DROIT CIVIL : LA FAMILLE
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
.Dans toutes les sociétés, la famille présente une
grande importance. Lieu d'épanouissement naturel
des relations affectives individuelles, elle forme une
communauté élémentaire qui contribue à la stabilité
du corps social. Son existence repose sur des
données humaines et biologiques universelles -
l'attrait des sexes, la procréation, le besoin de sécurité
- mais son organisation et son évolution
varient, dans chaque société, en fonction des
conceptions morales, religeuses, sociales, économiques
ou idéologiques. Le droit de la famille reflète
ces valeurs, parfois ancestrales, et fournit le cadre
juridique des relations personnelles et pécuniaires
qui se nouent au sein du groupe familial.
«
titutions de sécurité sociale ; droit à indemnité à la
charge de la personne responsable du décès.
L'étendue de la famille varie selon les civilisa
tions et les époques.
Schématiquement, on peut
opposer deux types
de famille : une famille éten
due, très généralement patriarcale, qui regroupe
autour d'un ancêtre commun tous ses descendants
et leurs conjoints, et une famille conjugale qui
se limite au foyer composé des, père et mère et de leurs
enfants communs.
Depuis des décennies on assiste
en France, comme dans de nombreux pays, à un
rétrécissement vers la famille conjugale.
Ce resser
rement est dû en grande partie aux conditions de la
vie moderne.
Mais sur
ce fond d'évolution, notre
droit offre à vrai dire l'image d'une famille aux
contours variables.
Selon les intérêts à protéger ou
les questions à régler,
il retient un cercle de famille
plus ou moins large.
Pour dépeindre ce phénomène,
un magistrat de la Cour de cassation a parlé de la « famille accordéon ».
Sociologiquement, la famille actuelle est centrée
autour du « couple », économiquement autour d'un
même budget.
Juridiquement, au sens courant du
terme, elle comprend les père et mère (ou un seul)
et leurs enfants légitimes, naturels ou adoptifs ainsi
que les parents et alliés jusqu'à un degré variable
selon les cas.
L'évolution du droit de la famille
Depuis 1964, plus d'une dizaine de grands textes
de loi ont profondément réformé le droit de la
famille.
Ont été révisées tour à tour les dispositions
du Code civil concernant la protection des incapa
bles mineurs (tutelle et émancipation : loi du
14 décembre 1964) et celle des incapables majeurs (loi
du 3 janvier 1968), les régimes matrimoniaux (loi
du
13 juillet 1965), l'autorité parentale et l'âge de
la majorité (lois des 4 janvier 1970 et 5 janvier
1974), la filiation (loi du 3 janvier 1972), l'adop
tion (lois des
11 juillet 1966 et 22 décembre 1976),
le divorce (loi du 11 juillet 1975), plusieurs disposi
tions relatives aux successions (loi du 3 juillet
1971) et récemment le régime de l'indivision (loi du
31 décembre 1976).
La comparaison des modèles familiaux inscrits
dans les textes du Code de 1804 et du Code actuel
permet de mesurer clairement le chemin parcouru.
(Sur l'ensemble de la question on peut lire notam
ment: Jean CARBONNIER :Flexible Droit, 3• éd.
1976, L.G.D.J.
Paris; Réformes du droit de la famille par divers auteurs, Archives de philosophie du droit, tome 20, 1975, Lib.
Sirey, Paris.)
a) Le droit de
1804 reflétait une famille tradi
tionnelle où l'institution familiale transcendait les
individus.
Les rôles étaient cristallisés en fonction
de l'âge et du sexe.
Le mari était le chef
de la famil-
le ; la femme et les enfants, juridiquement incapa
bles, lui devaient obéissance.
Il n'existait qu'une
famille légitime, fondée sur
le mariage ; les enfants
naturels étaient refoulés.
Le mariage était indisso
luble et
le divorce prohibé (du moins de 1816 à
1884).
La famille avait une fonction patrimoniale
importante ; on y conservait les biens dans les
familles afin d'en transmettre la propriété à ses
héritiers, ce qui convenait aux familles bourgeoises:
Mais, en milieu rural, une stricte égalité en nature
dans les partages n'allait pas tarder à morceler les
terres, au préjudice des exploitations agricoles.
b) En dépit
de quelques modifications (admis
sion du divorce en 1884, amélioration du sort des
enfants naturels en 1912) ce modèle sociologique et
juridique subsista dans ses caractéristiques essen
tielles jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Depuis
lors, les changements
se sont précipités, singulière
ment au cours des quinze dernières années, co~me dans la plupart des pays d'Europe.
La famille
actuelle repose sur des bases différentes.
Tout d'abord la famille est faite pour l'individu
qui aspire et à
« droit » au bonheur.
Les rapports
entre époux veulent reposer sur une plus grande
authenticité,
de sorte que sans perdre son intérêt
(notamment lorsqu'il s'agit d'établir la véritable
filiation) l'élément biologique laisse une place
croissante à l'élément affectif (légitimations de
complaisance, euphorie
de l'adoption, cf.
fasc.
12195).
Les mœurs et le droit de la famille n'étant
plus transcendés par la religion ou la morale, le mariage, la maternité et la paternité sont considé
rés comme des faits naturels et traités de façon plus
utilitaire.
On ne voit plus toujours la nécessité du
mariage, s:non pour des raisons pratiques ; le divorce s'ouvre (loi du 11 juillet 1975); le but du
mariage n'est plus seulement la procréation (chute
actuelle du taux de natalité) ;
la contraception se répand, l'avortement est devenu possible.
La loi du 17 janvier 1975 a autorisé l'interruption volontaire de grossesse dans deux cas.
D'une part, pour motif
.thérapeutique, à tout moment de la grossesse,
lorsque la poursuite de celle-ci mettrait en péril la
santé de la femme ou que l'enfant paraîtrait
atteint d'une affection grave et incurable ; d'autre
part, avant la dixième semaine de la grossesse
lorsque celle-ci place la femme dans une
« situation de détresse », cette appréciation dépendant exclusi
vement de la femme, au besoin contre l'avis de son
mari.
En second lieu, les rôles sont devenus plus flexi
bles et interchangeables, au sein
de la famille.
Les
relations d'autorité hiérarchisée ont fait place à des
relations
de réciprocité fondées sur l'égalité de l'homme et de la femme.
Le mari n'est plus le sei
gneur et maître de la famille et de la communauté ; il n'est plus que le chef de la communauté (lorsque.
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