La transition constitutionnelle de 1958
Publié le 07/03/2024
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«
La transition constitutionnelle de 1958
Charles de Gaulle a affirmé lors d’une conférence de presse en janvier 1964
« qu’Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique ».
Cette
citation illustre la représentation de la Constitution de De Gaulle qui se montre
comme un personnage clef de la transition.
Nous voyons ici le contraste entre
institutions et pratiques qui rappellent la transition illégale de 1958.
La transition constitutionnelle aussi appelée le processus constituant se définit
comme le passage d’un texte constitutionnel à un autre, ce passage relève du
fait des crises sociales et politiques des régimes constitutionnels.
La transition
implique donc la disparition du droit à la seule condition que ce droit soit
remplacé par un autre.
Une Constitution ne peut évidemment pas envisager sa
fin, il n’y a pas de condition de temps : c’est une sorte de contrat social à durée
indéterminable.
L’année 1958 se caractérise par l’écroulement de la 5 ème République en raison de
l’incapacité de celle-ci et de ses hommes politiques et ainsi, le passage à la 5 ème
République.
La 5ème République ne s’explique que si l’on connait les régimes antérieurs.
Il est
évident que le pouvoir constituant originaire est en théorie inconditionné puisqu’il
est lui-même à l’origine de l’ordre juridique.
Mais il est fréquent qu’il s’inspire des
éléments qui ont marché dans les régimes précédents et évite ce qui n’a pas
marché.
Il s’agira d’évoquer les évènements qui ont déclenché cette transition
constitutionnelle, ainsi que les caractéristiques de cette dernière et son impact
sur le changement de régime.
Nous aborderons la période de transition qui
débute en 1946 par l’arrivée de Charles de Gaulle au pouvoir et qui s’achève en
septembre 1958, date à laquelle la Constitution est soumise à un référendum et
adoptée à 82% des suffrages exprimés.
Il s’agira de se demander quelles sont les origines de cette transition et ses
caractéristiques ?
Il convient alors de traiter le contexte de crise dans laquelle intervient la
transition (I), pour ensuite aborder ses spécificités (II).
1.
Une transition nécessaire d’un point de vue politique et institutionnel
Le contexte institutionnel et géopolitique n’est pas favorable à la conservation
d’un tel système (A), c’est la raison pour laquelle la France a besoin de Charles
de Gaulle (B).
A.
Un désordre institutionnel et géopolitique questionnant la stabilité du
régime
Il faut commencer par rappeler le contexte institutionnel de la 4 ème République.
L’instabilité gouvernementale s’illustre par la succession de 25 gouvernements
différents en 12 ans.
Cette crise, d’abord institutionnelle, est une des raisons qui
a donné naissance à la volonté de réformer la Constitution et son régime.
Même
si le constituant de 1946 avait déjà tenté de rationaliser le parlementarisme en
prévoyant un équilibre dans le jeu des institutions, la pratique a démontré le
contraire.
Mais il est d’autant plus évident que ce passage de la 4 ème à la 5ème
République est essentiellement lié au contexte de la guerre d’Algérie.
En effet,
elle n’a fait que mettre en lumière l’impuissance de ce régime et la menace de
l’unité nationale.
Le conflit algérien éclate donc en 1954 dans un contexte déjà
très tendu.
Les gouvernements qui se succèdent à partir de 1954 sont incapables
de faire face à l’intensité du conflit.
Jusqu’en 1958, les généraux présents à Alger
manifestent publiquement leurs inquiétudes de l’incapacité du gouvernement à
résoudre le problème algérien.
La transition constitutionnelle apparaît donc
comme une nécessité dans ce contexte de crise qui va se traduire par une guerre
civile opposant des colons français implantés durablement et le parti qui
revendique l’indépendance de l’Algérie.
L’impulsion du retour du général De
Gaulle débute le 13 mai 1958 lorsque se constitue à Alger un Comité de salut
public qui va se présenter comme un comité souhaitant défendre l’Algérie
française.
Ce comité fait à plusieurs reprises des pressions sur le gouvernement
et exprime publiquement sa confiance envers le général.
Ce contexte de crise
tant institutionnelle, que géopolitique, amène le Président de la République René
Coty à faire appel au « plus illustre des français » le 29 mai.
Le contexte de crise
a mené au retour du général qui va véritablement initier le processus de
transition constitutionnelle.
B.
De la présidence du Conseil à la présidence de la République : Charles de
Gaulle, la clé de voûte de cette transition
Dès son arrivée en tant que Président du Conseil, le général de Gaulle pose
plusieurs conditions à son investiture.
Dans un premier temps, il souhaite que le
Parlement lui vote immédiatement des pouvoirs spéciaux afin de régler la
situation en Algérie.
Il demande à pouvoir légiférer par ordonnance, mais il
demande également à ce que le Parlement lui confie un mandat pour réviser la
Constitution.
Cette dernière demande est clé dans le processus de transition
constitutionnelle, puisqu’en demandant un tel pouvoir au Parlement, le général
entendait déjà en rédiger une nouvelle.
Par cette révision, il prévoyait en réalité
une future révision-abrogation qui lui permettrait ensuite, grâce au référendum,
le changement total de Constitution.
Au départ, il manifeste ouvertement son
attachement au principe de l’Algérie française, suite à son discours à Alger le 4
juin 1958 : « je vous ai compris » aux algérois, devant la foule européenne.
Le 8
juin, il prononce un autre discours qu’il conclut par « vive l’Algérie française ».
On voit ici qu’il marque son engagement en vue de préserver l’Algérie française.
En même temps, il demande aux généraux de dissoudre le Comité de salut
public.
Cependant, par la suite, la position de De Gaulle va rapidement évoluer :
dès 1960 il semble convaincu que l’indépendance de l’Algérie est inévitable car il
constate que l’intégration des français en Algérie est impossible.
Ce revirement
du général De Gaulle va susciter la colère des Algérois.
La transition constitutionnelle est dès lors indispensable, tant d’un aspect
politique que juridique.
Il convient désormais d’analyser l’originalité de cette
transition.
2.
Une révision abrogation nécessaire dans une France devenue
ingouvernable
Une légalité de la procédure remise en question (A) par cette révision-abrogation
de la Constitution (B).
A.
Une légalité non respectée couverte par la légitimité et l’urgence
La Constitution de la 4ème République prévoit une procédure de révision....
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