C. E. 28 mai 1971, MINISTRE DE L'ÉQUIPEMENT ET DU LOGEMENT C. FÉDÉRATION DE DÉFENSE DES PERSONNES CONCERNÉES PAR LE PROJET ACTUELLEMENT DÉNOMMÉ «VILLENOUVELLE EST», Rec. 409, concl. Braibant.
Publié le 01/10/2022
Extrait du document
«
En 1966 le gouvernement décida une « expérience d'urbanisme
» à Lille : en vue tout à la fois de « sortir l'enseignement
supérieur du centre · ville où il éclate » et de « réintégrèr les
étudiants dans la ville» en édifiant, à l'occasion d'un programme
universitaire, un ensemble urbain nouveau, il adopta
un projet de création, à l'est de Lille, d'un complexe universitaire
destiné à accueillir plus de trente mille étudiants et d'une
ville nouvelle de vingt à vingt-cinq mille habitants.
Le projet,
qui affectait cinq cents hectares et dont le coût était évalué à un
milliard de francs, comportait l'expropriation et la démolition
de deux cent cinquante maisons d'habitation dont certaines
venaient d'être achevées en vertu de permis de construire
délivrés l'année précédente.
Devant les vives protestations que
souleva cette intention des services de l'équipement de démolir
des logements modestes édifiés récemment avec leur accord,
l'administration -modifia son projet de manière à ramener à
quatre-vingt-huit le nombre des habitations à démolir; elle
écarta en revanche la solution que lui avait proposée une
association de défense et qui consistait, en vue d'épargner
encore quatre-vingt immeubles supplémentaires, à déplacer
l'axe routier nord-sud prévu dans le projet.
L'opération ayant
été finalement déclarée d'utilité publique par un arrêté.
du
ministre de l'équipement et du logement en date du 3 avril
1968, l'association de défense déféra cet arrêté à la censure du
juge de l'excès de pouvoir.
A côté de plusieurs autres moyens
'de procédure et de fond, l'association soutenait que la destruction
d'une centaine de logements, qu'un tracé différent de
l'autoroute aurait permis d'éviter, constituait un prix trop élevé
pour l'opération projetée : celle-ci était dès lors, selon la
fédération de défense, dépourvue d'utilité publique et l'arrêté
du 3 avril 1968 devait être annulé.
l.
- Ce n'est évidemment pas la première fois que se
trouvait posé devant le Conseil d'État le problème du contrôle
du juge de -l'excès de pouvoir sur l'utilité publique d'une
opération d'expropriation.
Traditionnellement le juge administratif
vérifiait si l'opération correspondait en elle-même à un
but d'utilité publique mais refusait d'examiner le contenu
concret du projet et, notamment, le choix des parcelles à
exproprier.
Ainsi, par exemple, à l'occasion d'une expropriation
en vue de la construction d'une autoroute, le juge se
bornait à vérifier si la construction d'une autoroute était en
elle-même - et indépendamment des caractères propres 'du
projet en cause - d'utilité publique, mais, cela fait, refusait
d'examiner le choix du tracé retenu par l'administration (C.
E.
30 juin 1961, Groupement de défense des riverains de la route de
l'intérieur, Rec.
452; D.
1961.663, concl.
Kahn, note Josse;
A.
J.
1961.646, concl.
Kahn).
De même, une fois constaté que
la création d'un aérodrome était en soi « une opération pouva!l
t être légalement déclarée d'utilité publique »,.
le Conseil
d'Etat refusait d'en apprécier l'opportunité et relevait que « les
circonstances, alléguées par les requérants, que l'opération
poursuivie par la commune de l' Aigle ne serait pas suffisamment
justifiée par les besoins de la population tant au.
regard
du transport aérien qu'au regard de la pratique des sports
aéronautiques et excéderait les moyens financiers de la commune
ne sauraient être utilement invoquées devant le juge de
l'excès de pouvoir» (C.
E.
13 mai 1964, Malby et Bedouet,
A.
J.
1965.35, note Laporte)..
»
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Liens utiles
- C. E. 28 mai 1954, BAREL, Rec. 308 concl. Letourneur
- C.E. 13 juill. 1956, SECRÉTAIRE D'ÉTAT A LA RECONSTRUCTION ET AU LOGEMENT c. PIETON-GUIBOUT et OFFICE PUBLIC D'HABITATION A LOYERS MODÉRÉS DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE, Rec. 338, concl. Chardeau
- C.E. 5 mai 1976, SOCIÉTÉ D'AMÉNAGEMENT FONCIER. ET D'ÉTABLISSEMENT RURAL D'AUVERGNE ET MINISTRE DE L'AGRICULTURE C. BERNETTE, Rec. 232
- POLICE - LIBERTÉ DE RÉUNION: C. E. 19 mai 1933, BENJAMIN, Rec. 541 (S. 1934.3.1, concl. Michel, note Mestre; D. 1933.3.354, concl. Michel)
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