enfermement, histoire de l' (cours de droit pénal).
Publié le 20/05/2013
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politiques.
Symbole de l'arbitraire royal, la forteresse est démolie après le 14 juillet 1789.L'aspect sordide du sombre donjon — oùemprisonnement et torture évincent toute idée de réhabilitation du condamné — est admirablement dépeint aux premiers jours de laRévolution par l'artiste français Jean-Pierre Houel (1735-1813).Jean-Pierre Houel, Un cachot de la Bastille, à l’instant où l’on délivreune de ses victimes, 1789.
Huile sur toile.
Musée Carnavalet, Paris.Gianni Dagli Orti/Corbis
À l’époque féodale, les puissances royales et seigneuriales disposent également de lieux d’isolement.
Les premiers usités ont pour objectif l’oubli social du détenu, commec’est le cas des donjons et des oubliettes.
Les cachots quant à eux, bas et étroits, sont l’antichambre de la torture quand ils ne constituent pas par eux-mêmes, du fait deleur extrême exiguïté — les « fillettes » de Louis XI sont devenues légendaires —, une forme de lent supplice.
Image d’Épinal de l’enfermement, ces cachots sont utiliséscomme une étape transitoire, passerelle d’une chambre de torture à une autre.
Effectivement, la torture et son serviteur (le bourreau), comme les galères ou l’échafaud, ontlongtemps été préférés à l’isolement pour châtier les individus sortis d’une norme définie par un pouvoir souvent arbitraire.
La justice est alors royale, ecclésiastique ouseigneuriale ; elle suit les desiderata de son dépositaire, et en premier lieu, ceux du monarque qui, par simple lettre de cachet, peut faire enfermer toute personne estimée dangereuse pour la sécurité du royaume : seigneur révolté, ministre déchu, protestants et philosophes.
Tour de LondresConstruite vers 1078 par Guillaume le Conquérant, la Tour de Londres, prison royale, a notamment accueilli le souverain françaisJean II le Bon après sa capture à Poitiers (1356).Will and Deni McIntyre/Photo Researchers, Inc.
De fait, durant les périodes médiévale et moderne, le terme de prison s’applique presque exclusivement aux forteresses abritant les opposants politiques, même si certainsétablissements servent de lieux de sûreté permettant de retenir les accusés jusqu’à leur condamnation.
Dans le royaume de France, la Bastille et le château de Vincennes— où séjournent Denis Diderot et le marquis de Sade — en sont les illustrations les plus célèbres.
Cette situation est comparable dans les autres pays d’Europe : le châteauSaint-Ange du Vatican, la Tour de Londres (où ont été détenus le roi de France Jean le Bon puis Thomas More), ou encore les « Plombs » de la Cité des Doges de Venise(d’où Casanova s’est échappé de manière spectaculaire).
Les quelques efforts consentis par le pouvoir pour humaniser ces lieux de détention — telle la tentative de réformed’Henri II en 1557, ou l’effort d’enseignement religieux et d’apprentissage professionnel dans les cellules du Vatican en 1703 (première tentative d’amendement desdétenus) —, ne portent guère leurs fruits.
En dépit de ces tentatives, il est évident que le traitement des internés est extrêmement rigoureux.
3.2 La prison : de la condamnation du fait criminel à la punition de l’individu
Robert (Hubert), Distribution de lait à la prison de Saint-LazareAu xviii e siècle, Hubert Robert s'inspire de son propre internement à la prison de Saint-Lazare pour peindre les conditions de vie desprisonniers.Hubert Robert, Distribution de lait à la prison de Saint-Lazare, 1794.
Musée Carnavalet, Paris.Gianni Dagli Orti/Corbis
L’institution de la « prison-peine » est à l’origine considérée comme une alternative aux supplices publics de l’Ancien Régime : sous la pression des philosophes desLumières qui critiquent vivement les pratiques punitives d’une justice jugée archaïque, les mises en scène de la violence légale traversent une profonde crise de légitimité,notamment dans les élites ; les foules urbaines, quant à elles, restent attachées à ces spectacles : la tradition rapporte que, lors de la première utilisation de la guillotine àParis, devant la froide efficacité de la nouvelle méthode, le peuple attroupé s’est mis à crier « Rendez-nous nos supplices ! ».
Du point de vue des intellectuels et des juristes, la naissance de la prison contemporaine repose sur le désir de trouver une alternative aux peines afflictives de l’AncienRégime.
Le juriste italien Beccaria — auteur du traité Des délits et des peines (1764), ouvrage qui est accueilli très favorablement par les philosophes des Lumières — s’oppose violemment à la pratique de la torture, et plus généralement aux pratiques pénales qui tiennent la douleur physique pour unique étalon de la rétribution.
Il s’agitde trouver un nouveau principe d’équivalence entre le mal subi et le mal agi, une nouvelle mesure de conversion qui serve l’ambition de rigueur arithmétique de la nouvellephilosophie pénale.
La prison est tout à fait adaptée à cette demande de rationalité, car s’il est difficile de mesurer la douleur, on peut en revanche quantifier très finementle temps de détention.
Du même coup, la prison permet de punir autrement les auteurs de crimes et délits : on ne s’intéresse plus tant au corps qu’à l’âme du sujet ; c’est elle que l’on entend« corriger », déplaçant sensiblement le centre de gravité du processus pénal du fait vers la personne.
La peine est moins orientée vers l’édification et la dissuasion du publicet plus concentrée sur « l’homme-criminel » lui-même..
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