Arret - Tribunal Judiciaire de LAVAL
Publié le 26/09/2023
Extrait du document
«
Maître Frédéric Janvier
29-31 Allée du vieux Saint-Louis
53000 LAVAL
Tribunal Judiciaire de LAVAL
Place Saint-Tugal
53000 LAVAL
N°RG : 23/00010
N/Réf :
Monsieur Patrick ROULAND
c/
S.A.S WALOR EXTRUSION en la personne de son représentant
légal
CONCLUSIONS PRES LE TRIBUNAL JUDICIAIRE DE LAVAL
POUR
Monsieur Patrick ROULAND, 19 résidence de Bel Air 53100 MAYENNE
Ayant pour avocat :
Maître Frédéric JANVIER, avocat au barreau de LAVAL ;
Défendeurs
CONTRE
S.A.S WALOR EXTRUSION en la personne de son représentant légal
Demanderesse
FAITS ET PROCEDURE
Mr ROULAND est salarié de la société Walor Extrusion en qualité de technicien
depuis 2004.
Bien que certains écarts de comportements lui ont été reprochés au
cours de sa carrière, ils n’ont donnés lieu qu’à un rappel à l’ordre en 2010 et à un
avertissement en 2013.
Pièce adverse N°2 : Contrat de travail de Mr ROULAND du 30 aout 2004
Pièce adverse N°4 : Rappel à l’ordre du 8 janvier 2010
Pièce adverse N°5 : Avertissement du 27 mai 2013
Mr ROULAND s’est vu reconnaître la qualité de travailleur handicapé en 2022.
Pièce adverse N°6 : Notification de RQTH de la CDAPH
Les 16 et 17 janvier 2023, Mr ROULAND fût la cause de plusieurs incidents au
travail.
Son attitude véhémente a alors entraîné sa mise à pied le 7 février.
De tout cela découle ensuite une alerte du médecin du travail par la société au
sujet de l’aptitude de Mr ROULAND à son poste.
A l’issue de 2 mois de visites
médicales, Mr ROULAND fût finalement déclaré apte.
Pièce adverse N°8 : Mail du manager de Mr ROULAND du 27 janvier 2023
Pièce adverse N°1 : Avis d’aptitude du 27 mars 2023
La société Walor Extrusion conteste alors cet avis au Conseil de Prud’hommes.
DISCUSSION
I/ SUR L’IRRECEVABILITE DES DEMANDES
L’article L.4624-4 du CT dispose que « le médecin du travail qui constate
qu'aucune mesure d'aménagement, d'adaptation ou de transformation du poste
de travail occupé n'est possible et que l'état de santé du travailleur justifie
un changement de poste déclare le travailleur inapte à son poste de travail ».
Or en l’espèce, pour son âge, Mr ROULAND est motivé et en forme, il « respecte
les règles de sécurité » selon son dernier entretien individuel qui date du 24
janvier 2023.
Il a même suivi une formation il y a deux ans afin d’apprendre un
nouveau logiciel et il le maîtrise, toujours selon son entretien.
Il forme également
des opérateurs.
Mr ROULAND s’investit pleinement, voulant même en faire plus,
proposant ses services afin d’utiliser de nouveaux logiciels.
Pièce N°1 : Entretien individuel du 24 janvier 2023
Mr ROULAND est lucide sur sa situation et, bien que son comportement puisse
déborder de temps en temps, il ne représente pas un risque pour la sécurité
de l’entreprise ou pour sa propre santé.
L’article L.4624-7 du CT dispose que « Le médecin du travail peut
proposer, par écrit et après échange avec le salarié et l'employeur, des mesures
individuelles d'aménagement, d'adaptation ou de transformation du poste de
travail ou des mesures d'aménagement du temps de travail justifiées par des
considérations relatives notamment à l'âge ou à l'état de santé physique et
mental du travailleur ».
En l’espèce, le médecin est donc compétent pour proposer de baisser les
impératifs de rentabilité et de diminuer le stress auquel Mr ROULAND est
exposé.
L’employeur doit faire un effort d’interprétation de l’avis afin de mettre
en œuvre des mesures concrètes pour améliorer la situation.
Pièce adverse N° 1 : Avis d’aptitude du 27 mars 2023
Le ministre du travail, dans un Question-Réponse du 26-10-2020 énonce
que « sont exclues du champ d’application de l’article L.
4624-7, les
contestations :
sur le déroulé de la procédure d’aptitude ou inaptitude (vices de procédure) ;
sans lien avec l’état de santé du salarié (impossibilité matérielle, coût
économique …) »
En l’espèce, les contestations sur la procédure et l’attitude du salarié ne
devrait pas justifier une inaptitude.
La contestation ne doit porter que sur l’état
de santé du salarié.
La Cour de cassation, dans un avis du 17 mars 2021, énonce que « la
contestation dont peut être saisi le Conseil de prud’hommes doit porter sur
l’avis du médecin du travail et non la procédure d’inaptitude ».
La Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, dans un arrêt de 2020, énonce que
« la contestation ne doit porter que sur l’état de santé et sa compatibilité au
poste de travail tels qu’ils se trouvaient au temps de l’avis médical contesté »
(CA Aix-en-Provence, 30 octobre 2020, n°18/09999).
L’avis du médecin du travail ne peut être contesté au titre d’un nonrespect des formalités de la procédure qu’aurait dû suivre le médecin du travail.
Notamment l’absence d’étude de poste après avoir échangé avec le salarié et
l'employeur.
En l’espèce, la contestation de la société Walor Extrusion n’est ainsi
pas valide en ce qu’elle critique la forme de l’avis d’aptitude.
Cette
contestation ne porte pas sur l’état de santé de Mr ROULAND.
II/ SUR L’ATTITUDE DU SALARIE
Réaction disproportionnée, comportement à revoir.
Mais la qualité de son travail
n’a pas à être remise en cause, lui qui a toujours fait preuve d’efficience et
d’efficacité, exécutant toujours les tâches demandées depuis presque 20 ans.
10
ans d’écart entre les comportements problématiques, sans rien à redire
depuis le 27 mai 2013.
Pièce adverse N°5 : Avertissement du 27 mai 2013
Dans l’entretien professionnel du 24 janvier 2023 (soit 1 semaine après le
dernier incident), on parle alors « d’un écart de comportement notable », ce
qui semble léger pour justifier une inaptitude au travail.
Le salarié est critiqué pour 88 retards mais ces retards n’ont jamais été
sanctionnés, ce qui montre que la hiérarchie n’y portait pas tellement
d’importance.
Une sorte de déclic a eu lieu et maintenant cela constitue
l’argument principal pour le déclarer inapte.
Des retards ne sont en rien des
arguments pour justifier une inaptitude physique à effectuer le travail, le salarié
allait même jusqu’à travailler plus tard le soir.
La mise à pied suffisait amplement, et l’employeur n’a pas pris le temps
d’observer son effet sur le comportement de Mr ROULAND avant de demander un
avis d’inaptitude.
Pièce adverse N°7 : Mise à pied disciplinaire du 7 février 2023
Sanction en 2013, convocation à un entretien en 2015, ces dates sont trop
lointaines pour être réellement utiles afin de démontrer....
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