DROIT CONSTITUTIONNEL Dissertation : Le couple Président-Premier ministre
Publié le 03/01/2024
Extrait du document
«
DROIT CONSTITUTIONNEL
Dissertation : Le couple Président-Premier ministre
« Le Président de la République serait la tête pensante et le premier ministre la tête agissante du
pouvoir ».
Cette phrase de Charles de Gaulle, résistant, écrivain français, et président de la
République française de 1959 à 1969 marque une relation de subordination entre le Premier
ministre vis-à-vis du chef de l’Etat.
Phrase très proche d’une autre affirmation du Général De
Gaulle sur la division des taches au sein de l’exécutif entre le Président et le Premier ministre dans
Mémoires d’espoir : « Tout de même qu’à bord du navire l’antique expérience des marins veut
qu’un second ait son rôle à lui à côté du commandant, ainsi dans notre nouvelle République,
l’exécutif comporte-t-il après le président voué à ce qui est essentiel et permanent un Premier
ministre aux prises avec les contingences.
», elle reflète ainsi une conception présidentialiste du
régime où le président apparaît comme le personnage majeur de l’Etat, véritable « clef de voûte »
des institutions (Michel Debré) avec un Premier Ministre secondaire, allié du Président.
Cependant, le contexte politique de la Vème République n’a pas toujours joué en faveur d’une
vision purement présidentialiste du régime.
En effet, la position privilégiée du président a été
fortement affaiblie par les périodes de cohabitation établissant ainsi, une certaine dyarchie avec un
renforcement de la position du Premier Ministre.
Dans cette logique, l’article 21 de la Constitution
mentionne bien que c’est le Premier ministre qui « dirige l'action du Gouvernement ».
Le Premier
ministre est donc le dirigeant de la politique nationale du pays, qui possède les attributions décisives
de gouvernance.
De cette manière, le cadre spatio-temporel de notre réflexion ira de la naissance de la Vème
République, c’est-à-dire du 4 octobre 1958 à nos jours.
Dans ces conditions, il semble que l’intérêt du sujet se trouve au delà d’une lecture simple des
attributions constitutionnelles accordées au chef de l’Etat et au Premier ministre mais dans une
étude approfondie des rapports en pratique, parfois conflictuelles, entre ces deux institutions .
Dès lors, on pourra se demander si l’organisation des rapports de pouvoir complexes dans la
Constitution, et en pratique, entre le chef de l’Etat et le Premier ministre favorise un
assujettissement du Premier ministre envers le Président.
Si de prime abord, le texte constitutionnel met en relief une dimension profondément ambiguë
dans la description des rapports entre le Président de la République et le Premier Ministre (I), il
apparait néanmoins que la répartition des rôles est en réalité dépendante de la pratique des
institutions et des différentes configurations politiques (II).
***
I / Un texte constitutionnel profondément ambigu dans la description des
rapports entre le Président de la République et le Premier Ministre
Il s’agira de montrer en quoi le Président de la République possède un surcroît de légitimité par
rapport au Premier Ministre (A), puis de voir, que c’est toutefois, le Premier Ministre qui possède
les attributions les plus larges et les plus décisives (B).
A) Un Président de la République possédant un surcroît de légitimité par rapport au Premier
Ministre
Tout d’abord, en termes de légitimité, la Constitution met bien en avant le Président de la
République, le Premier Ministre possédant une place subordonnée dans le texte.
Ainsi, la légitimité
du Président de la République est consacrée par le texte constitutionnel de par la réforme
constitutionnelle de 1962 avec un Président de la République élu « au suffrage universel direct »
(Article 6 de la Constitution).
La rupture de 1962 pour reprendre la formule de Raymond Aron,
célèbre historien français, marque le « commencement absolu de la Vème R publique ».
Elle place
le Président de la République dans une position dominante.
L’élection présidentielle, ayant lieu tous
les sept ans (jusqu’à la réforme de 2000 avec le passage du mandat au quinquennat), devient un
rendez politique privilégié pour les Français.
En outre, l’article 5 de la Constitution dispose que
« Le Président de la République veille au respect de la Constitution.
Il assure, par son arbitrage, le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État.
Il est le garant de
l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.
» Le chef de l’Etat
apparaît ainsi comme un véritable arbitre, garant des institutions.
De surcroit, d’après l’article 8 de
la Constitution : « Le Président de la République nomme le Premier ministre.
Il met fin à ses
fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.
Sur la proposition du
Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.
» Le
président en nommant le premier ministre, qui nomme ensuite le gouvernement possède un pouvoir
discrétionnaire, c’est-à-dire, selon son propre jugement.
La place du Premier Ministre semble alors
secondaire dans la Constitution car subordonnée au Président.
Cette dimension hiérarchique est
révélée par le nombre d’articles dans la Constitution consacrés au Président de la République : on
compte 19 articles concernant le chef de l’Etat dans la section Titre II - LE PRÉSIDENT DE LA
RÉPUBLIQUE contre 4 sur le gouvernement (Titre III de la Constitution).
B) Un Premier ministre détenant les attributions les plus larges et les plus décisives
Mais paradoxalement, l’attribution des compétences au sein du pouvoir exécutif ne tient pas
compte des légitimités respectives : dans le texte, c’est bien le Premier ministre qui détient les
pouvoirs les plus cruciaux.
Dans cette logique, le Premier ministre possède les attributions décisives
de gouvernance.
Le Premier ministre dirige ainsi « l'action du Gouvernement » et « assure
l'exécution des lois » (Article 21 de la Constitution).
Le pouvoir exécutif semble attribué
majoritairement au Premier ministre qui décide réellement et « conduit la politique de la nation »
(Article 20 de la Constitution).
Il a d’autre part, un pouvoir de délégation, et il peut suppléer, le cas
échéant, le Président de la République « dans la présidence des conseils et comités prévus » (Article
15 de la Constitution).
De plus, la texte constitutionnel met en relief un Président aux attributions
secondaires, bien que certaines soient significatives.
D’après l’article 19 de la Constitution, les
pouvoirs partagés du Président de la République doivent être contresignés par le Premier ministre
ou par les ministres responsables.
Si le président « nomme les ministres et met fin à leurs
fonctions », il ne peut le faire que sur « proposition du Premier ministre » (Article 8 de la
Constitution).
Dans cette logique, la nomination des ambassadeurs, la négociation et la ratification
des traités, le droit de faire grâce, la nomination des emplois civils et militaires de l’Etat, les
ordonnances et les décrets délibérés en conseil des ministres sont autant d’exemples qui nécessitent
la signature du Premier ministre.
é
A ce stade de notre étude, les attributions consacrées au Président de la République et au Premier
ministre se confrontent lors de la lecture du texte constitutionnel.
Ce rapport de force, bien que
donnant lieu à une ambiguïté dans le texte constitutionnel est tranché par la pratique des institutions.
Cela vient de ce que le constitutionnaliste Georges Vedel a développé sur « l’équivoque
constitutionnelle ».
A ses yeux, chaque système constitutionnel a sa logique propre.
Dans le cas de
la France, l’équivoque constitutionnelle pour la direction réelle du pays, se trouve entre le caractère
parlementaire du régime et la légitimité présidentielle introduite notamment par la réforme de 1962.
C’est donc la pratique du pouvoir et les différentes configurations politiques qui tranchent cette
équivoque en structurant les rapports entre le Président et le Premier ministre
***
II / Une répartition des rôles en réalité dépendante de la pratique des institutions
et des différentes configurations politiques
Pour montrer que la répartition des rôles est en réalité dépendante de la pratique des institutions et
des différentes configurations politiques, on verra en quoi le texte constitutionnel donne lieu à une
lecture présidentialiste de la Constitution instaurée par le Général de Gaulle et permise par le fait
majoritaire (A), puis on étudiera que le Premier ministre conserve dans tous les cas un rôle pivot au
sein du régime qui peut se révéler décisif en période de cohabitation (B).
A) Une lecture présidentialiste de la Constitution instaurée par le Général de Gaulle et
permise par le fait majoritaire
é
é
é
é
é
é
é
é
é
é
é
é
é
é
La configuration politique la plus fréquente est celle d’un rapport hiérarchique entre le Président
et le Premier Ministre.
Celle-ci est introduite par la....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- TD séance 5 : Droit constitutionnel Sujet : « Les pouvoirs du président déséquilibre le Vème République ? »
- Droit constitutionnel: Responsabilité du Président de la République
- Dissertation TD 3 (droit constitutionnel) Sujet
- Le président cours droit constitutionnel
- Un décret de la Constituante, en date du 11 mai 1848, avait donné au président de l'Assemblée le droit de requérir directement la troupe, sans avoir à en référer au ministre de la Guerre ou à la hiérarchie militaire.