Dans quelle mesure la jurisprudence peut-être une source de droit alors que la décision de justice ne s’applique qu’à l’égard des parties concernées ?
Publié le 04/12/2018
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Dans son ouvrage De l’esprit des lois (1748), Montesquieu présentait sa conception du rôle des juges qui ne devait être que “la bouche qui prononce les paroles de la loi; des êtres inanimés, qui n’en peuvent modérer ni la force ni la rigueur”. Cependant, cette conception restrictive du rôle de la jurisprudence n’a pas résisté à la pratique, puisque aujourd’hui, plus de deux cents ans après l’adoption du Code civil de 1804, le juge a acquis un rôle très étendu dans l’application de la règle de droit et même dans son adaptation à l’évolution de la société.
Pour considérer la loi et la jurisprudence comme source de droit, il est dans un premier temps nécessaire de définir ce qu’est une source de droit, on peut définir les sources de droit de manière générale comme des modes de formation des règles juridiques au sein d’une société donnée, les différentes façons dont ces règles sont établies”. Ainsi les sources de droit peuvent-être considérée comme des “lieux de productions du droit”.
La loi comme “l’ensemble des règles juridiques” s’est toujours vue considérée comme la première source créatrice de droit. Contrairement à la jurisprudence, considérée comme une source de droit controversée par une partie de la doctrine, elle possède ainsi deux sens, d’après le Vocabulaire Juridique de Cornu, la jurisprudence est d’une part l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une certaine période soit dans une période, soit dans une branche de Droit, soit dans l’ensemble du Droit” mais on peut également définir la jurisprudence comme “l’Ensemble des solutions apportées par les décisions de justice dans l’application du Droit”.
En cela, dans quelle mesure la jurisprudence peut-être une source de droit alors que la décision de justice ne s’applique qu’à l’égard des parties concernées ? Ainsi la jurisprudence et la loi sont des sources complémentaires du droit (I) cependant la jurisprudence peut être créatrice d’insécurité juridique en créant du droit au même titre que la loi (II).
I. La jurisprudence et la loi des sources de droit complémentaires
La loi et la jurisprudence sont deux sources de droit différentes, cette différence se traduit par une subordination de la jurisprudence à la loi considérée comme une source de droit subsidiaire (A), cependant la jurisprudence possède un rôle fondamental en complétant la loi à travers l\\'interprétation des juges (B).
«
B.
Le rôle de la jurisprudence dans l’enrichissement de la loi
La cour de cassation crée du droit par le mécanisme de l’interprétation, ainsi elle va être créatrice de droit.
Les décisions de justice se
présentent comme des actes d’application des règles de droit à des situations de fait.
Mais elles sont aussi productrices de règles
nouvelles dans une certaine mesure.
D’une part, le juge pour trancher un litige particulier ne trouve pas toujours dans la loi des règles claires correspondant à la situation de
fait qui lui est soumise , en effet très souvent sur telle ou telle question, la loi est imprécise ou obscure, il arrive même qu’elle ne
prévoit aucune solution.
Le juge étant dans l\'obligation de statuer d’après l’article 4 du Code civil : “Le juge qui refusera de juger, sous
prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice”.
Il est alors
amené pour prendre sa décisions à interpréter la loi, de la compléter voire de poser ex nihilo des règles, sinon il pourrait être poursuivi
pour déni de justice.
D’autre part, dans de très nombreux cas, ces règles ainsi posées à l\'occasion d’un litige particulier acquièrent une valeur en dehors du
contexte originel, pour être utilisées comme règle à l’occasion d’autre litiges semblables par les plaideurs et les juges.
Ainsi la
jurisprudence acquièrent un phénomène d’autorité, la décision étant reprise alors même que les autres juridictions n’y sont pas
contraintes.
Dès 1930, le rôle du juge évolue, les juges ont par l’interprétation crée le droit de la responsabilité objective du fait des choses: avec
l\'arrêt Jand’heur du 13 février 1930, en réinventant l’article 1384 alinéa 1 du code civil, la cour de cassation a ainsi comblé à un vide
juridique.
Avant cela il n’existait de mécanisme dans le code civil pour indemniser les victimes pour des dommages causés sans faute,
par des machines.
De plus 50 ans après l\'arrêt Jand\'heur, la loi du 5 juillet 1985 permettant l’indemnisation des victimes de la
circulation, la loi dite Badinter vint mettre en place une indemnisation automatique.
On observe ainsi que la loi et la jurisprudence se
répondent et le droit se construit entre ce dialogue.
La loi et la jurisprudence sont ainsi des sources de droit, l’évolution progressive du rôle des juges en tant créateur normatif, permet
de nuancer sa place en tant que source subsidiaire.
Les différences entre ces deux sources de droits permettent de créer une véritable
complémentarité de leurs fonctions.
Cependant le développement croissant de la jurisprudence en tant que créateur de droit peut
entraîner des conflits entre ces deux sources, la loi intervenant avant que la personne a priori, la jurisprudence intervenant a
posteriori.
II.
Le pouvoir normatif de la jurisprudence, source d’insécurité juridique
La jurisprudence en tant que source du droit pose des règles que chacun est tenu de respecter dans une situation particulière,
cependant elle pose ces règles après que l’individu est agis (A), ainsi la jurisprudence étant par nature rétroactive il convient de trouver
des remèdes contre cette insécurité juridique (B).
La jurisprudence, source de droit a posteriori
D’une part la connaissance de la jurisprudence, en effet Si “nul n’est censé ignorer la loi” la jurisprudence pose plus de problème dans
son appréhension.
En effet pourquoi connaître la jurisprudence si ces règles ne vaut qu’à l’égard des parties u litige.
Or l’importance
grandissante de la jurisprudence en tant que source du droit, ne peut plus être ignorée par les praticiens du droit, qui doivent la
connaître.
La jurisprudence de la Cour de cassation est prise comme référence, notamment lorsque celle ci rend ce qu\'on appelle un
arrêt de principe qui a pour objet de fixer une fois pour toute une réponse donnée à un problème qui se pose souvent.
Cependant cette connaissance est-elle vraiment nécessaire, si tout moment les tribunaux et plus spécialement les juridictions suprêmes
dont les décisions font plus particulièrement jurisprudence peuvent adopter une nouvelle interprétation de la loi ou prendre une
question non réglée par la loi, adopter une position différente de celle qu’ils avaient eut jusque là : c’est ce qu’on appelle un revirement
de jurisprudence..
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