut être vu comme singulier des autres magistrats,
notamment du judiciaire de part le statut qu’il occupe et de sa mission qui sans nulle
doute bien que particulière s’avère être fondamentale.
a.
Indépendance et impartialité, fruit de la séparation des pouvoirs
Le juge administratif, comme indiqué précédemment, dispose d’un statut particulier
marqué par le sceau de l’autonomie.
Mais pour comprendre l’enjeu de cette
autonomie et l’importance qu’occupe cette autonomie au regard de la Constitution, il
convient de retracer l’émergence de ce statut.
En effet, sous fond de Révolution
française (1789), véhiculant les principes de liberté, le juge administratif et d’une
manière plus globale, le droit administratif résulte de cette volonté et des idées de
liberté qui prédominent le monde politico juridique de la France du 18 ème siècles.
La méfiance des révolutionnaires à l’égard des juges va rendre l’interdiction faite aux
tribunaux judiciaires de s’immiscer dans les fonctions administratives plus explicites .
Émerge alors la nécessité d’un ordre juridique propre, dans la mesure où laisser le
juge judiciaire juger les actes de l'administration revient à lui permettre de porter
atteinte à la séparation des pouvoirs.
Pour citer le conseiller d’Etat Henrion de
Pansey: “Juger l’administration, c’est encore administrer”.
Cette autonomie sera
donc véritablement consacrée avec la création du Conseil d’Etat par la Constitution
du 22 Frimaire an VII, permettant ainsi la mise en place d’un juge spécialisé au fait
des difficultés de l’action administrative.
Par ailleurs, avec la promulgation de la loi
du 24 mai 1872, octroyant la justice déléguée au Conseil d’Etat, ce caractère
autonome s’en trouvera renforcé.
Le Conseil d’Etat juge désormais “au nom du
peuple français” de manière autonome.
Le juge administratif occupe donc une
position unique dans ce cadre, opérant au sein du pouvoir judiciaire mais ayant
compétence sur les questions administratives.
Ce statut si particulier réside
finalement dans ce double rôle, soulignant l'importance du juge administratif dans le
maintien de l'équilibre entre les différentes branches du gouvernement.
Ce statut
singulier sera constitutionnalisé, notamment dans la jurisprudence du Conseil
Constitutionnel avec cette décision rendue le 22 juillet 1980 relative à la loi de
validation des actes administratifs.
En effet le Conseil Constitutionnel a reconnu que
l’indépendance de la juridiction administrative faisait partie des principes
fondamentaux reconnues par les lois de la République.
De plus une partie de la
compétence de la juridiction administrative et par voie de conséquence son
existence, a également été constitutionnalisée par la décision du 23 janvier 1987
Conseil de concurrence relative à la promulgation de loi transférant à la juridiction
judiciaire le contentieux des décisions du Conseil de la concurrence.
b.
Un rôle clé pour la sauvegarde des libertés des citoyens
Indirectement ou directement selon le point de vue d'où l’on se place, le droit
administratif en la personne du juge administratif à une importance fondamental
dans la protection des droits individuelles.
Comme pour remercier les principes
fondateurs qui ont permis sa création, le juge administratif de par son activité peut
être considéré comme le garant des libertés individuelles.
En effet, la Constitution
française garantit à tous les citoyens les droits et libertés fondamentaux, notamment
les droits à la liberté, à l'égalité et à la propriété.
Le juge administratif joue un rôle
crucial dans la sauvegarde de ces droits en tranchant les litiges entre les individus et
l'Etat.
Cela par le biais de mécanismes tels que le Conseil d'État, la plus haute
juridiction administrative en France, le juge administratif contrôle la légalité des
décisions et actions administratives, prévenant ainsi les abus de pouvoir et
protégeant les libertés individuelles.
Mais pour comprendre l’intérêt et le
fonctionnement de ce contrôle, et d’une manière générale l’un des rôles du Conseil
d’Etat, il convient de s’intéresser à la hiérarchie des normes juridiques en France.
En
effet, elle peut se définir comme étant un classement hiérarchisé de l'ensemble des
normes qui composent le système juridique d’un Etat.
Elle est fondée sur le principe
qu’une norme doit respecter celle du niveau supérieur et le cas échéant, la mettre en
œuvre en la détaillant.
On trouve au sommet de cette hiérarchie, le bloc de constitutionnalité composé de la
Constitution et les principes généraux de valeur constitutionnelle.
Puis vient le bloc
de conventionalité composé des traités internationaux.
Ensuite se décline le bloc de
légalité, composé des différents types de lois et ordonnances.
En avant dernière
position le bloc réglementaire et enfin tous les autres actes administratifs.
Ainsi par
le biais de ce contrôle de légalité, le juge administratif s’assurera que les actes pris
par l’administration ne déroge pas à la loi et d’une manière générale aux principes et
valeurs constitutionnels tels que par exemple ceux véhiculés par la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen.
Ce faisant, il joue un rôle fondamental dans la
préservation de la sûreté des citoyen-ne-s, en particulier des plus vulnérables aux
abus de pouvoir.
Ce rôle de protecteur sera affirmé par l’arrêt Benjamin 19 mai 1933,
dans lequel le Conseil d’Etat annule des arrêtés communaux visant à interdire une
manifestation publique se rendant par là même coupable d’une faute lourde en
entravant la liberté de réunion.
Par cet arrêt, le Conseil d’État affirme que « s’il
incombe au maire (représentant de l’Etat et du pouvoir administratif au niveau local),
de prendre les mesures qu’exige le maintien de l’ordre, il doit concilier l’exercice de
ses pouvoirs avec le respect de la liberté de réunion (principe constitutionnel) ».
Au-delà de se rôle de protecteur qu’il occupe, le juge administratif au regard de sa
tumultueuse histoire avec la....
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