Dissertation : En quel sens la Révolution française est-elle une révolution juridique ?
Publié le 19/10/2023
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Dissertation : En quel sens la Révolution française est-elle une révolution juridique ?
Edmund Burke, philosophe et homme politique irlandais du XVIIIe siècle, a dit “Un Etat qui n’a
pas les moyens d’effectuer des changements n’a pas les moyens de se maintenir”.
En effet,
cette citation prend tout sens dès lors que l’on sait ce que la Révolution française a apporté à
la France, notamment en matière juridique.
La Révolution française s’étend sur plus de 10 ans.
Elle commence par l’ouverture des Etats
Généraux, le 5 mai 1789 par Louis XVI, jusqu’au coup d’Etat du 18 Brumaire par Napoléon
Bonaparte (autrement dit le 9 novembre 1799).
C’est cette décennie pleine de
rebondissements qui va marquer la fin de la monarchie absolue et le début d’une entrée en
monarchie constitutionnelle, puis en République.
La Révolution française voit le jour dans un contexte particulièrement tendu.
En effet, elle
découle de nombreux problèmes d’ordre politique, social et économique.
La société d’ordre,
c’est-à-dire le tiers-état, le clergé et la noblesse, est vivement critiquée par les français.
On
parle de grandes inégalités entre les français, mais également de grands privilèges pour la
population la mieux placée, soit le clergé et particulièrement la noblesse.
De plus, la crise
touche également l’Ancien Régime ; la dette publique grandit à vue d'œil et l’économie
française est en souffrance.
En 1788, Louis XVI décide de doubler le nombre de députés du Tiers-Etat, mais cette décision
n’apaise pas les français, car les députés du Tiers-Etat demeurent minoritaires face à ceux
du clergé et de la noblesse.
C'est à la suite de cette crise généralisée que le peuple se révolte,
et que la France connaît une véritable révolution juridique.
Ainsi l’on peut se demander
comment les institutions juridiques ont évolué suite à la Révolution française.
Il s’agira dans un premier temps de démontrer que l’essoufflement de la royauté devient
créateur de nouvelles sources du droit (I).
Nous expliquerons dans un second temps comment
la codification du droit devient un instrument infaillible du légalisme (II).
I- La fin de la royauté, créatrice de nouvelles sources du droit français
Dès son commencement, la Révolution française proclame la portée universelle des idées
révolutionnaires par ses partisans, et cela notamment avec la rédaction et la mise en vigueur
de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ainsi que par l’abolition de la royauté
(A).
Elle montre également l’importance du pouvoir législatif suite à la décision de séparer les
pouvoirs en France (B).
A) La DDHC, un principe nouveau de souveraineté de la loi
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen est un texte fondamental de la Révolution
française.
Le représentant du peuple français, composé de l'Assemblée nationale, a estimé que
l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme est la seule cause du malheur public et
de la corruption du gouvernement, et a ainsi décidé d'exposer les droits naturels, inaliénables
et sacrés par une déclaration solennelle.
Celle-ci est adoptée le 26 août 1789.
Cette
déclaration est suivie, en 1793, d'une seconde déclaration, qui se distingue de la première par
la tendance plus égalitaire qui en ressort.
L'Assemblée nationale voulant établir la Constitution française sur les principes qu'elle vient
de reconnaître et de déclarer, abolit irrévocablement les institutions qui remettent en cause la
liberté et l'égalité des droits.
La Déclaration donne les bases sur lesquelles devra se construire
la France nouvelle.
Elle marque également la condamnation des pratiques existantes sous
l'Ancien Régime avant 1789.
Dans un premier temps, le principe de la souveraineté de la loi est modifié.
En effet, la
souveraineté de la loi est fondée sur la souveraineté nationale.
Deux formules résument alors
cette conception ; la première, « La loi est l’expression de la volonté générale.
Tous les
citoyens ont droit de concourir personnellement ou par le représentant à sa formation.
»
(Article 6 de la DDHC).
La seconde, la formule de l'Abbé Sieyès va également appuyer les
propos de la DDHC ; « La nation existe avant tout ; elle est à l’origine de tout.
Sa volonté est
toujours légale ; elle est la loi elle-même.
»
La loi s’impose donc à tous, elle ne peut être limitée dans un domaine restreint.
La nation, à
travers ses représentants, ne saurait voir limité son pouvoir de décision.
Avant 1789, alors
que le pouvoir était seulement entre les mains du Roi, la Déclaration des Droits de l’Homme
et du Citoyen va mettre en place une souveraineté qui appartient au peuple (par le biais de
ses représentants).
Enfin, ce perfectionnement permet d’apporter une certaine stabilité à la
loi.
Apparaît suite à ça une hiérarchie entre la loi constitutionnelle et les lois ordinaires qui ne
pourront s’opposer à l’œuvre du pouvoir seulement constituant.
Toute cette conception relève
d’un idéal qui sera considérablement tempéré.
Pour cela, nous allons voir que des nouveautés
législatives et réglementaires précises vont être adoptées.
B) Des nouveautés législatives et réglementaires pour une nouvelle répartition du
pouvoir
La loi révolutionnaire entraîne un changement rapide du régime.
Il y a cependant une
constante dans cela, en partie inspirée par Montesquieu : la notion de séparation des
pouvoirs.
Cependant, ce principe est mis en œuvre au profit exclusif du pouvoir législatif.
L’Assemblée constituante s’est donc attribuée le pouvoir législatif.
Elle refuse désormais toute
initiative en matière législative face au pouvoir exécutif.
Au sein de l’Assemblée, une chambre
seule et unique va être mise en place au profit du pouvoir législatif.
Cette dernière occupe la
principale place dans les trois Constitutions, c’est l’Assemblée législative.
Elle a des pouvoirs
importants puisqu’elle est à l’initiative des lois et elle les vote.
Le développement de la
suprématie du pouvoir législatif va ainsi entraîner une surpuissance de la loi en tant que
source du droit.
La distinction entre le pouvoir législatif et le pouvoir réglementaire était en
germe sous l’Ancien régime, mais elle prend, à partir de la Révolution française et grâce à
l’évolution constitutionnelle qui en découle, une extension considérable.
Si le pouvoir
réglementaire est rattaché à l’exécution des lois et prend source dans un texte constitutionnel,
les idées du début du XIXe siècle gardent une référence tenace.
Il y a désormais une place
dans les Constitutions françaises pour l’évolution de l’équilibre entre pouvoir législatif et
exécutif, puisque chaque texte jusqu’à la Constitution de 1958 apporte sa version précise et
particulière.
II- La codification du droit comme instrument du légalisme
Au cours du XVIIIe siècle, les juristes, à la suite des philosophes, comprennent de plus en
plus que la codification doit s’étendre sur l’ensemble du droit, afin de bâtir un nouveau système
fondé sur la raison.
Ainsi, les droits de l’Homme sont exprimés par la loi.
Il s’agit donc dans
un premier temps de démontrer l’influence majeure de la Révolution française sur la
codification du droit (A).
Dans un second temps, il s’agira d’expliquer les limites du légalisme
au sein des sources du droit (B).
A) L’influence majeure de la Révolution française....
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